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La vie après Bernie : Sommet du peuple à la recherche d'un futur politique pour le mouvement

Dan La Botz, New Politics sur europe-solidaire.org, 21 juin 2016,
Traduction, Alexandra Cyr

Les 3,000 partisans-es de Bernie Sanders qui se sont réunis Place McCormick la fin de semaine dernière à Chicago, avait le moral à l’optimisme. Plusieurs des intervenants-es proclamaient devant la foule excitée que le mouvement fût victorieux même si Hilary Clinton, la probable candidate démocrate à la présidence, a récolté de la majorité du vote populaire, des délégués-es élus-es, des super délégués-es, a reçu l’appui du Président Obama, du vice-président Joe Biden et de la sénatrice Elizabeth Warren.

Cet écart entre les convictions au sein du mouvement Sanders que quelque chose d’important a été accompli, et la claire victoire de Mme Clinton dans les primaires marque le contexte contradictoire de cette conférence qui réunissait des progressistes, des radicales-aux et des socialistes à la recherche d’une suite pour leur lutte.

La vision : pas d’organisation ni de stratégie

Les plénières qui se tenaient dans cet énorme hall du Centre des congrès McCormick pouvaient réunir jusqu’à 3,000 personnes assises autour de tables rondes. Plusieurs très grands écrans amplifiaient l’image des orateurs-trices. Cette conférence ressemblait à un congrès syndical ou politique. Pour ainsi dire, la moindre minute était organisée et jusqu’au détail près. Les discours et les discussions étaient minutés exactement pour respecter le temps imparti à chaque session. Les participants-es pouvaient avoir de l’information et répondre à des sondages grâce à des applications crées pour l’occasion. Une telle organisation limitait les possibilités de discussions sauf pour les quelques tables prévues à cet effet et au cours des pauses. Il n’y avait aucun espace pour la spontanéité et la créativité ou pour quelque suggestion ou propositions que ce soit. Si l’esprit Occupy a inspiré le mouvement de Bernie, ce ne fut pas le cas pour ce Sommet.

Les cultures politiques contrastaient, même se confrontaient aux méthodes et esprit du personnel et des membres du National Nurses United et aux organisateurs-trices communautaires et politiques de People’s Action. Toutes ces personnes ont guidé les militants-es du mouvement Sanders dans leur programme de réunion hautement structuré. Mais même dans ce cadre un esprit d’indépendance subsistait. Les partisans-es de Sanders venus-es de tout le pays, de la Californie à New York, du Minnesota au Texas dont la moyenne d’âge était autour de 40 ans (plusieurs baby-boomers, beaucoup de jeunes et environ 15% de gens de couleur), malgré l’apparente défaite de B. Sanders, étaient remplis-es d’enthousiasme et pressés-es de poursuivre le travail pour la « révolution politique » et la lutte contre la « classe des milliardaires ».

Cette conférence reflétait le souffle et les visions du mouvement Sanders. Elle offrait des occasions pour la discussion et la participation. Mais, au regret de certains-es, elle n’a jamais été conçue comme un exercice démocratique, comme le moment de prise de décision d’une organisation. Elle a été conçue, au contraire, pour refléter le mouvement et générer plus d’idées politiques radicales pas pour donner une direction pour le futur ce qu’elle ne l’a pas fait. On y parlait de vision pas d’organisation ni de stratégie.

Voter pour Hilary ? Travailler en faveur de candidats-es progressistes ? Construire le Mouvement ?

Tout au long de cette conférence plusieurs des intervenants-es dans les plénières lassaient entendre, sans le déclarer sur-le-champ, que nous devrions voter pour Hilary, travailler en faveur des candidats-es liés-es à B. Sanders et construire le mouvement. Il n’était pas clair que tous et toutes accepteraient cette suggestion. Quand Dominique Scott, une étudiante de l’Université du Mississippi s’est exprimée lors d’un panel de plénière en disant que ni M. Trump ni Mme Clinton ne reflétaient son mouvement et ses valeurs, la foule l’a applaudie à tout crin et a multiplié les bravos enthousiastes. Elle sous-entendait qu’elle ne voterait pas pour Mme Clinton. Beaucoup de participants-es à cette conférence ne voteront pas pour Mme Clinton ou alors ce serait contre leur volonté. Leur sortie de l’isoloir se fera dans un profond dégoût envers le Parti démocrate qui les aura mis dans cette situation.

