Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Élections québécoises 2012

Voter Québec solidaire, c'est voter pour une véritable transformation sociale !

L’enjeu de ces élections, ce n’est pas de chasser Charest pour le remplacer par un autre parti politique, le Parti Québécois ou la Coalition Avenir Québec, prêt à assumer la même commande de la classe dominante. C’est de renforcer la cohésion et la cohérence de l’ensemble des forces qui mènent une lutte concrète contre cette offensive néolibérale.

L’enjeu de ces élections

Dans la préparation des élections qui viennent, comme il l’a fait dans sa lutte contre la jeunesse du Québec, Jean Charest cherche à manipuler la population. Il multiplie les annonces. Il devient généreux avec les régions qu’il cible. Il parle de chaos engendré par l’élection de ses adversaires. Il essaie de présenter la CAQ de Legault comme souverainiste. Tout est affaire de posture, de positionnement, de calculs... Et si cela ne suffit pas, il n’hésitera pas à construire un climat de crise et de se présenter contre le défenseur de l’ordre établi... Le personnage est odieux. La clique qui s’agglutine autour ne lui n’est guère ragoûtante.

Mais ses politiques de privatisation du secteur public, de tarification des services, de restriction des droits démocratiques, de répression et de criminalisation des mouvements sociaux ne relèvent pas d’une particularité personnelle ou partisane. Ce sont les politiques qui sont mises de l’avant par l’ensemble des gouvernements occidentaux. Leur logique relève de l’offensive néolibérale menée par l’oligarchie régnante, le 1 % qui veut faire payer la crise de leur système à la majorité de la population.

La principale opposition au Québec est dans la rue. Elle se retrouve aujourd’hui dans la jeunesse étudiante en lutte pour la gratuité scolaire, pour une autre éducation, pour un autre projet de société que le projet défendu par les partis dominants et qui appelle à la grève sociale pour bloquer l’offensive des néolibéraux.

Le véritable enjeu de ces élections, c’est de contribuer à renforcer la voix et la mobilisation de ceux et celles qui refusent... le type de société que nous impose l’oligarchie régnante. C’est ce défi que veut, sur la scène électorale, relever Québec solidaire.

Voter pour le Parti libéral du Québec ou le Parti québécois, c’est leur envoyer le message qu’ils peuvent continuer à se faire les instruments de l’oligarchie sans qui ne leur en coûte rien... C’est leur dire qu’ils peuvent compter sur l’oubli de leurs politiques, qu’ils peuvent continuer de cacher les politiques qu’ils mèneront une fois au pouvoir derrière les promesses démagogiques mises de l’avant durant les campagnes électorales

Le sort du PQ, sa capacité d’engranger les défaites en 2003, en 2007 et en 2008, il le doit et ne le devra qu’à lui-même et à ses politiques refusant de protéger le bien commun quand il était au pouvoir, à sa volonté d’empêcher la reconnaissance des différentes expressions politiques de la société québécoise. Ce parti a toujours refusé, et plus encore aujourd’hui qu’hier, à opérer une réforme du mode de scrutin.

Voter Québec solidaire, c’est assumer le devoir de mémoire afin de ne pas être condamné à revivre les déceptions d’hier. Car ce que le Parti libéral fait aujourd’hui, « le Parti québécois l’a déjà fait : lois spéciales antidémocratiques, bâillons à l’assemblée nationale, hausse des droits de scolarité, coupures dans les programmes sociaux, réduction du pouvoir des syndicats, introduction du privé en santé, réforme de l’aide sociale, réduction des impôts aux plus riches, réduction de l’impôt aux entreprises, généreuses subventions au Québec inc... »

Québec solidaire refuse que les richesses naturelles du Québec soient pillées et pose les conditions essentielles pour redevenir véritablement maîtres chez nous !

Le plan Nord de Charest est un plan de pillage des richesses du Québec, financé par l’argent public tout en refusant d’imposer aux entreprises une quelconque contrainte au niveau de la transformation des matières premières. Le Parti libéral de Jean Charest, c’est le parti du free mining, du pillage des entreprises minières et forestières, de l’exploitation du gaz de schiste dans la vallée du St-Laurent. Sa seule préoccupation, c’est d’en construire l’acceptabilité sociale.

Mais on se souvient que c’est le PQ qui a baissé le niveau des redevances dans le secteur minier, qui a permis le saccage des forêts du Québec, les coupes à blanc dénoncées par Desjardins dans L’erreur boréale. On se souvient que l’Hydro-Québec, sous la gouverne du PQ, a complètement marginalisé la filière de l’économie d’énergie... ou la gestion intégrée et polyvalente de la forêt malgré que c’était la priorité... avancée et soulignée dans les programmes de 1994 et de 1996 du Parti québécois. C’est exactement l’inverse que les gouvernements Bouchard et Landry Charest ont fait. Et on sait que malgré le vernis vert du programme de 2011, le PQ parle encore de deux côtés de la bouche et laisse ouverte l’exploitation du pétrole dans le St-Laurent pourvu que cela se fasse de façon sécuritaire et que cela paye ! Un autre renoncement annoncé et programmé cette fois !

