Publié le 01 novembre 2016
L’annonce a été faite par Ummy Mwalimu, le ministre tanzanien de la Santé : les homosexuels ne seront plus concernés par les programmes de prévention de transmission du VIH. Une mesure drastique que le ministre de la Santé justifie par le fait que plusieurs ONG seraient en train de promouvoir et de normaliser les relations entre personnes de même sexe, dans le cadre de programmes publics de prévention du Sida.
« Nous avons annulé toutes les interventions en relation avec la communauté MSM [« men who have sex with men »] », a déclaré Mwalimu. Le ministre a assuré que les actions de prévention envers les jeunes adolescents, les consommateurs de drogue et autres groupes à risque seraient maintenues. C’est un nouveau tour de vis qui cible une communauté déjà hautement stigmatisée. L’homosexualité est considérée comme un délit, passible de trois ans d’emprisonnement. En septembre dernier, les autorités avaient déjà menacé d’interdire toutes les organisations de défense des droits de l’Homme qui « feraient la promotion » des droits de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels).
Il s’agissait alors du premier coup de semonce officiel à l’encontre de ces personnes. De quoi surprendre, la Tanzanie étant réputée pour être l’un des pays africains les plus tolérants envers la communauté LGBT – comparativement à son voisin, l’Ouganda. Néanmoins, la campagne menée depuis maintenant quelques mois par le gouvernement contre les droits des personnes LGBT a essuyé de vives critiques de la part d’ONG et d’activistes de la société civile.
Un problème d’autant plus accru que dans ce pays d’Afrique de l’Est, le sida fait toujours des ravages – indépendant de l’orientation sexuelle des victimes. Près d’un million et demi de Tanzaniens sont porteurs du VIH, soit 5% de la population. Mais la prévalence de la maladie parmi les hommes homosexuels est estimée être autour de 25%. John Kashika, membre de l’ONG Services de santé, d’éducation et assistance juridique pour la Communauté, a dénoncé la décision de suspension, la qualifiant de coup dur dans la lutte contre la propagation du virus : « c’est surtout priver d’accompagnement les personnes qui ont le risque le plus élevé de contracter le VIH. »
Isabelle Maya de la Revue Afrique