Certains-es intervenants-es ont suggéré, ouvrant ainsi des options, que voter ou non pour Mme Clinton n’est pas l’enjeu ; qu’on le fasse ou non il faut soutenir les candidats-es liés-es a B. Sanders. On parle de 7,000 candidats-es. On peut également voter pour des candidats-es progressistes issus de leur milieu, ou si les militants-es préfèrent travailler avec les mouvements. Depuis ses débuts, la campagne électorale de B. Sanders a mis l’accent sur le bénévolat, l’autonomie et la confiance que les militants-es feront les choses correctement et ce message a prévalu à ce sommet. On à dit à personne que faire maintenant ; c’était une force et une faiblesse à la fois.

Dans ce genre de conférence, qui n’en est pas une de fondation de quoi que ce soit, l’esprit et la signification se trouvent uniquement dans les discours et les réponses de l’audience. Ces allers-retours se sont passés au cours des pauses, dans l’organisation de tables de discussion entre participants-es et dans les échanges dans les corridors. Il n’y a pas de manifeste ou de proclamation, pas de résolutions mises de l’avant donc, ce que vous entendez est dans l’esprit du temps qui passe dans les salles de réunions et les halls ; il vous accroche, fait son chemin, parfois agréable parfois maladroitement, à l’égard de l’avenir. Alors, ça à l’air de quoi ? Ça se ressent comment ? Comment est-ce que ça sonne ?

Un enchevêtrement de mouvements

Par la diversité des orateurs-trices, tous les enjeux sociaux importants abordés : le racisme, le patriarcat, le mouvement LGBT, ouvrier, environnemental et par-dessus tout, l’économie basée sur les énergies fossiles et le changement climatique, ce sommet reflétait la diversité du mouvement. Les organisateurs-trices voulaient clairement donner aux partisans-es de B. Sanders l’idée que tous les mouvements devaient se réunir pour créer un mouvement politique plus large qui aura un programme complet en faveur du changement social. Cette notion laisse entendre la nécessité de créer un parti politique ; mais les débats n’allaient pas dans ce sens.

RoseAnn DeMoro, directrice générale de la National Nurses United, a ouvert la plénière de vendredi soir. Ce syndicat est le principal parrain du sommet. Son discours semblait inspiré par le jeune Karl Marx et David Harvey, mais elle abordait les sujets de manière très concrète comme une femme qui a passé sa vie à parler à des infirmières-ers. Elle a mis l’accent sur la politique économique néo libérale qui a détruit l’humanité dans notre société en mettant tout sur le marché, en transformant tout en marchandise, non seulement notre travail et notre consommation, mais même nos temps libres. Ce discours à propos du néo libéralisme et des ses impacts sur l’économie a été, sans l’ombre d’un doute, la meilleure prestation en économie politique qu’aucun-e dirigeant-e syndical-e ait livré depuis des décennies. Elle a aussi trouvé le temps de dire que : « les libéraux sont généralement retors, ils arrivent à vous vendre pendant que vous croyez qu’ils sont de votre côté. Alors, prudence » et qu’au cours de cette campagne, nous avons appris beaucoup à propos : « de la massive corruption politique à l’intérieur du Parti démocrate ».

Juan Gonzalez, présentateur adjoint de Democracy Now ! à présenté des panellistes en parlant de sa propre expérience de jeune étudiant de l’Université Columbia militant en 1968 à la convention du Parti démocrate. À cette époque : « le pays semblait au bord de la guerre civile. Nous, du SDS avons refusé de voter. Nous ne soutenions pas McCarthy. Nous ne pouvions pas soutenir Humphrey. Notre slogan était ‘Votez avec vos pieds. Votez dans les rues’. Je suis ici pour vous dire que, si le slogan était correct, la tactique ne l’était pas. Rétrospectivement, ça n’aurait peut-être pas changé grand-chose, mais si Richard Nixon n’avait pas été élu, cela aurait été un changement positif. On apprend de ses erreurs ; la nouvelle génération apprend des erreurs du passé ». Ces propos impliquaient le devoir de voter pour Hilary Clinton. Ils ont donné le ton au panel. La foule n’acceptait pas cela d’emblée. Il a conclut en disant que nous étions là pour nous demander : « Où allons-nous ? Allons-nous réformer ? Allons-nous transformer ? Ou bien allons-nous nous débarrasser de ce qui est là et tout remplacer ? La foule a applaudi à pleines mains ce dernier énoncé. Elle prenait l’idée de la « révolution politique » au sérieux.

