Je dois avouer un véritable choc en lisant ces quelques essais et en particulier le chapitre cinq « Classe, ethnicité et genre dans la Thessalonique post-ottomane » sur une grève des ouvrier-e-s du tabac en Macédoine orientale et la violence des affrontements entre grévistes juives et briseuses de grève musulmanes.
Dans son introduction l’auteure explicite l’utilisation des outils analytiques « genre », « classe » et « nation », leur entrelacement et leur indissociabilité, l’apport considérable de l’histoire des femmes et du genre. « En mettant au centre de leurs analyses ces groupes de femmes dont les activités faisaient d’elles les agents d’une action délibérée sur le champ social, d’une manière aussi bien individuelle que collective, les études en question ont dirigé l’intérêt historique ailleurs que sur les mécanismes économiques et l’état – les champs de prédilection de la nouvelle histoire de la période – , vers les rapports sociaux, les sujets historiques et leur action publique. ».
Les titres des différents chapitres montrent les pistes de la recherche « Quand classe et genre s’opposent », « Genre, famille et stratégies de travail », « Aux plus faibles et nécessiteux : la législation relative à la protection du travail des femmes », « Significations contestées : protection et résistance dans les rapports des inspecteurs du travail », « Nation, citoyenneté et genre » sans oublier le chapitre cinq déjà cité.
Au delà de son apport dans la connaissance historique et sociale, ce livre offre une réflexion élargie sur la réalité des conflits sociaux, dans leurs dimensions sexuées, et de leurs articulations à la construction nationale grecque. A quand l’intégration de ces dimensions par tout-e-s les historien-ne-s (et autres scientifiques) ?
Espérons que d’autres textes de cette historienne féministe soient rapidement accessibles en France.
Efi Avdela : Le genre entre classe et nation – Essai d’historiographie grecque
Editions Syllepse, Paris 2006, 205 pages, 20 euros
Didier Epsztajn