Édition du 16 avril 2024

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Europe

Élections régionales italiennes

La « lune de miel » de Matteo Renzi et des électeurs italiens est terminée !

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« Un parti au pouvoir perd toujours les élections intermédiaires » affirment, avec ce qu’ils estiment être une grande hauteur de vue, les défenseurs des gouvernements en place, en France, en Espagne ou en Italie. Ils oublient une chose : si ces gouvernements perdent c’est parce que, tous, (à des degrés divers selon qu’ils soient de droite ou de gauche) font la politique du patronat et de la Commission européenne, aux dépens du salariat (90 % de la population active).

C’est de nouveau ce que les élections régionales italiennes permettent de vérifier. Ces élections concernaient 7 régions (sur 16) et 22 millions d’électeurs. Elles ont été marquées par une abstention massive, de 48 % à 57 % selon les régions, 12 points de moins que lors des élections régionales de 2010 ; le recul du parti au pouvoir, le Parti Démocrate ; la résistance du Mouvement cinq étoiles et la victoire de la Ligue du Nord sur Forza Italia, le parti de Sylvio Berlusconi.

Le Parti démocrate recule de 18 points

Certes, 50 millions d’électeurs avaient été appelés à se prononcer lors des européennes et 22 millions seulement lors des élections régionales de dimanche. Certes le Parti démocrate reste le premier parti du pays et il conserve la Toscane, l’Ombrie, les Marches et les Pouilles et gagne la Campanie.

Mais le vainqueur en Campanie, Vincenzo de Luca, n’est sans doute pas éligible car il est accusé de corruption et a été condamné pour abus de pouvoir dans l’attribution d’un marché public. Mais le Parti démocrate perd la Ligurie, aux dépens du parti de Forza Italia.

Surtout, le parti de Matteo Renzi, le Manuel Valls italien, qui avait obtenu 41 % des voix aux européennes de 2014 n’en obtient plus que 23 % et perd 18 points par rapport aux élections européennes de 2014.

La défaite en Ligurie devrait particulièrement inquiéter Matteo Renzi. Son candidat s’est heurté à la candidature d’un dissident de gauche du Parti démocrate, Luca Pastorino. Appuyé par la gauche radicale, il a obtenu 9,41 % des voix et Raffaele Paita, proche de Matteo Renzi n’a obtenu que 27,84 % contre 34,44 % pour le candidat de Forza Italia.

La gauche du Parti démocrate, comme de très nombreux syndicalistes ne supportent plus la politique « pro-entreprise » de Matteo Renzi et s’opposent, aussi bien à la réforme du marché du travail qu’à la réforme de l’école, que la majorité du Parti démocrate veut faire adopter par le Parlement italien.

S’il continue sa politique de concession au patronat et à la Commission européenne, Matteo Renzi pourrait connaître le même genre de mésaventure lors des prochaines échéances électorales. Il pourra toujours, à l’instar de Mariano Rajoy, sauter comme un cabri en criant « La reprise ! La reprise est là ! », il n’arrivera pas à convaincre une bonne partie des électeurs de gauche qui continueront à s’abstenir ou qui iront voter pour des « dissidents » du Parti démocrate car le chômage s’élève toujours à 13 % de la population active, et, comme en France, la « reprise » aussi aléatoire que fragile, ne profite qu’aux actionnaires.

Le Mouvement 5 étoiles n’est pas Podemos !

Le mouvement de Beppe Grillo fait de la résistance et s’il n’obtient pas les 25,5 % qu’il avait atteints lors des élections à la Chambre des députés en 2013 ou les 21,1 % des européennes de 2014, il reste la 2e force d’Italie en obtenant 18,4 % des suffrages, alors qu’il y a quelques mois bien des commentateurs politiques prédisaient son effondrement.

Le mouvement 5 étoiles n’a pas grand-chose à voir avec Podemos. Il défend un revenu minimum pour tous mais les déclarations de Beppe Grillo le situent très à droite : condamnation du coût des fonctionnaires, Rroms traités de « bombe à retardement », acceptation du soutien du groupe néofasciste « Casapound », droit du sol considéré comme une idée « complètement farfelue [1] »

Pour couronner le tout, le Mouvement 5 étoiles, après une « consultation internet » de ses membres, a rejoint le groupe parlementaire européen de Nigel Farage, le dirigeant de l’UKIP britannique, un parti de la droite de la droite.

Le vote pour le mouvement de Beppe Grillo, avec ses ambiguïtés, est un signe de la grande désorientation de l’électorat italien en même temps qu’une triste réplique du séisme provoqué par Podemos en Espagne, une semaine auparavant.
À droite, la Ligue du Nord l’emporte sur Forza Italia

Qui allait l’emporter, Matteo Salvini ou Sylvio Berlusconi ? Finalement c’est, Matteo Salvini, le leader de la Ligue du Nord, un mouvement de la droite de la droite, violemment anti-immigrés et anti-euro, allié du Front National au parlement européen, qui l’a emporté.

Forza Italia a gagné en Ligurie mais la Ligue du Nord l’a emporté en Vénitie et, au total, la Ligue obtient 12,5 % des suffrages et Forza Italia seulement 10,7 %.

Matteo Salvini devient donc le pivot de la droite italienne, une droite que, malgré cela, de nombreux médias, en France, s’obstinent à qualifier de « centre-droit » ! Avec d’aussi pertinentes analyses, Marine Le Pen sera bientôt au centre-gauche.
Notes

[1] « Beppe Grillo : un clown inquiétant » - Blog Médiapart- Marie Morissent- 23 février 2013.

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