Édition du 16 avril 2024

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Éducation

Les grands besoins de l'école montréalaise

En ces premiers jours de l’année scolaire, j’aimerais souhaiter aux quelque 110 000 élèves de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), à leurs parents ainsi qu’à tous mes collègues enseignants et aux membres du personnel une bonne rentrée 2014-2015.

L’auteure est présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal.

Une année qui débute sous le signe de l’austérité financière frôlant le seuil critique. Le nouveau gouvernement libéral de Philippe Couillard avait pourtant promis que la santé et l’éducation seraient épargnées des efforts budgétaires pour réduire le déficit. Malheureusement, le budget de l’éducation sera amputé de plus de 160 millions de dollars cette année, ce qui porte à près de 800 millions de dollars les compressions des dernières années. Pendant ce temps, l’école privée compte toujours sur plus de 500 millions de dollars de financement public annuellement.

Pourtant, les besoins n’ont jamais été si grands. Le parc immobilier de la CSDM est le plus vétuste du Québec. Au moins six écoles primaires sont fermées à cause de la moisissure, dont certaines depuis trois ans, et autant nécessiteront des rénovations majeures pour en améliorer la qualité de l’air. Un peu plus de 80 édifices montrent un niveau de vétusté très avancé. De plus, au moins une trentaine d’autres écoles manquent cruellement d’espace à la suite d’une hausse d’inscription de 10 000 élèves au cours des dernières années. Plusieurs édifices devront faire l’objet d’agrandissement si l’on veut assurer la sécurité des élèves et du personnel ainsi qu’offrir des conditions décentes d’apprentissage et d’enseignement.

Pas de coupes dans les services aux élèves ?

Le ministre de l’Éducation Yves Bolduc ne cesse de répéter à qui veut l’entendre que les restrictions budgétaires n’affecteront pas les services aux élèves. Pourtant, des élèves et du personnel doivent parcourir plusieurs kilomètres pour se rendre dans des installations de fortune parce que leur école est fermée à cause de la moisissure ; d’autres doivent s’entasser dans les classes ou n’ont plus de locaux pour l’enseignement de l’anglais, des arts dramatiques ou de l’éducation physique ; des écoles doivent sacrifier des ressources parce que les budgets du programme de soutien à l’école montréalaise ou de l’Opération solidarité diminuent alors que les besoins augmentent. Que sont ces réalités, sinon des exemples de diminution des services ?

Ce sont donc des services aux élèves qui sont touchés. Selon les directions d’école et les enseignants qui ont mené la cueillette des besoins le printemps dernier, ce sont plus de 200 postes à temps plein en services directs aux élèves en difficulté qu’il faudrait ajouter à la CSDM. Ces demandes de postes ne seront pas comblées, mais pires encore, d’autres ont été supprimés. Au prix de nombreux efforts et de recherche de solutions, la CSDM affirme qu’elle n’a pas le choix de couper dans les services aux élèves. Malgré tout, elle projette un déficit de quelque 30 millions de dollars, qu’elle devra résorber dans les prochaines années en plus de devoir rénover et agrandir une partie importante de son parc immobilier pour combler des besoins de base.

Rénover l’école montréalaise

Le gouvernement Couillard devra faire autre chose que de la rhétorique pour que l’éducation soit considérée comme une priorité. L’école montréalaise a besoin d’être rénovée. La CSDM compte le plus grand nombre d’élèves en difficulté, d’élèves allophones, de familles à faible revenu ainsi qu’un des plus hauts taux de décrochage scolaire au Québec. De plus, son parc immobilier ne répond plus aux besoins, tant en matière de vétusté qu’en matière d’espace pour accueillir les nouveaux élèves ou de salubrité pour éviter que les élèves et le personnel tombent malades, victimes de la mauvaise qualité de l’air.

Ce gouvernement s’est fait élire en promettant de s’occuper des vraies affaires. Il me semble que dans ce contexte les conditions d’apprentissage et la rénovation de l’école publique montréalaise sont de vraies affaires.

Nous devrons toutes et tous, parents, élèves, membres du personnel, citoyennes et citoyens, faire cause commune pour s’assurer que le gouvernement alloue les budgets nécessaires afin que les Montréalaises et Montréalais aient le droit à une école publique de qualité, pouvant compter sur des équipements adéquats et un personnel suffisant pour relever le défi de la persévérance scolaire.

Chers élèves, chers parents, soyez assurés que les enseignantes et enseignants de Montréal, malgré toutes ces embûches, feront tout en leur pouvoir pour vous mener à la réussite éducative.

Catherine Renaud

Présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal

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