Édition du 16 avril 2024

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Environnement

Projet Royal Nickel - Pas d'acceptabilité sociale sans revoir les normes des mines à ciel ouvert

La Coalition Québec meilleure mine dénonce l’autorisation d’une troisième méga mine à ciel ouvert en près de 5 ans au Québec (Malartic, Arnaud, Royal Nickel), alors que l’encadrement de tels projets est toujours hautement déficient. La Coalition s’inquiète notamment de l’incapacité des entreprises minières de respecter les normes en place, ainsi que des impacts sur la santé, la sécurité et l’environnement des milieux affectés.

Des normes inadaptées

Tel que le soulignent depuis plusieurs annéesde nombreux citoyens, organismes et associations de médecins, les normes actuelles ne sont pas adaptées à la réalité des impacts des méga mines à ciel ouvert. C’est ce qui ressort du Colloque sur les mines à ciel ouvert (http://www.18octobre2014.org) : la santé et l’environnement font-ils le poids ?, tenu en octobre 2014 en Abitibi-Témiscamingue, de même que des récents rapports de la Santé publique du Québec et des rapports du BAPE sur les projets de Mine Arnaud à Sept-Îles et de Royal Nickel à Launay.

« Canadian Malartic, la seule méga mine à ciel ouvert en opération au Québec, est incapable de respecter les normes en place (157 avis d’infractions) malgré les promesses faites au départ et tous les efforts mis depuis le début des opérations. Les BAPE de Mine Arnaud à Sept-Îles et de Royal Nickel à Launay prédisent également des dépassements de normes, notamment à cause de la taille de ces mines » affirme Dominique Bernier, coordonnatrice de la Coalition

Une gestion des résidus miniers risquée et désuète

La Coalition se dit également inquiète du mode gestion des résidus miniers proposé par Royal Nickel.

« C’est pratiquement le même mode de gestion des résidus miniers qui a mené au déversement catastrophique des résidus de la mine Mount Polley en 2014 : un immense parc à résidus miniers surmonté d’un gigantesque réservoir d’eau. La plupart des mines n’utilisent plus, ou tentent d’éviter cette pratique risquée » explique Ugo Lapointe, coordonnateur de Mining Watch Canada, cofondateur et coporte-parole de la Coalition.

Un projet à haut risque financier

La Coalition observe également que les investisseurs privés ne sont pas intéressés dans ce projet. Le prix de l’action, actuellement à 0,30$, a chuté de 50% depuis 1 an et de 80% depuis 5 ans.

« C’est un projet très risqué et les investisseurs ne semblent du tout intéressés d’y dépenser 3 milliards d’investissement. Il serait très étonnant, voire impossible que ce projet voit le jour à court terme. Et surtout, le gouvernement ne doit pas s’embarquer à financer un autre projet minier boiteux que même le privé ne veut pas financer », ajoute M. Lapointe.

Non respect des droits des autochtones

La Première Nation algonquine Abitibiwinni (Pikogan) n’a pas donné son accord au projet qui se situe sur un territoire ancestral revendiqué. Le gouvernement du Québec n’a toujours pas rempli son obligation de consulter et d’accommoder la communauté, qui a d’ailleurs émis, hier, un communiqué (http://www.newswire.ca/fr/story/1562283/projet-dumont-de-royal-nickel-le-quebec-a-omis-de-consulter-la-premiere-nation-abitibiwinni) pour dénoncer cette situation.

« On ne peut pas parler d’acceptabilité sociale si les droits des autochtones, de même que la protection de la santé, de la sécurité et de l’environnement des milieux affectés ne sont pas assurés. Il faut revoir l’encadrement des méga mines à ciel ouvert au Québec » conclut Henri Jacob, président de l’Action boréale de l’Abitibi-Témiscamingue, cofondateur et coporte-parole de la Coalition.

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