Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

L’art du compromis...compromis

Comme conseiller syndical et dans ma famille, je dois régulièrement négocier. Tout le monde négocie tous les jours. Négocier, c’est l’art d’amener plusieurs parties à ce que chacune perde un peu pour que tout le monde gagne un peu. Négocier, c’est l’art de trouver un compromis.
Si on ne choisit pas la négociation pour résoudre un conflit, on choisit inévitablement la confrontation. On crée alors un gagnant et un perdant. Le Québec a toujours été un endroit où la négociation était préférée à la confrontation.

Au printemps 2012, le gouvernement Charest a choqué beaucoup de gens en décidant de mater les étudiants plutôt que s’asseoir avec eux et trouver un compromis. Devant cette fermeture, les étudiants pouvaient abandonner et perdre ou continuer le conflit. La poursuite de leur lutte a fait perdre à Jean Charest son pari pour avoir choisi l’intransigeance.

Les électeurs l’ont expulsé du pouvoir (et de son siège de député de Sherbrooke) pour le remplacer par un gouvernement du Parti Québécois qui avait promis d’être « à l’écoute de la population ». Pourtant, en 18 mois, le gouvernement Marois n’a pas été à la hauteur de cette promesse.
D’abord, dans le dossier de la Charte. Alors qu’un compromis aurait été assez facilement atteignable puisque le seul point de litige était l’interdiction des signes religieux, le PQ a complètement refusé d’assouplir son projet. Au contraire, ils ont durci leur position en voulant élargir la portée de leur charte au secteur privé, en annonçant vouloir financer le replacement des fonctionnaires réfractaires et en disant vouloir congédier les médecins réfractaires.

Certains chroniqueurs disent que Pierre-Karl Péladeau, député péquiste de St-Jérôme et habitué de la confrontation, aurait été derrière le projet de charte. Si c’est le cas, ça expliquerait peut-être le refus du PQ de négocier.
Ensuite, lorsque le budget Marceau a été déposé, les trois partis d’opposition ont annoncé qu’ils allaient voter contre. Le gouvernement Marois, plutôt que de s’asseoir avec les autres partis et de négocier pour trouver un budget de compromis qui aurait pu être adopté, a décidé de déclencher des élections générales.

Par les résultats du 7 avril, les électeurs du Québec ont servi au gouvernement Marois la même leçon qu’au gouvernement Charest : quand on choisit la confrontation plutôt que la négociation, on crée un gagnant et un perdant… et on peut finir par être le perdant.

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