Édition du 23 avril 2024

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Québec

Discours prononcé à Québec par Sébastien Bouchard pour la fête nationale des Québécoises et des Québécois de 2014

Pour un Québec juste, vert et indépendant

Bonjour, mon nom est Sébastien Bouchard. Je suis indépendantiste depuis mon plus jeune âge et je m’implique dans la gauche indépendantiste depuis 1994. J’ai été co-porte-parole régional de Québec solidaire et candidat dans J-Lesage. J’aimerais vous partager ma vision de l’indépendance.

Un projet ancré dans l’histoire

 Notre projet d’indépendance s’inscrit dans l’histoire de notre nation.

 Cette nation c’est un projet en constante évolution, au fils des générations et des nouveaux arrivants, aux fils des luttes sociales et nationales un projet qui se transforme et qui transforme notre identité et notre vie.
 C’est une nation rebelle, qui s’impose en français en Amérique,
 Une nation encore dominée mais toujours insoumise,
- de la révolution républicaine des Patriotes, à la Révolution tranquille jusqu’au printemps québécois du mouvement étudiant et des casseroles citoyennes.
 Une nation de paysans puis d’ouvrières,
- d’étudiantes, de retraitéEs et de travailleurs.

 Une nation syndicale, féministe et écologiste, coopérative et communautaire qui n’a pas eu peur de commencer à nationaliser les ressources qui nous appartiennent.
 D’une nation pacifiste, qui depuis plus de 100 ans se soulève contre les guerres des Empires, des émeutes de la conscription ici à Québec en 1918 jusqu’aux mobilisations massives contre la guerre en Irak.
 Une nation métisse et inclusive, un croisement de Français et d’Autochtones, d’Irlandaises, de Juifs et d’Italiennes, de Chiliens, d’Arabes et de Vietnamiennes, d’immigrantes et immigrantes d’Europe, d’Amérique, d’Afrique et d’Asie, vivants en français tout au long du St-Laurent.

C’EST POUR CETTE NATION QUE JE VEUX, AVEC VOUS, ENFIN EXISTER, ENFIN CRÉER UN PAYS ET FAIRE L’INDÉPENDANCE.

Ce projet a des ennemis 
 
 Ce fut l’empire britannique, puis la fédération assimilatrice canadienne : c’est le grand capital anglais, puis canadien, états-unien et québécois 
 C’est aussi la complicité de ceux et celles qui veulent depuis la Conquête
Nous enfermer dans une vision ethnique et réactionnaire, canadienne-française et catholique, où le seul espoir de survivance se fonde sur le repli sur soi, la peur de la différence et la conscription du ventre des femmes pour repeupler le pays.
 C’est aussi ceux et celles qui dénigrent notre culture et nos artistes pour mieux glorifier la culture commerciale états-unienne. Vous reconnaîtrez ici les radios-poubelles qui sévissent à Québec : qui nous parlent de culture québécoise, pour bien souligner que les immigrants ne sont pas comme nous ; qui, la phrase suivante, dénigrent l’indépendance puis se réfugient dans le patriotisme urbain antimontréalais. Et ils terminent en soulignant la réussite de ceux qui ont réussi et devant qui on devrait s’incliner, en premier lieu, les Albertains et leur développement pétrolier, et leur Premier Ministre, Stephen Harper.

 Notre projet de pays a des ennemis mais a-ussi des alliéEs.

Et il en faudra, car face à la puissance de l’argent, la seule façon de gagner, ce sera par la force du nombre, par la mobilisation organisée de millions de personnes qui, dès maintenant, et au moment ultime, seront prêtes et prêts à se solidariser pour mettre au monde un nouveau pay.

Nos allié-e-s, ce sont :

 Des femmes et des hommes qui construisent notre identité et notre culture,
notre économie et nos services publics.
 Des organisations, syndicales, étudiantes, communautaires, coopératives, citoyennes et politiques.
 C’est aussi l’État québécois et notre droit de réglementer, d’investir et de nationaliser les organisations qui souhaitent nous déstabiliser

La situation actuelle nous place devant plusieurs défis :

Un premier défi de l’inclusion des personnes issues de l’immigration

 C’est une question de survie démographique, une nécessité pour une victoire référendaire, et, une question fondamentalement démocratique.

