Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Environnement

QUÉBEC, RÉVEILLE-TOI !

La réunion annuelle du Conseil de la Fédération vient de s’achever avec l’adoption de la Stratégie canadienne de l’énergie. Cette stratégie, dont l’objectif et la démarche sont louables, « repose sur la collaboration entre les provinces et territoires pour façonner un avenir qui assurera la sécurité énergétique, contribuera à la croissance et à la prospérité économiques et fera appel à des normes environnementales et à une responsabilité sociale élevées. » [1]. Malheureusement, en amalgamant sans aucun discernement tous les types d’énergie, renouvelables ou non, elle fixe deux objectifs totalement contradictoires : lutter contre les changements climatiques et soutenir l’exploitation des hydrocarbures.

Faut-il encore une fois revenir sur la question des hydrocarbures ? Faut-il démontrer, une fois de plus, que ce secteur énergétique, si présent et puissant soit-il, est toxique, et doit se mettre en mode freinage ? Car c’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu si nous laissons s’emballer le système atmosphérique. Si le Québec semble un peu épargné depuis un an ou deux par le réchauffement, ce n’est pas le cas du reste de la planète, où les convulsions du climat causent des souffrances humaines et des perturbations économiques. Nous ne pouvons l’ignorer.

Au contraire, en tant que Québécois, nous avons en ce moment une énorme responsabilité, puisque les décisions prises aujourd’hui vont avoir de lourdes conséquences dans un horizon de quelques années seulement. On ne peut plus aujourd’hui éviter de poser la question du développement des hydrocarbures dans le contexte canadien. Tous les indicateurs sociaux, économiques et financiers, toutes les voix qui s’élèvent dans tous les secteurs, de la NOAA au FMI, de l’ONU au pape François, sont en effet unanimes : au lieu d’accroître l’offre d’hydrocarbures (qui est tout à fait suffisante à l’échelle mondiale), il est maintenant indispensable de réduire la demande de ces produits.

Et pour réduire cette demande, des décisions d’ordre politique, social, économique et technologique s’imposent, notamment dans le domaine de l’aménagement urbain et des transports.

Or la Stratégie canadienne de l’énergie vise entre autres à favoriser le développement du secteur des énergies non renouvelables pour soutenir l’économie des provinces de l’Ouest. Est-ce une bonne idée ? N’y a-t-il pas d’autres façons d’aider nos partenaires de la fédération canadienne ? (Car que nous soyons fédéralistes ou indépendantistes, nos liens resteront forts avec l’ensemble du Canada.)

J’invite le Québec à se réveiller et à prendre une position extrêmement ferme dans ce dossier : nous devons dire NON à la multiplication des oléoducs et des trains chargés de pétrole de l’Ouest. NON à une augmentation de la production de pétrole des sables bitumineux et de gaz de schiste. Il faut réorienter les décisions d’investissement et d’aide financière aux compagnies d’extraction et de transport des hydrocarbures. Les fonds publics doivent aider l’Alberta et la Saskatchewan à convertir leur économie aux ressources renouvelables. Ce que le Canada doit exporter, ce ne sont pas ses hydrocarbures, ce sont ses énergies propres et surtout son savoir-faire pour contribuer à lutter contre la catastrophe climatique qui menace tous les êtres humains.

Denise Campillo
Membre du Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec
Roxton Falls
Le 20 juillet 2015

[1] http://www.pmprovincesterritoires.ca/phocadownload/publications/fr_canadian_energy_strategy_july17_fnl.pdf

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