Pour Québec solidaire, il faut se réapproprier nos richesses naturelles, les nationaliser ou en prendre le contrôle majoritaire. Pour Québec solidaire, le passage aux énergies propres et renouvelables est une option claire. Sa détermination repose sur les liens qu’il a su tisser avec la mouvance qui livre aujourd’hui ses combats.

Québec solidaire propose une éducation au service du développement des personnes et de la collectivité québécoise et refuse l’assujettissement de l’éducation à l’entreprise privée

La mobilisation de la jeunesse étudiante contre la hausse a été un combat de nature historique... qui ne se limitait pas seulement au refus de cette hausse. La force de ce mouvement, son caractère massif et démocratique a ouvert un débat essentiel sur l’avenir de la société québécoise, y compris sur ses institutions démocratiques et sur l’éducation... La lutte de Québec solidaire s’inscrit dans l’espérance portée par le combat étudiant.

C’est l’assujettissement de l’éducation, sa nature, son sens comme bien collectif ou simple investissement individuel qui est en jeu... La hausse des frais de scolarité s’inscrit dans une éducation centrée sur la notion de capital humain, sur la soumission aux besoins des entreprises, sur l’orientation de génération entière à partir de la rentabilité ou non d’un endettement particulier pour poursuivre des formations déterminées... Et on ne peut manquer de dénoncer les conceptions élitistes du PLQ qui fait une place aux écoles privées... avec l’argent public. À ce niveau, la CAQ reprend les mêmes propos.

Mais on n’oublie pas non plus que le Parti québécois a contribué à mettre en place un modèle néolibéral. Le PQ a choisi de chevaucher le mouvement de la jeunesse scolarisé sans reprendre véritablement à son compte les revendications du mouvement : le gel et encore moins la gratuité. Sa proposition laisse ouverte la possibilité d’une nouvelle hausse selon des modalités à déterminer et tout cela malgré, l’ampleur du mouvement. Pourquoi ? En fait, les gouvernements péquistes (1994-2003) ont jeté les bases d’une éducation néolibérale. Ils ont appliqué toutes les réformes pilotées par l’OCDE : priorité à l’employabilité, soutien au secteur privé d’éducation, refus de la gratuité scolaire, curriculum centré sur les compétences, obsession de l’évaluation, économie du savoir qui débouche sur une pure instrumentalisation utilitariste de l’éducation. On se souvient que les conclusions des États généraux sur l’éducation ont été balayées par Pauline Marois au profit d’une conception néolibérale de l’éducation.

Choisir entre l’aplaventrisme devant l’État fédéral ou renforcement aléatoire des pouvoirs de la province de Québec n’est pas un choix véritable pour des indépendantistes

Le fédéralisme arrogant du PLQ va à l’encontre de toute aspiration nationale du peuple du Québec. Le PLQ de Jean Charest est devenu le parti du statu quo et de l’aplaventrisme. Ce gouvernement en fait la démonstration tous les jours. Il est inutile de s’étendre là-dessus. La CAQ prétend se débarrasser des aspirations nationales du Québec et de se préoccuper que des problèmes d’intendance présentés comme les seules questions importantes. Ce mépris est de la même eau que celui de Charest pour le Québec.

Mais la gouvernance souverainiste, c’est l’acceptation d’une absence de perspective clairement définie dans la lutte pour l’indépendance du Québec. Le programme péquiste abandonne la lutte pour la souveraineté. Il tient un discours approximatif et contradictoire pour laisser à un éventuel gouvernement péquiste le pouvoir d’agir en toute liberté. En fait, malgré la rhétorique de Pauline Marois, sa stratégie exclut l’intervention populaire pour un temps indéterminé et va permettre que se consolide une couche de gestionnaires provincialistes qui ne voudront plus remettre en question leurs privilèges. Sur le terrain national, la direction péquiste a offert aux indépendantistes, non pas une stratégie, mais un gadget, un comité de mise à jour des études sur la souveraineté, qui va se réunir mensuellement d’ici les élections et une possibilité de référendum d’initiative populaire... qui sera tellement encadrée qu’elle ne pourra servir que de hochet pour des souverainistes naïfs.

Pour Québec solidaire , l’indépendance sera le résultat d’intervention du peuple. Dès son premier mandat, Québec solidaire enclenchera un processus de l’élection d’une assemblée constituante et de la tenue d’un référendum pour se prononcer sur ses résultats.

Québec solidaire soutient que seul le peuple du Québec peut définir ses institutions et son statut politique. Pour faire la souveraineté, QS privilégie donc l’élection d’une assemblée constituante citoyenne. Cette assemblée aura pour mandat d’organiser une large consultation publique et de rédiger un projet de constitution québécoise qui sera soumis à un référendum. De plus, le peuple québécois ne pouvant refuser aux autres peuples ce qu’il exige pour lui-même, la souveraineté du Québec se fera en partenariat étroit et en collaboration avec les Nations autochtones.

Il faut finir de jouer dans le même scénario de la politique du moindre mal où il faudrait faire confiance à un parti dont on refuse d’apprendre qu’il fait le contraire de ce qu’il promet. Il faut voter pour un parti qui articule son action et son projet aux forces qui veulent la transformation du Québec dans le sens d’une société véritable égalitaire,solidaire et indépendante, et ce parti, c’est Québec solidaire. C’est là le seul vote stratégique possible capable de contribuer à redéfinir véritablementle champ politique.

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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