Édition du 23 avril 2024

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Réactions d'associations autochtones au lancement de l'enquête nationale très attendue sur les femmes et jeunes filles autochtones disparues ou assassinées

L’Assembée des premières nations fait front commun avec les familles, après l’annonce, par le gouvernement fédéral, d’une enquête nationale très attendue sur les femmes et jeunes filles autochtones disparues ou assassinées

Après des décennies de militantisme actif par les familles des femmes et jeunes filles autochtones disparues ou assassinées, par l’Assemblée des Premières Nations (APN), par des membres de la population et par des groupes de revendications nationaux et internationaux, le gouvernement du Canada a annoncé aujourd’hui qu’il lancera une enquête nationale sur les femmes et jeunes filles autochtones disparues ou assassinées.

« Aujourd’hui, nous faisons front commun avec les familles des femmes et jeunes filles autochtones disparues ou assassinées pour que leurs voix soient entendues à toutes les étapes de cette enquête. Nous contribuerons ainsi à ce que le processus débouche sur des mesures et des changements concrets et à ce que justice soit faite pour toutes les personnes touchées par cette tragédie nationale », indique le Chef national Bellegarde. « Nous nous attendons à ce que les commissaires exécutent leur mandat de la façon la moins restrictive possible pour qu’ils assument leurs responsabilités envers les familles et les femmes et jeunes filles autochtones. Parallèlement aux travaux de l’enquête, nous continuons d’exiger des mesures immédiates pour assurer la sécurité et la paix au sein des peuples des Premières Nations. »

Depuis 2010, l’Assemblée générale des chefs de l’APN a adopté sept résolutions spécifiques réclamant la tenue d’une enquête nationale. Tout récemment, le 12 juillet, le Chef national a écrit à la ministre des Affaires autochtones et du Nord indiquant qu’une enquête doit notamment contribuer à renforcer les droits des peuples autochtones et les droits de la personne, être conforme à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et à d’autres instruments internationaux et permettre de rendre des comptes aux Premières Nations et aux familles des femmes et jeunes filles autochtones touchées par la violence.

« Trop de vies ont été touchées par cette horrible tragédie nationale », affirme Denise Stonefish, présidente du Conseil des femmes de l’APN et Grand chef adjoint de l’Association of Iroquois and Allied Indians. « Le fait que le gouvernement du Canada ait finalement accepté de lancer une enquête nationale constitue un jalon important. L’annonce d’aujourd’hui découle directement des actions revendicatrices et du militantisme populaire que nos femmes incroyablement résilientes ont exercés pendant des années. J’applaudis nos sœurs pour leurs efforts et je les assure de mon soutien à l’heure où nous nous apprêtons à entreprendre un parcours qui sera assurément difficile, mais qui est nécessaire. »

De nombreux rapports et études, y compris ceux des Nations Unies et de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, confirment que les femmes et jeunes filles autochtones sont exposées à des risques beaucoup plus élevés que les autres. Ces rapports et études soulignent la nécessité d’adopter une approche conforme aux normes internationales sur les droits de la personne ; les États sont notamment tenus de remplir leurs devoirs de prévention, d’enquête, de recours et de réparation avec la diligence appropriée. La participation des provinces et territoires à l’enquête est une étape importante : elle contribuera à définir et à préciser le rôle des services policiers ainsi qu’à établir des recommandations pour corriger et améliorer les pratiques, les politiques et la surveillance policières. La tenue de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a été annoncée aujourd’hui dans le cadre d’un rassemblement qui s’est déroulé au Musée canadien de l’histoire, à Gatineau, au Québec.