Naomi Klein, l’auteure de The Shock Doctrine et de This Change Everything, a souligné qu’il était très intéressant que les infirmières-ers, dont la vie est consacrée à soigner la population, tout le contraire de l’économie de la marchandisation, soient aux avant-postes de ce mouvement politique et social. Pour elle comme pour l’actrice et militante Rosario Dawson, nous étions des blessés-es de la primaire et les infirmières-ers aidaient à soigner nos plaies. Les soins ne vont pas qu’à leurs patients-es, mais en parrainant cette conférence, c’est un programme plus humain qu’il devient possible de mettre de l’avant, programme qui pourrait soigner les blessures de la planète et de notre société. L’éthique « holistique et multidimensionnelle » de notre mouvement est l’alternative au néolibéralisme a déclaré ensuite N. Klein. Elle a ajouté que la campagne électorale de B. Sanders avait mis en lumière l’idée du socialisme, « poussé Hilary vers la gauche et forcé D. Trump à parler du libre échange ».

Sans dire ni pourquoi ni comment, John Nichols à affirmé aux participants-es que le mouvement « allait se développer ». Il a ressorti le vieil argument voulant que des candidats du Socialist Party, comme Eugene Debs et Norman Thomas, se sont présentés à la présidence à plusieurs reprises en militant pour le socialisme. Alors, quand le démocrate Franklin Delano Roosevelt a été élu, une bonne partie de leur programme est devenue politique de gouvernement. D’un ton décidé, il a conclut en disant : « Nous gagnons toujours parce que nous nous développons toujours ». Il a juste ignoré le contre argument tout aussi valable qui dit que Roosevelt a finalement rescapé le capitalisme et fait entrer le pays dans la Seconde Guerre mondiale. Il en est ressorti un partenariat qui a mis en place la domination corporatiste à laquelle nous faisons face en ce moment. En fait, il a servi à la foule, avec démagogie, ce qu’elle voulait entendre, à savoir qu’il y avait une victoire à savourer et qu’il y en aurait peut-être d’autres en forçant Mme Clinton a assumé leur programme comme une génération antérieure l’avait fait avec Roosevelt.

C’est sûrement le point de vue de Mme France Fox Piven, professeure à la City University of New York et auteure, avec Richard Cloward du fameux Poor People’s Movements : Why they Succeed, How they Fail (1977). Elle a soutenu, comme elle le fait depuis la publication de ce livre, qu’il faut voter pour le Parti démocrate et développer un mouvement qui puisse le forcer à adopter un programme réformiste : « Ils ont besoin de notre coopération. Nous devons être menaçants-es, ne pas entrer dans la coopération ». C’est cette vision que ceux et celles de l’extrême gauche, comme moi, rejettent. Nous ne sommes intéressés-es ni à « menacer » un parti lié aux entreprises ni à « coopérer » avec lui. Nous voulons construire un parti de la classe ouvrière qui pourra, comme l’a déclaré Juan Gonzalez, « renverser et remplacer » l’ordre économique et politique existant.

Tout en reflétant le mouvement, les conférenciers-ères ont aussi soulevé des idées, qui même si elles faisaient partie de la plateforme de M. Sanders pouvaient être nouvelles pour une partie de l’auditoire. Par exemple, Tobitas Chow du People’s Lobby, n’est pas d’accord avec l’appel de B. Sanders de démanteler les grandes banques. Il prône plutôt leur nationalisation comme celle de certaines grandes entreprises. Nous devons obtenir, a-t-il déclaré : « le contrôle démocratique » de l’industrie financière et d’autres entreprises. Pour lui, le mouvement Sanders devrait se voir et devenir une partie du mouvement ouvrier mondial qui lutte contre le néolibéralisme et être aux côtés des travailleurs-euses du Bangladesh, du Vietnam et de la Chine.

