Édition du 26 mars 2024

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Le blogue de Pierre Beaudet du 14 août

À la défense des gros (et des maigres)

La consternante performance de Pauline Marois est une de grandes surprises de la campagne électorale à date. Comment expliquer une déclaration aussi écervelée que celle qu’elle a commis contre ceux « qui ne montrent pas le bon exemple » ? Et en plus, elle s’enfonce dans le trou en prétendant qu’elle ne visait pas Gaétan Barrette et son problème d’obésité. C’est pathétique.

Tout le monde qui a un peu de tête sur les épaules sait que les dysfonctionnements liés à l’alimentation ou à de mauvaises habitudes ne relèvent pas principalement de la mauvaise ou de la bonne volonté des individus. Des centaines d’études médicales et sociologiques littéralement ont démontré les liens entre l’obésité et, soit des causes génétiques, soit des causes culturelles et sociales.

Aux États-Unis dans le pays de la malbouffe par excellence, les taux d’obésité, d’anorexie et d’autres comportements à risque atteignent des sommets. Cela ne prend pas un génie pour comprendre que cette situation découle d’un absurde système où les entreprises sont prêtes à tout pour vendre et commercialiser leurs produits dommageables à la santé sans contrainte ni entrave. Est-ce normal pour une société qui prône la santé que les enfants puissent acheter le coca-cola dans les écoles ? Qui a décidé de mettre des quantités invraisemblables de sucre ou de sel dans les aliments qu’on consomme à tous les jours sachant très bien que cette surconsommation conduit à plusieurs maladies graves ?

Notre environnement québécois n’a rien à envier avec les États-Unis avec la publicité envahissante qui vend la malbouffe à toute heure et en tout lieu, ou au contraire, qui inspire aux jeunes filles des comportements aberrants conduisant à se sous-alimenter. Malheureusement pour Madame Marois et pour nous tous, ainsi est notre société basée sur l’individualisme possessif qui produit des humains obsédés par la consommation à tous les niveaux, pas seulement pour la bouffe (on pourrait parler par exemple des grosses maisons).

Au lieu de blâmer nos concitoyens et concitoyennes qui mangent trop ou pas assez, qui fument, qui prennent un verre de trop, qui ne font pas d’exercices et qui ne prennent pas soin de leur santé, il faut regarder les causes systémiques et s’adresser à celles-ci par des législations appropriées (interdisant les pratiques commerciales qui provoquent diverses pathologies par exemple), sans compter un sérieux travail d’éducation qui doit commencer dès la petite enfance et qui doit être régi par nos écoles et institutions publiques.

Est-ce qu’une personne qui aspire à être Première Ministre au nom d’un parti qui de surcroît se prétend moderne et progressiste ne devrait pas savoir cela ? C’est indigne d’une femme qui a travaillé fort toute sa vie, mais qui révèle par cette « bourde » son manque de crédibilité et plus encore son incapacité à représenter les aspirations de la population.

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