Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Canada

De la solidarité internationale à la construction d'une alternative politique pan-canadienne

Durant la semaine du 31 mai au 3 juin dernier avait lieu la conférence des Socialist Studies à Calgary. Cet événement annuel est organisé dans le cadre du congrès des sciences humaines.
J’ai participé à l’organisation d’un atelier qui s’intitulait De la solidarité internationale à la construction d’une alternative pan canadienne avec l’aide des autres panélistes que je remercie énormément : David Bush de Rankandfile.ca Toronto, Sarah Beuhler militante environnementaliste de Vancouver, et Tahia Ahmed, militante féministe et anti-raciste du milieu communautaire de Vancouver.

Cette discussion avait comme perspective d’établir un dialogue entre les progressistes du Reste du Canada et ceux et celles du Québec afin de tirer un bilan de la dernière élection fédérale et de dresser les perspectives d’actions militantes communes et de la nécessaire construction d’une alternative politique. Cet aspect comprenait le rôle de la lutte pour la souveraineté au Québec en tant que moteur de changement social.

J’ai expliqué que Québec solidaire avait continué à augmenter son appui et fait élire une troisième députée en 2014, Manon Massé et ce avec un programme qui défend la fin de l’exploitation pétrolière, la création d’emplois dans les services publics et qui lutte contre la privatisation. Mais la question centrale a été d’expliquer que la souveraineté ne pourra se réaliser autrement que par une mobilisation animée par le désir de changement social. À ce chapitre nous devons tirer les leçons de la réaction de la Troïka contre le désir d’émancipation du peuple grec. Pour la Banque centrale et les alliés de l’Allemagne l’enjeu n’était pas seulement économique, une victoire du peuple grec signifiait un exemple à suivre et un danger d’expansion de leur initiative dans toute la population européenne. La même menace guette tout peuple en lutte pour sa libération et le cas est particulièrement à propos pour le Québec. Les agences de notations, les banques et l’establishment canadien n’hésiteront pas à intervenir. La solidarité de la population du reste du Canada sera essentielle pour nous mais aussi pour elle-même parce qu’elle n’a aucun intérêt à soutenir l’État oppresseur canadien.

David Bush s’est adressé surtout au bilan de la politique fédérale. Tirant un bilan des politiques du NPD qui s’est rangé derrière l’austérité durant la dernière campagne fédérale il a affirmé qu’on ne peut plus simplement parler de perspectives de mobilisations communes. La perspective de construction d’un parti de gauche devient essentielle. Dans ce sens il a expliqué que les enjeux soulevés par le Leap Manifesto et la lutte pour le salaire minimum à $15, peuvent servir d’objectifs commun pour bâtir la mobilisation.

Sarah Beuhler a développé l’appel à la résistance contre les oléoducs particulièrement le projet Northern Gateway d’Enbridge qui revient dans le débat actuellement. Contrairement à ce qu’on croit cette question n’est pas réglée. Sarah croit aussi que la question de l’exploitation des ressources pétrolières constitue un enjeu crucial et que le Leap manifesto est une base de mobilisation à développer.

Tahia Ahmed s’est adressée à la question de l’intégration des communautés issues de l’immigration et la question du racisme lors de la campagne électorale fédérale de 2016. Jeune militante dans la vingtaine, elle a expliqué que le gouvernement Harper a été le seul gouvernement que sa génération a connu. Cela signifie que cette culture de privatisation, d’exclusion et de peur est celle dans laquelle sa génération a grandi. Faisant le bilan du gouvernement Harper au travers des projets de loi C-51 et C-24 qui créait une citoyenneté de deuxième zone, elle a expliqué l’impact soulevé par l’enjeu du niqab lors de l’élection de 2015. Le corps des femmes musulmanes devenait sujet à l’encadrement policier et au débat public.

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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