Édition du 16 avril 2024

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États-Unis

Etats-Unis. La résistance de Ferguson continue de résonner

Plus de 350 personnes ont défilé à Boston le 25 octobre en solidarité avec Mike Brown, l’adolescent non armé tué par la police dans Ferguson, Missouri, en août [voir article à ce sujet sur notre site, sous l’onglet : Amériques, Etats-Unis]. Cela fait partie d’une semaine nationale d’action appelée par les militant·e·s de la ville d’origine de Mike Brown. La manifestation a révélé comment les événements de Ferguson continuent d’allumer un feu chez les jeunes sur les campus et dans les quartiers populaires à travers tout le pays.

LaShawn Holloway, étudiante du Simmons College, participait à sa première manifestation et a distribué des tracts à la foule rassemblée dans les Boston Public Garden. Elle nous a parlé et indiqué ce qui l’avait conduit à se joindre à cette action. « En tant que femme noire, je l’ai vécu le racisme. Beaucoup d’autres membres de la famille et des amis se sont affrontés au racisme, et donc quelque chose doit être fait. »

Rose Levy a dit que ses motivations pour venir étaient : « On est ici parce qu’il en va de la vie ou de la mort, et il [Mike Brown] est mort, pour certaines personnes, en raison de la couleur de leur peau et parce qu’il était dans la rue ».

Les expériences vécues de racisme par les personnes et la violence de la police ainsi que leur indignation face à ces injustices en cours n’ont pas toujours été suffisantes dans le passé pour soutenir un mouvement. Les manifestations continues comme la résistance à Ferguson ont donné à beaucoup de gens une confiance croissante pour s’organiser et protester à Boston, le samedi 25 octobre 2014.

Rebecca Hornstean a grandi à Minneapolis-Saint-Paul (les Twin Cities) et connaît bien la violence de la police. Le cousin de son ami a été abattu de sept balles derrière la tête par la police : « Il a été poursuivi dans un sous-sol, et il était sans armes » dit-elle. « Vous savez, ce fut la même histoire, il s’accrochait à leurs armes, selon la police. Alors pourquoi lui ont-ils tiré derrière la tête. »

Horstean et ses amis avaient essayé d’organiser et de faire qu’une enquête soit conduite, mais tout « cela a finalement tourné court » … « Donc voir que quelque chose de différent arrive et que l’élan est maintenu, et constater que les personnes posent des questions plus importantes – voir tout ce type de mouvement de se former autour de ces thèmes, je pense que c’est vraiment incroyable. »

Les manifestant·e·s chantent « Pas de justice, pas de paix ». Et le slogan « Hands up, ne tirez pas » a explosé dans Newbury Street que les deux colonnes de manifestant·e·s serpentaient entre les acheteurs et les touristes sous le choc. De temps en temps un spectateur a levé le pouce ou fait un signe de tête , signe de soutien à la protestation. Le quartier commerçant haut de gamme est devenu, pour un après-midi, l’incubateur pour une nouvelle génération de militants anti-racistes.

Les étudiants forment une bonne partie des manifestant·e·s ; la mobilisation touche des dizaines de collèges et d’universités de la région. Dans certains cas, ce fut la passivité des institutions et leur manque de réponse aux préoccupations des étudiant·e·s de couleur qui les ont poussés à agir le samedi après-midi.

Après Newbury Street, les manifestant·e·s ont brièvement occupé Massachusetts Avenue. Les bus et les voitures se sont arrêtés devant les manifestants ont lancé : « La vie des Noirs nous importe » se sont répartis sur la voie publique très fréquentée.

Black Lives Matter-Boston (BLM-B), une organisation ad hoc a stimulé l’action de la journée, à bien des égards elle exprime le regain croissant d’une confiance parmi les militants anti-racistes à Boston. BLM-B formée lorsque les mobilisations de Ferguson prenaient leur essor maximum, des animateurs comme Daunasia Yancey, a expliqué comment elle s’est engagée dans ce mouvement :

« Je passais beaucoup de nuits sur Twitter jusqu’à trois heures, en regardant les gaz lacrymogènes de la police, l’arrestation et les attaques contre des manifestants pacifiques. Et je me trouvais assis, ici [à Boston], me demandant ce que je pouvais faire. Et lorsque l’appel Black Lives Matter est parti, il n’y avait aucune raison pour que n’y soit pas allée ».

Je mets donc l’appel sur mon réseau personnel et les gens m’ont contactée. Ils m’ont envoyé des messages : « Hey, il y a beaucoup d’entre nous qui étions jusqu’à trois heures sur Twitter, en essayant de trouver ce qu’il faut faire. » « Nous avons donc juste mis un groupe de gens ensemble, nous avons recueilli de l’argent très vite, et nous sommes allés là-bas. Nous sommes revenus, et puis nous sommes allés à nouveau. »

Le groupe développe déjà une organisation et une tactique. Pour l’action de samedi, ils ont mené une campagne sur médias sociaux « invitant les gens à réfléchir à la façon, si la police ne sert pas et ne protège pas nos communautés, quels sont les moyens de passer outre, d’aller au-delà de cette attente » explique Yancey.

Ils ont aussi commencé à établir des liens avec les luttes contre le racisme au-delà de Ferguson. Pour l’action de samedi, ils ont conçu des pancartes imprimées pour d’autres victimes de la violence de la police : Rekia Boyd à Chicago et Burrell « Bo » Ramsey-Blanc à Boston.

Yancey dit que BLM-B doit avoir des plans « pour s’insérer plus dans la communauté et offrir une aide » aux victimes de la brutalité policière. Mais à la suite du rapport de l’American Civil Liberties Union sur Stop&Frisk à Boston, ils participent également à Boston Coalition for Police Accountability.

« Je pense que cela pourrait donner des racines puissantes pour mouvement », a déclaré Levy. « Dans le sens d’une reconnaissance que ce qui se passe ne relève pas d’un incident, mais est structurel. »

« Et nous devons nous battre collectivement », a ajouté Hornstean. « Au lieu de simplement essayer de gagner simplement ce que nous pouvons obtenir de suite. Il y a une sorte de prise de conscience de ce qui se passe, plus largement. »

Cette confiance renforcée et le sens de la solidarité étaient clairs parmi les manifestant·e·s. Comme la marche se terminait près de Symphony Hall, les organisateurs ont demandé à chacun de se donner la main et de faire entendre leur voix. Les gens de toutes races, réunis pour un après-midi, d’une seule voix, ont chanté sur Christian Science Plaza : « Il est de notre devoir de nous battre pour notre liberté, il est de notre devoir de gagner, nous devons nous aimer et nous soutenir les uns les autres, nous n’avons rien à perdre si ce n’est nos chaînes ». (Traduction A l’Encontre ; article publié sur le site de l’ISO en date du 30 octobre 2014).

Chris Morale

Collaborateur au site À l’encontre.

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