Édition du 23 avril 2024

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Tutelle de l’ACDI ou comment saborder l’aide au développement

Tutelle de l’ACDI ou comment saborder l’aide au développement.La poussière du dépôt du dernier budget fédéral était à peine retombée que les inquiétudes et les supputations au sujet de l’avenir de l’aide canadienne au développement allaient bon train.

Avec la fusion, ou plutôt la mise en tutelle, de l’Agence canadienne de développement internationale (ACDI) par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, assistons-nous, en direct, au sabordage de l’aide publique au développement (APD) au Canada ?

À la lumière des orientations prises en la matière depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs, je crois que la question mérite d’être posée. Déjà qu’avec les coupes passées et annoncées, le Canada était devenu méconnaissable sur la scène internationale. En effet, on sait qu’en 2015, le pays n’accordera plus que 0,24 % de son revenu national à l’aide au développement, donc c’est très en deçà de l’objectif de 0,7 %. Dire que le Canada a déjà été un chef de file en financement de l’APD !

Une aide publique subordonnée aux orientations des conservateurs

Je me questionne aussi sérieusement sur le bien-fondé de la nouvelle philosophie qui guide désormais les politiques de l’ACDI touchant le développement international.

Elles sont de plus en plus marquées par les impératifs de la politique étrangère et commerciale du Canada et cherchent à associer davantage le secteur privé, en particulier les entreprises minières, au développement international. Mais pourquoi privilégier le développement de ces lucratives entreprises ? L’APD devrait-elle servir en priorité à mousser la croissance économique du Canada ?

Cette nouvelle façon de faire pousse l’ACDI à nouer des liaisons dangereuses lorsqu’on connaît le bilan désastreux de certaines entreprises canadiennes en matière de respect des droits de la personne et de l’environnement.

Une telle vision du développement s’éloigne définitivement de celle fondée sur la coopération, la solidarité et la reconnaissance des droits que partagent l’ensemble des organisations syndicales québécoises.

Il est malheureux de constater que l’ACDI est devenue étroitement intégrée à la stratégie de développement économique du gouvernement canadien. La lutte à la pauvreté, l’égalité, le respect de l’environnement, la justice, la paix sont devenus les parents pauvres de la politique canadienne de développement international.

La fusion de l’ACDI avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international cristallise cette volonté de contrôler politiquement l’APD et de la soumettre aux impératifs de la politique étrangère du gouvernement conservateur. Le Canada continuera d’effriter le peu de crédibilité qu’il lui reste…

La création d’une agence québécoise de solidarité internationale : un dossier à suivre

Je crois donc que dans ce contexte, l’annonce de la création par le gouvernement Marois d’une agence québécoise de solidarité internationale devra être examinée avec tout le sérieux nécessaire.

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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