« La tragédie des femmes et jeunes filles autochtones disparues ou assassinées est une crise nationale et une honte internationale », déclare Shane Gottfriedson, Chef régional de l’APN de la Colombie-Britannique et titulaire du portefeuille des femmes et jeunes filles autochtones disparues ou assassinées à l’APN. « Nos sœurs disparues, leurs familles et nos communautés méritent mieux. J’espère que cette enquête nationale sera un tournant décisif et contribuera à ce que justice soit faite pour nos sœurs disparues en plus de s’attaquer aux causes fondamentales de cette tragédie. Ensemble, nous devons œuvrer en faveur de la réconciliation et d’un pays plus sûr et plus respectueux, non seulement pour toutes les Premières Nations, mais pour tous les Canadiens également. »

L’enquête nationale pour les femmes autochtones disparues ou assassinées est officiellement lancée - Femmes autochtones du Québec

Kahnawake, le 3 août 2016 – En décembre dernier, Femmes Autochtones du Québec (FAQ), ainsi que les femmes autochtones, leurs familles et les communautés autochtones du pays se sont réjouies suivant l’annonce de la tenue d’une Commission d’enquête nationale. Aujourd’hui, FAQ souhaite exprimer sa satisfaction quant au choix des commissaires et partager ses préoccupations face à l’étendue du mandat de la commission d’enquête nationale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées.

La sécurité et le bien-être des femmes autochtones sont au centre de la mission de FAQ ; en ce sens, la décision du gouvernement fédéral répond aux attentes de l’organisme. Tout d’abord, soulignons l’importance accordée au soutien qui sera octroyé aux familles des victimes. En solidarité avec elles, FAQ, ainsi que l’ensemble des organisations autochtones du pays, ont revendiqué qu’un rôle de premier plan leur soit donné dans le processus d’une enquête. FAQ se réjouit de voir que les familles pourront partager leur expertise pour éclairer les commissaires dans leurs enquêtes.

Mentionnons également la présence d’une commissaire autochtone du Québec au sein de l’équipe. FAQ tient à féliciter Michèle Audette, ancienne présidente de FAQ, pour sa nomination. La présence d’une commissaire francophone assure une meilleure accessibilité à la population autochtone francophone au processus de la commission d’enquête.

À plusieurs reprises, FAQ a exigé que le gouvernement du Québec s’implique directement et s’investisse dans cette commission. Bien que la commission se penchera sur la relation entre les femmes autochtones et la justice, les événements survenus à Val-d’Or à l’automne dernier ont démontré qu’une enquête au sein de la province est nécessaire ; en effet, il est inacceptable que le gouvernement fédéral enquête seul sur cette question. Cette lacune déçoit et inquiète profondément, en plus de ne pas répondre aux revendications maintes fois formulées.

« La situation des femmes autochtones disparues ou assassinées est le résultat d’une histoire coloniale. Pour FAQ, il était crucial que la commission d’enquête se penche à la fois sur les enjeux individuels, mais également sur les enjeux historiques et systémiques. La décision du gouvernement de considérer l’enjeu dans son ensemble, ainsi que le rôle accordé aux familles, répond à nos attentes, mais nous restons préoccupées par la déresponsabilisation du gouvernement provincial. » — Viviane Michel, présidente de FAQ.

Le gouvernement du Canada lance officiellement l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées - Association des femmes autochtones du Canada

Le 3 août 2016 (Ottawa, Ontario) – La campagne de 11 ans menée par l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) pour obtenir la tenue d’une enquête nationale est maintenant une réalité inébranlable, puisque le gouvernement du Canada a annoncé aujourd’hui la mise sur pied de l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

« Nous accueillons favorablement le leadership dont le gouvernement fédéral fait preuve aujourd’hui. Après 11 ans à écouter les familles de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées au Canada, l’AFAC est heureuse du fait que nous avons maintenant un gouvernement disposé à écouter et à agir. Nous tenons à reconnaître la grande responsabilité que les commissaires ont acceptée et nous nous engageons à les appuyer alors que la commission entreprend ses travaux. Nous reconnaissons que cinq personnes ne peuvent pas représenter la diversité de notre pays, et l’AFAC collaborera avec la commission d’enquête pour veiller à ce que soient entendues toutes les voix qui doivent l’être. »

Dawn Lavell-Harvard, présidente

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