Édition du 23 avril 2024

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Canada

Justin Trudeau doit congédier le PDG de Postes Canada Deepak Chopra

Le refus de négocier de la part de la direction de Postes Canada et sa volonté d’imposer des reculs majeurs est en continuité avec les valeurs conservatrices mais n’est pas étrangère non plus à la mise en place par le gouvernement Libéral du comité de révision du mandat de la société des postes qui vient de débuter ses travaux en mai dernier.

La direction de Postes Canada y voit certainement un lien avec les promesses du parti libéral lors de la dernière campagne électorale à l’effet d’annuler la décision des conservateurs de mettre fin à la distribution du courrier à domicile. Justin Trudeau promettait de veiller à ce que les canadiens bénéficient du service postal sur lequel ils comptent.

Ce comité représente donc une menace par rapport au plan de démantèlement et de privatisation du service postal amorcé par les conservateurs dont Deepak Chopra a été un des principaux artisans. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que Stephen Harper, voyant sa défaite électorale approcher, ait renouvelé son mandat avant la fin de son terme, assurant ainsi la poursuite du plan conservateur même sous un nouveau gouvernement.

Le PDG de Postes Canada siège également au Conference Board du Canada, organisme qui a recommandé au printemps 2013 exactement les mêmes mesures que celles appliquées par Postes Canada en ce qui concerne la fin de la livraison du courrier. C’est ce même Conference Board qui avait émis des projections selon lesquelles Postes Canada courait vers un gouffre déficitaire dans un rapport commandé et payé par Postes Canada. Or il avait été démontré par la suite que ces prévisions avaient été établies sur la base de la seule année déficitaire 2011-2012.

La direction de Postes Canada tente de jouer la même carte dans les présentes négociations ce qui lui permet par ailleurs de court-circuiter les travaux du comité de révision du mandat en imposant sa vision catastrophiste et les nécessaires coupures dans les services qui s’en suivront, coupant ainsi à la source les possibilités d’amélioration du service postal public.

Il est important à cet effet de mentionner que plusieurs des revendications du STTP, qui font face à une fin de non-recevoir de la part de la direction, proposent des solutions pour améliorer les services ainsi que la situation financière de Postes Canada. Ainsi le syndicat propose l’instauration d’un service bancaire accessible dans toutes les succursales postales. En 2014 le journal Blacklock’s Reporter rapportait que Postes Canada avait mené une étude secrète durant quatre ans portant sur la possibilité de services bancaires. Celle-ci semblait indiquer que la prestation de services financiers serait une stratégie payante pour la société d’État. Cependant Postes Canada s’oppose toujours à la demande syndicale.

Les autres questions importantes en litige révèlent une fermeture complète de la direction de Postes Canada à la réalité de notre société. Son opposition à l’ajustement salarial des facteurs et factrices ruraux et suburbains composé à 70% de femmes est simplement inacceptable à l’heure où l’équité salariale est une valeur acquise dans la plupart des grandes entreprises.

Il en va de même pour la jeune génération qui, selon la conception de Postes Canada, serait confinée à un régime de retraite appauvri à cause d’une situation dont ils ne sont absolument pas responsables. La crise des papiers commerciaux en 2008 ainsi que le faible taux d’intérêt avait nui au fonds de retraite et ralenti sa croissance. La ponction du surplus accumulé de 12 milliards de dollars effectuée auparavant par le gouvernement de Paul Martin en 1990 avait également diminué la réserve ainsi que sa croissance en tenant compte de l’augmentation du capital basé sur le taux d’intérêt. Mais ce sont surtout les coupures incessantes créant un climat d’incertitude politique où la fermeture de Postes Canada devient une éventualité possible pour les créanciers, qui pose la question de la solvabilité.

Il est temps maintenant pour le premier ministre du Canada de corriger le tir et de prendre les actions qui s’imposent. Si son gouvernement veut réellement donner suite aux promesses d’amélioration du service postal public, il ne pourra le faire avec l’actuel PDG dont l’historique démontre qu’il est dédié aux profits des grandes entreprises et aux visées conservatrices. Le gouvernement libéral nouvellement élu avait demandé en 2015 à monsieur Deepak Chopra qu’il remette sa démission, mais celui-ci avait refusé. Maintenant Justin Trudeau n’a plus d’autre choix que de le congédier s’il veut réellement donner suite à ses intentions et ainsi permettre au comité de révision du mandat d’effectuer ses travaux convenablement et à la négociation de se dérouler honnêtement.

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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