Édition du 23 avril 2024

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Le blogue de Louise Chabot

Menteur menteur !

Le dernier torchon de l’Institut Fraser nous « apprend » que les personnes salariées du secteur public auraient un avantage salarial de 10,8 % par rapport à celles du secteur privé. En pleine négociation salariale avec le Conseil du trésor, c’est un cadeau inespéré pour le gouvernement. C’est tellement arrangé avec le gars des vues que l’Institut Fraser mériterait un Oscar !

Une étude inutile

L’étude de l’Institut Fraser manque de rigueur et ne servira qu’à brouiller les cartes et à alimenter certains préjugés. Quelle est la lacune principale ? Eh bien, l’étude mêle tout le monde et finit par comparer des pommes avec des oranges.

Du côté du public, elle amalgame les personnes salariées du gouvernement fédéral, des municipalités et des sociétés d’État, les cadres et les médecins, aux employées et employés du secteur public provincial ! Cela cause une importante distorsion de la réalité. Une très récente étude de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) montrait que les personnes salariées de la fonction publique fédérale, municipale et des sociétés d’État étaient mieux rémunérées que leurs vis-à-vis du gouvernement du Québec.

Du côté du privé, on met dans le même panier les employées et employés de Tim Hortons, de groupes communautaires et de plus grandes corporations. Encore une fois, cela vient fausser le portrait de la réalité salariale du secteur privé.

Choisir ses chiffres

Pourquoi l’Institut Fraser n’a-t-il pas poussé son analyse un peu plus loin afin d’avoir un portrait réel et cohérent de la situation salariale des employées et employés du secteur public québécois ? Dans son rapport de recherche, l’Institut prétend que l’enquête sur la population active (EPA) ne permet pas d’identifier ce genre de données.

Pourtant, l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) a réussi à le faire pour une étude publiée en mai 2014. Un stagiaire de notre service de recherche a également réussi cet exploit.

De deux choses l’une : ou bien notre stagiaire mérite amplement ses lauriers pour avoir réussi à faire quelque chose que les économistes « chevronnés » de l’Institut Fraser n’ont pas pu faire, ou bien les chercheurs de cet institut de droite n’ont tout simplement pas pris le temps de le faire, par paresse ou à dessein. Ce ne serait pas la première fois que leur idéologie prime sur leur méthodologie.

À la déchiqueteuse

Quand on trafique des données pour brouiller le débat public on ne mérite pas le titre de chercheur. Je ne peux qu’espérer que cette recherche aboutisse là où elle mérite d’être : dans la déchiqueteuse.

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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