Faire de la politique

Quelques élus-es, triés-es sur le volet, se sont exprimés : Jesus « Chuy » Garcia, le commissaire de Cook County, Nina Turner du Sénat de l’État de l’Ohio et la représentante d’Hawaii, Tulsi Gabbard. M. Garcia et Mme Turner, chacun a leur manière, ont exposé des positions progressistes sur les enjeux politiques du moment. Par contre, Mme Gabbard a apporté quelque chose de différent dans cette conférence. Elle a critiqué et condamné le rôle des États-Unis en Irak dans un discours très fort contre l’interventionnisme extérieur. Si elle est sur la même longueur d’onde que B. Sanders à propos des politiques de changements de régime à l’étranger, elle s’oppose particulièrement fermement à toute intervention militaire américaine en Syrie. Mais, problème, Mme Gabbard est islamophobe : elle est pro-Israël, promaréchal Sisi en Égypte, pro-B.A el Assad en Syrie et pro-Modi en Inde.

Tout au long de cette conférence, les intervenants-es de Peoples Action dont plusieurs dirigent des ONGs, (…) ont insisté pour dire que le futur du mouvement était dans l’appui aux candidats-es locaux-ales. Il semble qu’il était question de soutenir les candidats-es démocrates. Mais, l’option finale exige aussi d’appuyer toutes sortes d’autres militants-es des mouvements environnementalistes, ouvriers, LGBT et des noirs-es qui luttent contre les incarcérations (de cette partie de la population). Certains-es vont aussi vouloir soutenir des candidats-es indépendants-es ou socialistes. À Chicago, lors des dernières élections, plusieurs enseignants-es se sont présentés-es et un militant de la communauté hispanique, Joge Mujica l’a fait sous l’étiquette socialiste.

Qui n’y était pas ?

De façon surprenante, le Chicago Teacher’s Union (CTU) n’y était pas. C’est pourtant un des syndicats les plus militants du pays. Ses membres ont fait grève il y a quelques années et ils font la démonstration de leur détermination en confrontant constamment le maire Rahm Emmanuel, les politiciens-nes de la ville et les élites entrepreneuriales à propos de l’argent qui va aux banques plutôt qu’aux enfants. Les organisateurs-trices de la conférence ont sollicité la présidente du CTU, Mme Karen Lewis qui ne pouvait être là en raison d’engagements ailleurs. Le travail pour trouver quelqu’un d’autre de la direction de ce syndicat a failli, mais des enseignants-es étaient présents-es.

Il est aussi curieux que le Communications Workers of America (CWA) n’y ait pas été. Il a pourtant endossé M. Sanders et non seulement il n’était pas parmi des organisateurs de la conférence, mais on ne lui a même pas fait de place. C’est ce syndicat très militant qui sortait tout juste de la grève de 18 jours contre la compagnie Verizon. Le NNU a participé à leurs lignes de piquetage durant cette grève. Mais les travailleurs-euses de Verizon n’ont pas participé au Sommet. Si tout ce monde avait été présent, le caractère de la conférence en aurait été changé.

Il y a eu une rencontre des « travailleurs-euses en faveur de Bernie ». Elle a été organisée à la dernière minute pour 7 heures le samedi matin. C’était pratiquement un événement à part. Les quelques 40 dirigeants-es de syndicats qui y ont participé ont discuté de plans pour le futur qui portent principalement sur l’organisation de groupes politiques locaux. Maintenant que Bernie Sanders est hors de la course, il n’y a pas de doute que même les 6 organisations syndicales nationales qui l’ont appuyé et les 6 autres qui sont sous pression pour qu’elles n’endossent personne vont finir, avec le reste du mouvement ouvrier, par travailler en faveur de Mme Clinton. Mais ça ne sera peut-être le cas de tous et toutes. Pour M. Chuck Zlatkin, adjoint au président de l’American Postal Workers Union (APWU) : « L’AFL-CIO est devenue une succursale du Parti démocrate. Nos membres en ont plus qu’assez des Démocrates comme des Républicains. Les deux partis ne nous ont pas servis. Après Bernie, comment allons-nous former un parti de la classe ouvrière quelque soit la formule : troisième parti, parti des travailleurs-euses ou le parti des 99% ? Car nous sommes le mouvement de la classe ouvrière ». Les « travailleurs-euses en faveur de Bernie » ont développé un réseau impressionnant de syndicats pour le soutenir. Beaucoup dans le groupe espèrent que cela pourra servir de transition pour un engagement significatif des travailleurs-euses à continuer la « révolution politique ». Mais le travail plus large pour y arriver sera un défi d’un autre ordre.

