Édition du 26 mars 2024

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Québec

Respect des fonctionnaires : deux poids deux mesures ?

« Chaque jour, les fonctionnaires travaillent sans relâche à renforcer la classe moyenne et à améliorer la vie de tous les Canadiens. Leur dévouement nous permet de recevoir les services dont nous avons besoin, quelles que soient les pressions auxquelles ils font face ou les difficultés qui les attendent. Le temps est également venu de bâtir et de favoriser un milieu de travail accueillant et sain pour la fonction publique fédérale, qui offrira aux fonctionnaires le soutien dont ils auront besoin lors de leurs épreuves personnelles. Un milieu de travail sain est un milieu de travail fier – un milieu de travail dynamique, stimulant et attirant pour les jeunes Canadiens qui cherchent une carrière passionnante grâce à laquelle ils pourront faire une véritable différence dans la vie des autres ».

Cette déclaration n’est pas celle d’un dirigeant syndical du gouvernement fédéral, mais plutôt les propos exprimés publiquement par le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, pour souligner la Semaine nationale de la fonction publique le 12 juin 2016. Le gouvernement du Québec devrait maintenant prendre acte de cette attitude respectueuse d’un premier ministre envers ses fonctionnaires.

Ma carrière en relations internationales m’a permis de constater, à plusieurs reprises, à quel point le Canada pouvait avoir une importance disproportionnée, par rapport à la taille de son économie et à ses capacités militaires. Depuis longtemps, le Canada a exercé une influence respectée et longtemps considérée comme bénéfique sur la scène mondiale avant l’arrivée de M. Stephen Harper en 2006. Madeleine Albright, secrétaire d’État sous l’ancien président Bill Clinton, expliquait d’ailleurs cette disproportion par la très grande qualité du personnel du gouvernement canadien, reconnue par tous.

L’ancien premier ministre Jean Charest, lors de son discours de démission, a rendu un vibrant hommage au personnel de la fonction publique québécoise en mentionnant que sa qualité avait un lien direct avec la prospérité de notre société. L’ancienne première ministre Pauline Marois a fait de même lorsqu’elle a nommé son conseil des ministres en 2012.

Cependant, dans le cas de la fonction publique canadienne et ontarienne, les gouvernements ont de la considération pour leurs employés. Une considération qui se traduit par des salaires propres à convaincre les meilleurs experts de s’y joindre. Mais ce n’est pas le cas au Québec ! Malgré de petites tapes dans le dos, le gouvernement ne cesse de dévaloriser les professionnels de l’État et de réduire leur pouvoir d’achat depuis trente ans.

Il est anormal et inacceptable qu’un professionnel du gouvernement du Québec soit payé de 22 % à 45 % moins cher que celui qui fait un travail équivalent pour les gouvernements fédéral ou ontarien. À terme, cela entraîne le Québec vers une incapacité à se doter des meilleurs éléments disponibles, et ce, dans un marché compétitif où les départs à la retraite sont massifs, où les gouvernements et les municipalités luttent pour les recruter afin qu’ils s’occupent de nos biens et de nos services, de notre sécurité et de notre avenir collectif.

J’ai félicité M. Trudeau pour ses bons mots à l’endroit de ses fonctionnaires, lors de la réception de la Fête nationale du Québec organisée par M. Couillard. J’ai confié au premier ministre canadien que je n’hésiterais pas à le citer auprès de M. Couillard afin qu’il agisse concrètement pour améliorer l’attraction et la rétention de professionnels au sein de son gouvernement.

C’est d’ailleurs ce même M. Couillard qui affirme, depuis son élection, que l’expertise est importante et qu’il veut donner le goût aux jeunes de faire carrière dans la fonction publique. Les prochaines semaines et les prochains mois lui donneront l’occasion de concrétiser ces belles paroles en action. Pour cela, il doit donner des indications claires afin que l’expertise au sein de son gouvernement soit valorisée, comme le réclame le rapport de la commission Charbonneau, et ce, par la réduction des écarts salariaux qui dévalorisent nos professionnels du Québec.

Monsieur Couillard, l’occasion qui est offerte par nos négociations en cours est trop belle et pertinente pour ne pas la saisir !

Richard Perron

Président

Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec

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