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Haïti - Les 10 ans de la Minustah, un échec, selon le « Pati kan pèp la »

Les 10 ans (1er juin 2004 -1er juin 2014) de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) constituent un véritable échec, souligne le porte-parole du Pati kan pèp la (Parti politique du camp du peuple), Camille Chalmers, lors d’une conférence à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse, le mercredi 28 mai 2014.

Il n’existe aucune avancée significative concernant la stabilité et la sécurité, pendant les 10 ans de la Minustah, critique Chalmers à l’occasion de l’anniversaire du déploiement de la force onusienne en Haïti.

Cette force onusienne a été établie dans le pays le 1er juin 2004 par une résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Elle a succédé à une force multinationale intérimaire, autorisée en février 2004 par le dit Conseil, après le départ de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide.

De 2004 à 2014, la quantité de drogue circulant sur le territoire haïtien a grimpé, malgré la présence de la force onusienne qui constitue une violation de la Constitution haïtienne, dénonce-t-il.

La Minustah n’a pas contribué à réduire les violations des droits humains. Au contraire, elle les a aggravées. En témoignent les nombreux actes de viols des casques bleus sur les jeunes, l’apparition du kidnapping et du choléra, avance le dirigeant politique.

Des soldats de la force onusienne sont responsables de l’introduction du vibrio cholerae en Haïti, révèlent différentes enquêtes scientifiques.

Cette force n’a rien fait pour combattre le choléra, tandis que l’argent disponible pour la maladie, pour l’année 2014, ne permettrait d’accompagner que 9 % de la population infectée, fait savoir le pati kan pèp la.

Depuis son apparition en octobre 2010, la maladie du choléra a déjà fait plus de 8 000 mille morts et de 700 000 mille personnes infectées.

C’est finalement en mai 2014 qu’est créé un Comité de haut niveau - par le premier ministre Laurent Lamothe et le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon - pour l’élimination du choléra. Ce comité a tenu, le mardi 27 mai 2014, sa première réunion à Port-au-Prince.

Le Pati kan pèp la appelle à la réparation et à l’indemnisation pour les familles des victimes du choléra.

Par ailleurs, les élections de 2010 à 2011, contrôlées et manipulées par l’extérieur, ont été les pires depuis celles réalisées en 1990, critique le Pati kan pèp la.

Ces élections, réalisées sous la présidence de René Garcia Préval et ayant permis l’accession du candidat Joseph Michel Martelly à la tête du pays, ont accusé un très faible taux de participation de l’électorat haïtien, soit 17 %, déplore-t-il.

La majorité de la population haïtienne rejette la présence de la force onusienne, qui constitue une continuité de l’occupation américaine de 1915, avec les mêmes mécanismes de contrôle et de mise sous tutelle déguisée d’Haïti.

La force onusienne occupe tous les espaces stratégiques du pays et contrôle aussi les classes politiques pour continuer sa domination, condamne le Pati kan pèp la, soulignant le mépris affiché par la Minustah face au sénat qui a exigé son départ à maintes reprises.

La chambre haute avait pris, en vain, une résolution fixant le départ de la mission onusienne au 28 mai 2014.

Guerre civile, génocide et crimes contre l’humanité constituent les trois éléments qui ont été mis en avant par l’Organisation des Nations-Unies (Onu), en référence à sa charte, pour justifier l’intervention de cette force étrangère dans le pays.

Pourtant, « cette situation n’existait pas réellement dans notre réalité, en 2003, et au lendemain du départ de l’ex-président Jean Bertrand Aristide en 2004 », considère le Pati kan pèp la.

Il y a eu un détournement de l’esprit et de la lettre de la charte de l’Onu, en faveur de l’occupation militaire d’Haïti par la Minustah, d’après Charlmers qui rappelle que l’argent de cette force s’élève, chaque année, de 600 à 700 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui).

Le Pati kan pèp là encourage toutes les forces progressistes à lutter pour le départ de la Minustah, une force qui ne respecte pas la souveraineté nationale devant être basée, selon cette organisation politique, sur des intérêts stratégiques du pays.

Des organisations nationales et internationales, des organismes de défense des droits humains, parlementaires, citoyennes et citoyens continuent d’exiger le retrait de la Minustah.

Régulièrement, le premier ministre Laurent Sealvador Lamothe n’a aucune gêne à inviter des membres de la Minustah à participer aux réunions du Conseil supérieur de la police nationale (Cspn).

Ce qui traduit, aux yeux d’observateurs politiques, une autre facette de l’occupation d’Haïti par la force onusienne.

Pourtant, l’Onu ne fait que scruter cinq options possibles pour la reconfiguration de la force onusienne, après 2016.

Elle compte, à présent, moins de 6 000 casques bleus et 2 500 policiers en Haïti. [emb kft rc apr 29/05/2014 1:20]

P-au-P, 29 mai 2014 [AlterPresse]

Voir en ligne : http://www.alterpresse.org/spip.php?article16510#.U5HX_9dDuxW

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