L’extrême gauche et le Sommet du peuple

La faiblesse de l’extrême gauche était impressionnante à ce Sommet. Democratic Socialist of America (DSA) était là avec une centaine de ses membres. Beaucoup étaient de nouveaux et nouvelles jeunes membres qui ont dû participer à de nombreuses longues réunions avant l’ouverture du Sommet, vendredi. Son objectif principal était d’intégrer ces nouveaux et nouvelles membres dans l’organisation, d’avoir une présence même s’il n’apportait aucune suggestion quant à la direction à donner au mouvement à partir de maintenant.

Mme Kshama Sawant élue au conseil municipal de Seattle sous l’étiquette Socialist Alternative (SAlt) était là avec une délégation de son groupe qui a été étroitement impliqué dans la campagne électorale de M. Sanders. C’était peu de monde contrairement à leur habitude. Ils et elles ont tenu, en marge de la conférence ce qui a semblé être une réunion non officielle d’environ 30 ou 40 personnes pour discuter d’alternatives à Hilary. L’international Socialist Organization (ISO) qui n’a pas soutenu B. Sanders au cours de la primaire, tenait un kiosque et quelques membres étaient présents-es, mais ils n’ont fait aucune intervention. Il y avait des membres d’autres groupes socialistes comme le Communist Party USA and Solidarity, mais sans aucune présence organisationnelle.

DSA a pris l’initiative d’organiser une rencontre intitulée « Socialisme démocratique en des temps nouveaux ». Mme Sawant, Bhaskar Sunkara du magazine Jacobin et Debbie Medina de Brooklyn membre de DSA et qui se présente au Sénat de New York devaient faire parti du panel d’intervention. Mais Mme Medina n’a pu être présente pour des raisons de santé et a été remplacée par Mme Fox Piven. M. Sunkara a soutenu qu’il faut s’inspirer de la riche tradition socialiste pour développer un programme politique et construire un mouvement socialiste de grande ampleur. Mme Sawant a défendu l’idée de l’action politique indépendante, parlé de la pétition que son groupe fait circuler pour que M. Sanders se présente à titre d’indépendant et à soutenu l’alternative que constitue le Parti vert et sa dirigeante, Jill Stein. Mme Piven a, pour sa part, milité en faveur du vote pour Mme Clinton avec la construction d’un mouvement qu’elle ne pourrait ignorer. Au fur et à mesure que d’autres groupes socialistes entraient dans le débat, les divisions sont apparues et comme me l’a déclaré un jeune homme, malheureusement cela « s’est terminé sur une notre amère ».

Que faire maintenant ?

L’organisation du Sommet n’était pas prête à soumettre des formes organisationnelles pour que le mouvement aille de l’avant. C’est ce que les militants-es des divers mouvements espéraient avec ardeur. Mais des suggestions sont apparues à certains moments. Au cours d’une réunion traitant de politiques indépendantes, Bob Master une figure montante du CWA et du Working Families Party, a proposé que le NNU et les autres organisations qui ont parrainé la conférence créent un comité national de coordination. Dans la rencontre de la région de New York, Nancy Romer, une militante syndicale et environnementale, a insisté sur le fait que nous devions créer une alliance d’organisations avec quelques campagnes nationales par exemple, autour d’enjeux comme le droit de vote ou la réforme du financement des campagnes électorales.

Nous reconnaissons tous et toutes qu’à chaque nouvelle étape politique à venir, soit la convention démocrate, l’élection du nouveau Président ou de la nouvelle Présidente, son assermentation, le mouvement va probablement perdre son allant, ses énergies et ses adhérents-es. Partout on entendait l’énorme demande pour une organisation nationale. Est-ce que cela arrivera, rien n’est moins clair. Le Sommet du peuple n’a pas donné de direction. L’alternative surgira peut-être des exigences exprimées à la convention de Philadelphie et des protestations à l’extérieur.

Dan La Botz

L’auteur est un professeur d’université américain et un militant de l’organisation socialiste Solidarity.

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