 À ce sujet, il faudra minimalement

 Lutter pour une définition inclusive de la nation québécoise
 Améliorer les services de francisation, incluant dans le réseau scolaire et aussi dans les entreprises
 Améliorer l’intégration des personnes immigrantes, entre autres, par la reconnaissance de leurs diplômes
 Et enfin, il faudra lutter contre le racisme et la discrimination dans le discours et dans les pratiques. Cette francisation dans les entreprises et cette intégration sans discrimination dans le monde du travail impliquent un plus grand contrôle de notre économie.

 Et c’est dans le cadre d’un projet national inclusif, qui lutte concrètement pour l’inclusion de tous et de toutes que nous pourrons, sincèrement, bâtir un projet de nation où tous et toutes se sentiront partie prenante.

Je manquerai ici de temps pour développer sur :

le défi que représente la question autochtone et le nécessaire dialogue, de peuple à peuple, que notre présence sur ce territoire impose.

Un deuxième défi est de faire le lien entre la justice sociale et la question nationale.

Les différents gouvernements québécois et canadiens imposent des politiques néolibérales depuis maintenant des décennies. La crise économique mondiale démontre la nécessité de changer d’orientation, mais ce qui est toujours au programme, c’est l’austérité.
Coupures en santé pour les malades, en éducation pour nos enfants, dans la lutte à la pauvreté, en culture et en environnement.

La majorité de la population est perdante, alors que seule une minorité profite de la cause de ces coupures : les baisses d’impôts des plus riches et des entreprises, et les paradis fiscaux. Cet argent, générateur de déficit public, ne s’est pas transformé en investissements privé, mais principalement en liquidités et en placement spéculatif (fusions, rachats d’actions, placements spéculatifs).

Les budgets québécois de janvier et de juin derniers sont en continuité avec les orientations fédérales et le prochain budget devrait être pire.

À cela s’ajoutent des attaques pour dévaliser les fonds de pension des employé-e-s municipaux au Québec et les coupures fédérales à l’assurance-emploi

Sans oublier l’Accord de libre-échange Canada-Europe, qui sacrifie le fromage du Québec au profit du bœuf de l’Ouest.

Des ripostes sont à prévoir et il faudra aider à leur construction. Les forces opposées à l’indépendance du Québec, du grand patronat aux médias-poubelles, dénonceront ces mobilisations. De notre côté, il nous faudra y participer démontrer comment l’indépendance du Québec est incontournable pour aller au bout de notre projet d’un Québec libre et juste.

Un troisième défi porte sur la nécessité, pour le Québec, d’un projet économique et écologique, qui nous oppose à l’État et aux entreprises canadiennes

 Le Québec est la nation, en Amérique du Nord, qui a le plus grand potentiel de virage écologique de son économie
 Nous avons un potentiel énorme en énergie verte (éolien, géothermique…)
 Nous avons une expertise en conception de transport en commun de rang mondial
Et ce virage créera beaucoup plus d’emplois et réduira notre dépendance aux importations
Les ennemis de ce projet sont les entreprises pétrolières et automobiles, leur principal porte-parole, Stephen Harper, ainsi que leurs complices au Québec. C’est leurs projets d’oléoducs des sables bitumineux, de gaz et de pétrole de schiste, de pétrole off-shore, leurs projets de croissance continue des autoroutes et des stationnements

Et dans la région de Québec, cet enjeu prend un aspect particulier. Nous sommes ici comme en terre colonisée avec le Port de Québec, l’aéroport de Neuville, les TCE à Shannon, l’oléoduc à Portneuf et Lévis, le fédéral menace notre santé et notre environnement.

La construction d’une économie écologique devient donc un enjeu de libération nationale incontournable.

IL FAUT ENFIN REPRENDRE LE CONTRÔLE DE NOTRE ÉCONOMIE ET DE NOTRE TERRITOIRE

Pour faire des avancées durables, sur les questions sociales, économiques, et écologiques, pour la création d’un Québec libre et inclusif, il faudra enfin faire avancer notre réflexion sur le mode d’accès à l’indépendance. Il nous faut faire un bilan critique des anciennes stratégies.

Pour Québec solidaire, après une montée des luttes sociales et nationale, c’est la création d’une assemblée constituante qui permettra de mobiliser massivement la population pour définir démocratiquement le pays que nous voulons.

 Ce sera un moyen de rassembler les forces sociales nécessaires pour bâtir un projet qui rassemble la majorité,
 mais aussi qui permette une mobilisation qui fera contrepoids aux forces qui tenteront de rejeter une victoire référendaire pour le oui.

Merci à vous, ensemble, nous l’aurons l’indépendance du Québec

Vive un Québec juste et vert, vive le Québec libre

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