Édition du 16 avril 2024

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Action communautaire autonome

En marge du Forum des politiques sociales du Parti libéral - « Les organismes en sécurité alimentaire crient famine ! », Françoise David

MONTRÉAL, le 23 sept. 2016 - Entourée de plusieurs organismes œuvrant en sécurité alimentaire à Montréal, Françoise David, la députée de Gouin et porte-parole de Québec solidaire, a dénoncé la mascarade libérale qui aura lieu cette fin de semaine. Alors que le Parti libéral du Québec tient son forum partisan annuel, qui a comme objet les politiques sociales et la lutte à la pauvreté, plusieurs groupes qui offrent du dépannage alimentaire à des milliers de familles montréalaises sont en danger.

« Pendant que le gouvernement libéral menace de couper les chèques d’aide sociale, ce qui atteint la dignité des personnes les plus pauvres de la société québécoise, et qu’il s’obstine à maintenir un salaire minimum sous le seuil de faible revenu, de plus en plus de familles québécoises ont faim. Les organismes en sécurité alimentaire ne fournissent plus à la demande. Pour ajouter à leur précarité, ils viennent d’apprendre que la banque alimentaire Moisson Montréal imposera dorénavant des frais d’administration de 250 000 $ aux 300 organismes qu’elle dessert en denrées sur l’île. Les organismes, déjà sous-financés par Québec, ne pourront acquitter cette nouvelle facture. Le gouvernement Couillard doit agir », exige la députée de Gouin.

En 2015, ce sont 163 152 personnes différentes qui ont demandé de l’aide alimentaire chaque mois dont 36 % sont des enfants. À eux seuls, les organismes de sécurité alimentaire de la région de Montréal comptent 127 949 utilisateurs et utilisatrices. Seulement depuis l’élection des libéraux de Philippe Couillard en 2014, on compte une augmentation de 4 % des demandes. En outre, l’organisme Bonne Boîte Bonne Bouffe (BBBB), qui distribue des paniers de fruits et de légumes frais à 70 000 personnes dans les régions de Montréal, Laval, Lanaudière et des Laurentides, a annoncé il y a quelques semaines qu’il mettait fin définitivement à ses activités à Montréal faute de financement. Des centaines de familles montréalaises devront trouver de l’aide ailleurs. Québec solidaire estime que le financement gouvernemental doit être revu pour qu’il soit à la hauteur de la demande d’aide alimentaire alors que ce n’est pas du tout le cas en ce moment.

« En fin de semaine, le premier ministre fait payer les gens jusqu’à 150 $ pour participer à son forum sur les inégalités. Ironique quand on sait que les organismes en sécurité alimentaire peuvent nourrir 30 familles avec ce même montant ! Ce ne sont pas seulement les personnes sur l’aide sociale qui ont recours aux banques alimentaires, continue Mme David, ce sont aussi des travailleurs à petit salaire, des personnes âgées, des chômeurs et chômeuses, des étudiants et étudiantes, des personnes malades, des familles de réfugié.e.s. » En 2015, plus de 13 % des demandeurs étaient des travailleurs.euses et cette catégorie est en croissance significative depuis 2011.

Selon la députée, ces organismes font le travail du gouvernement depuis bien des années et il est grand temps que celui-ci se soucie de la faim au Québec. Denis Gauthier, membre du conseil d’administration de la Maison Adrianna dans la circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques, souligne que « les banques alimentaires sont les organismes communautaires les moins subventionnés et leur fardeau financier va au-delà de ce qu’ils peuvent supporter ». Dans la même veine, Stéphane Lavoie, animateur et intervenant de la Maisonnette des parents dans Gouin, observe que ce sont encore les plus vulnérables qui paient le prix de politiques gouvernementales néfastes : « La lutte à la pauvreté ne consiste pas à tarifer les plus vulnérables au profit des plus gros ».

Pour Annie Pelletier, directrice de la Maison d’Aurore, un centre d’action communautaire actif depuis 40 ans dans la circonscription de Mercier, la situation est déplorable : « Dans un contexte d’augmentation constante du prix du panier d’épicerie, l’arrêt du programme BBBB diminue drastiquement l’accès à des aliments sains pour des milliers de personnes. Cela fragilise aussi notre capacité à aider des familles montréalaises à se nourrir convenablement ».

M. Sisto Sanchez reçoit des paniers alimentaires de l’organisme Information alimentaire populaire centre-sud depuis plusieurs années. Ancien travailleur dans le milieu communautaire, M. Sanchez a dû avoir recours à l’aide sociale à cause de problèmes de santé. Ayant de la difficulté à joindre les deux bouts, son panier hebdomadaire de nourriture est essentiel pour combler ses besoins de base. « Il faudrait que les gens aient une meilleure compréhension de ce qu’est vivre dans la pauvreté tous les jours. La dignité, c’est pour tout le monde ».

Françoise David termine en exigeant que le gouvernement soutienne adéquatement ces centaines d’organismes qui luttent contre la faim : « Le gouvernement a largement les outils financiers nécessaires pour répondre à la demande. Manger n’est pas un luxe, c’est un droit fondamental. Dès maintenant, le gouvernement doit améliorer la situation financière des familles québécoises, notamment en rehaussant les prestations de la sécurité du revenu et le salaire minimum. Il doit renoncer aux coupes prévues au projet de loi 70 sur l’aide sociale. Cela sera plus efficace pour lutter contre la pauvreté qu’un colloque présenté faussement comme voulant s’attaquer aux inégalités ! ».

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