Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec

Rassemblement souverainiste pour un Québec inclusif

Cette assemblée animée par Alexandre Leduc, candidat de QS dans Hochelaga-Maisonneuve, avait pour panélistes Françoise David, ainsi que Asmaa Ibnouzahir, membre de la Collective des féministes musulmanes du Québec ainsi que Michel Seymour , philosophe, professeur à l’Université de Montréal et signataire du Manifeste pour un Québec inclusif. Environ 200 personnes ont assisté à cette assemblée publique fort instructive qui avait lieu au Cegep Maisonneuve. Nous reproduisons ici une partie des présentations et du débat.

D’entrée de jeu Françoise David a expliqué la nature du projet de loi déposé par Québec solidaire qui se veut inclusif et rassembleur. Elle a poursuivi en disant que faire une campagne électorale sur ce thème c’est la plus mauvaise façon de faire avancer le débat. Surtout lorsque l’objectif visé est d’aller chercher des votes. Elle ajouté que si chaque parti politique accepte de mettre de l’eau dans son vin, on est capables d’avoir une Charte de la laïcité probablement avant les fêtes. Ça prend la volonté politique de tout le monde, de tous mes collègues, mais il est temps d’avancer vers un projet rassembleur .Pour l’essentiel, tout a été dit, on se répète dangereusement et il risque d’y avoir encore plus de dérapages indésirables si on n’avance pas.

On ne doit pas négliger la dimension de la question nationale, mais il ne faut pas remplacer l’idée d’un pays par une charte des valeurs.

Michel Seymour a quant à lui fait un retour en arrière à partir de la crise des accommodements. Il explique que cela correspond à la crise identitaire du Québec mais avec une fausse perception de la volonté d’intégration des immigrants. Les commissaires avaient mis de côté la question nationale alors que c’est au cœur de la question. Le rapport Bouchard-Taylor a été perçu comme un rapport qui va dans un sens seulement. Il a dit oui au pluralisme mais il aurait aussi du inclure l’identité nationale québécoise.

Les minorités internes doivent être reconnues, par exemple les autochtones. Cela va aussi pour le peuple québécois qui est une minorité au Canada. Le particularisme identitaire du peuple québécois doit s’affirmer, mais la charte catholique-laïcité du PQ n’est pas neutre. Les signes ostentatoires qui conviennes aux Chrétiens, par exemple porter une croix en épinglette, sont acceptés mais pas ceux des autres. Il veut raviver la question identitaire, le eux contre le nous.

Asmaa Ibnouzahir a quant à elle indiqué qu’il y avait un grand déficit par rapport aux droits accordés aux femmes :" Elles ont été écartées pendant des siècles du domaine du savoir religieux. Des femmes musulmanes à travers le monde refusent ces injustices faites au nom de l’islam. De ce fait elle sont souvent considérées comme des vendues à l’occident. Nous réfutons également l’idée d’un model universel et unique normalisé selon une conception occidentale de comment être une femme émancipée. Ce désir d’imposition de modèle unique était présent même dans le temps des colonisations européennes, française et anglaise en particulier, puisque même des mouvements de féministes occidentales qui cautionnaient la colonisation au nom de la nécessité de libérer les femmes indigènes des mains des hommes indigènes."

Elle salue donc les efforts qui ont été fait par Québec solidaire pour ce projet de Charte et qui ont au moins le mérite de tenter de prendre en considération les avis des experts et d’écouter les associations.

Cependant, elle n’est pas d’accord avec la position de QS à l’effet d’imposer le retrait des signes religieux aux agents de l’État en position d’autorité ou de coercition. Le nom du juge pourrait tout aussi bien donner des raisons à la personne arrêtée de douter de l’intégrité du magistrat qui s’appellerait Mohamed par exemple. Elle considère que l’apparence n’est que superficielle.

Jean Dorion pose des questions pertinentes

Lors de la période de questions et débats Jean Dorion militant de longue date pour l’indépendance du Québec et ancien président général de la Société St-Jean-Baptiste a pris la parole en ces termes :
"J’ai milité des dizaines d’années dans le mouvement indépendantiste, en particulier dans le Parti Québécois,... je veux féliciter Québec solidaire pour ce projet que je trouve extraordinaire où je retrouve d’ailleurs à peu près toutes les idées qu’il y a dans mon ouvrage sur le même sujet et je pense qu’avec ça Québec solidaire sauve l’honneur du mouvement indépendantiste , j’ai honte de ce qui se passe au Québec en ce moment".

Alexandre Leduc a conclu en disant on ne construit pas un pays sur la peur, dans une période de crise économique le terreau est fertile pour la droite qui tente de jouer la classe ouvrière contre les nouveaux ouvriers venus d’ailleurs. Avant on avait les radios poubelles, Maintenant j’ai été horrifié de voir que le ministre Drainville a joué ce rôle en disant qu’il y avait une islamisation à Montréal et qu’il fallait étendre la couverture de la Charte aux professeurs et aux CPE parce qu’il fallait protéger nos enfants. Un ministre qui a un certain sens de l’État ne brandit pas ce genre de spectre pour gagner des votes. Heureusement qu’on a Françoise et Amir à l’Assemblée nationale et qu’on aura bientôt d’autres députés pour ramener un peu le sens de l’État.

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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