Édition du 26 mars 2024

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Environnement

Pourquoi il faut combattre Monsanto : fiche pratique

Semences OGM, Round-up, hormone de croissance bovine, PCB, aspartame, agent orange... Le point commun entre tous les mots de cette liste toxique ? Monsanto... Voici une fiche pratique pour savoir ce qui se cache derrière cette firme américaine aux beaux discours.

(tiré de bioaddict.fr)

Monsanto est la firme emblématique de la saga de l’agrochimie mondiale. Elle se présente aujourd’hui comme une entreprise des " sciences de la vie " convertie aux vertus du développement durable... Dans un communiqué paru en juin 2014, elle explique même qu’elle "aide les agriculteurs à relever les défis de l’agriculture durable, pour produire une alimentation abondante, saine et bon marché, tout en préservant les ressources naturelles".

Pour tout ceux qui croient à ce beau discours, voici une petite fiche pratique pour mieux connaître cette entreprise. Libre à vous ensuite de vous faire votre propre opinion...

Ce qu’il faut savoir sur Monsanto

Monsanto est un empire industriel, qui, à grand renfort de rapports mensongers, de pressions et tentatives de corruption, est devenu l’un des premiers semenciers de la planète. En effet, Monsanto, qui représente le leader mondial des OGM, est aussi l’une des entreprises les plus controversées de l’histoire industrielle. En témoigne l’incroyable enquête de Marie-Monique Robin intitulée "Le monde selon Monsanto" qui "dévoile "une réalité qui fait mal aux yeux et qui serre le coeur" comme l’a commenté Nicolas Hulot.

Comment la société Monsanto est-elle devenue un des principaux empires industriels de la planète ? En inscrivant à son pedigree rien de moins que la production à grande échelle de quelques-uns des produits les plus dangereux de l’ère moderne :

les PCB : des huiles chimiques utilisées comme isolants dans les transformateurs électriques et radiateurs pendant plus de 50 ans dont Monsanto a caché la nocivité dévastatrice jusqu’à leur interdiction au début des années 80. Ces huiles ont également été largement utilisés comme lubrifiants dans les turbines et les pompes, dans la formation des huiles de coupe pour le traitement du métal, les soudures, les adhésifs, les peintures et les papiers autocopiants sans carbone.

la dioxyne, dont quelques grammes seulement suffisent à empoisonner une grande ville, développée à partir d’un herbicide de la firme, lequel sera à la base du tristement célèbre agent orange, le défoliant déversé sur les forêts et les villages vietnamiens (ce qui permettra à Monsanto de décrocher au Pentagone le plus gros contrat de son histoire). Sa fabrication a été interdite alors même que Monsanto a savamment nié la toxicité de ce produit en présentant des études scientifiques truquées ;

les hormones de croissance laitière et bovine - premier banc d’essai des OGM -, dont l’objectif est de faire produire l’animal au-delà de ses capacités naturelles malgré les conséquences avérées sur sa santé et la santé humaine ;

le désherbant Roundup, vendu prêt à l’emploi aux agriculteurs et jardiniers amateurs et présenté à longueur d’écrans publicitaires comme biodégradable et favorable à l’environnement. Monsanto a ensuire été condamné pour publicité mensongère. Plusieurs études scientifiques ont montré la toxicité de ce produit, notamment l’étude du professeur Gilles Eric Séralini de l’université de Caen, qui a révélé que le produit avait un caractère cancérigène sur des rats en ayant consommé pendant 2 ans. En plus de développer les cancers, le Roundup est notamment accusé d’être à l’origine de troubles de la reproduction. De plus, il est également toxique pour les animaux, les eaux et les sols dont il détruit les micro-organismes.

l’aspartame (le "faux sucre")  : Marie-Monique Robin, dans son enquête intitulée "Notre poison quotidien", a révélé les conditions scandaleuses dans lesquelles l’aspartame a été mis sur le marché aux Etats-Unis en 1981 : une étude de toxicité médiocre, des mensonges éhontés, la pression de l’administration Reagan pour autoriser cet édulcorant produit par la firme Searle, alors dirigée par... l’ami républicain Donald Rumsfeld ! C’est en 1985 que Monsanto fait l’acquisition de GD Searle. Aujourd’hui, alors que l’aspartame est présent dans au moins 6000 produits (nom de code E951), plusieurs études révèlent ses effets néfastes sur la santé, et notamment sur les femmes enceintes.

les OGM  : La communauté scientifique est très partagée sur les effets de la transgenèse et les retours d’expérience sur les ogm cultivés n’apportent la preuve ni de leur innocuité pour la santé et l’environnement ni de leur capacité à intensifier la production alimentaire pour vaincre la faim. Un scientifique a notamment osé affronter Monsanto dans un procès très médiatisé : le Pr Séralini. Il a en effet publié en septembre 2012 une étude sur les OGM dans une revue scientifique de référence " Food and Chemical Toxicology ", composée d’un Comité de lecture, et qui montrait clairement que les rats soumis à une alimentation à base d’OGM développaient beaucoup plus de tumeurs que des rats témoins. De plus, l’utilisation de semences hybrides représente un danger pour la biodiversité, en rendant la terre stérile et les agriculteurs dépendants des produits chimiques.

le brevetage du vivant : Monsanto a toujours avoué que la manipulation génétique était un moyen d’obtenir des brevets et droits de propriété sur les graines, c’est cela son vrai objectif. En contrôlant les semences, la firme peut contrôler la nourriture mondiale. Sur des prétextes d’amélioration de la rentabilité et de la qualité des récoltes, Monsanto a réussi au fil des années à imposer ses OGM et un incroyable processus d’asservissement des producteurs grâce au système des brevets. Et dés qu’un brevet est déposé, il signifie "royalties" et donc augmentation des prix... Après avoir longtemps laissé les paysans de nombreux pays utiliser leurs semences génétiquement modifiées, la firme attaque désormais en justice ceux qui réutilisent ses semences sans avoir payé les royalties, même ceux dont les champs ont été contaminés par pollinisation. Monsanto a ainsi attendu qu’ils en soient dépendants avant de les contraindre à payer de plus en plus cher pour utiliser ses produits. Une stratégie de long terme, très planifiée dont l’objectif est de parvenir à une situation de monopole pour contrôler l’approvisionnement alimentaire mondiale. Car oui Monsanto veut devenir le roi du monde en devenant propriétaire du vivant. Nous dépendrons peut-être bientôt de la firme pour chaque graine que nous semons et chaque champ que nous cultivons. Une sorte de pouvoir de vie ou de mort sur l’être humain.

Et maintenant, croyez-vous toujours que Monsanto souhaite "aider les agriculteurs à relever les défis de l’agriculture durable, pour produire une alimentation abondante, saine et bon marché, tout en préservant les ressources naturelles" ?

Si vous refusez d’être mis devant le fait accompli d’une pollution génétique et chimique de notre environnement et de notre santé, et d’un avilissement des populations par le contrôle des graines de Monsanto, vous pouvez agir. Le pouvoir est dans le caddie du consommateur, ne l’oubliez jamais !

Si une société ne vend plus ses produits parce que les consommateurs n’en veulent plus, elle s’effondre. Comment agir ? En achetant des produits bio (cultivés sans produits chimiques) et sans OGM. En cultivant votre propre potager bio sans pesticides et avec des traitements naturels. Le bio n’est pas une mode. Dire oui au bio, c’est refuser l’utilisation de produits chimiques toxiques. Si vous ne le faites pas pour la planète, faites le au moins pour vous, pour vos enfants, car c’est bien votre santé qui est également en jeu... et votre liberté.

Stella Giani

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