Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Question nationale

Course à la chefferie du PQ

La consécration d’un état de fait

Sans bilan ni analyse de ce qui a causé le pire score électoral du PQ depuis sa fondation, la course à la chefferie ne pourra que conduire à la recherche d’un sauveur. D’ailleurs peut-il en être autrement ? L’histoire du PQ est parsemée d’une succession de promesses et d’opérations de séduction souverainistes et sociales lorsqu’il est dans l’opposition pour mieux revenir aux politiques néolibérales lorsqu’il est au pouvoir.

La course à la chefferie est donc une occasion de claironner l’appel au renouveau. Après avoir divisé la population québécoise et provoqué un ressentiment xénophobe envers les communautés culturelles et particulièrement maghrébines, rendant toute possibilité de référendum gagnant impossible sous sa gouverne, le PQ ose encore ressortir le drapeau de la souveraineté.

Le chef intérimaire Stéphane Bédard a en effet annoncé que son parti préparait un plan de promotion de la souveraineté : « Une initiative visant la promotion de la souveraineté sera rendue publique « dans les prochains jours » par l’aile parlementaire du Parti québécois, a indiqué M. Bédard, en point de presse, à la fin du caucus du 30 août dernier.

L’élection d’un nouveau chef sera donc l’occasion de démontrer que le PQ est encore le chauffeur qui peut conduire le véhicule vers la souveraineté. Malgré l’impossibilité pour le PQ de gagner cette bataille, ce sera la toile de fond qui servira de maquillage et derrière laquelle se dessinera les stratégies du PQ jusqu’aux prochaines élections. Dans cette optique Pierre Karl Péladeau risque d’apparaître comme leur candidat de choix.

Certains diront que son élection provoquera une reconfiguration du parti. Mais cela traduit plutôt un état de fait. Péladeau est déjà en place et la vision du PQ telle qu’elle s’est exprimée dans les périodes où il était au pouvoir a été celui d’un Québec au service des grandes entreprises. Au service des pétrolières, avec l’exploitation du pétrole de schiste dans l’Ile d’Anticosti et le golf du St-Laurent, ainsi que l’autorisation sans examen du BAPE du transport du pétrole des sables bitumineux de l’Alberta. Il a été celui du renouveau du plan nord de Jean Charest, des concessions aux compagnies minières et forestières. Il a encore été récemment avec le budget Marseau le promoteur du déficit zéro au détriment des services à la population et des emplois.

La seule chose qui distingue le PQ est son étiquette souverainiste. Dans les faits ses politiques se sont rapprochées de celles de la CAQ dans le but de courtiser ses électeurs. Pas seulement sur le plan économique mais également sur le plan idéologique comme l’a démontré la campagne identitaire empruntée à Mario Dumont lors de la commission Bouchard-Taylor. Sur le plan économique, les politiques du PQ ne sont pas très différentes non plus de celles du Parti libéral. Les coupures dans les services publics, la privatisation, le libre-échange en sont quelques exemples.

Ce parti n’a donc pas le choix de conserver son étiquette souverainiste, sinon la similitude deviendrait trop apparente. Cependant les perspectives réelles sont minces et le chemin tortueux. Le nouveau président de l’aile jeunesse Léo Bureau-Blouin a bien tenté d’insuffler un certain renouveau avec l’idée des primaires, mais il a été rabroué par son propre exécutif qui a voté à majorité contre son option. Dans un congrès où un tel amendement nécessite les deux tiers des voix cette option n’a maintenant plus aucune chance.

Mais la mémoire est une faculté qui oublie, et c’est probablement ce sur quoi compte le PQ qui a quatre années devant lui pour se refaire un nouveau visage et tenter de profiter encore une fois du ressentiment envers les Libéraux. L’histoire se répète.

Québec solidaire a donc une opportunité réelle dans la prochaine période, le contrôle populaire et la mobilisation pour la justice sociale comme voie d’accès à la souveraineté sont des axes rassembleurs qui seuls ont des chances de pouvoir réussir.

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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