Édition du 26 mars 2024

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Environnement

Projet de loi 106

Le ministre Arcand accueilli par des manifestants

Quelque 200 manifestants ont exprimé leur désaccord au PL106.

Plus de 200 citoyens et militants ont profité de la visite du ministre Pierre Arcand, vendredi midi, à l’Hôtel Times, pour venir lui signifier leur opposition au projet de loi 106, qui encadrera l’industrie des hydrocarbures advenant son adoption prochaine.

Publié le 4 novembre 2016 | Photo TC Media Reine Côté | tiré de http://www.journalexpress.ca

Invité par la Chambre de commerce et d’Industrie de Drummondville, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles venait livrer un plaidoyer en faveur du Plan Nord. Interrogé sur l’étendue du pouvoir que laisserait l’éventuelle loi 106 aux gazières, le ministre a vivement défendu la transition nécessaire que doit prendre la société avant de pouvoir se passer des hydrocarbures.

Il affirme que son gouvernement souhaite baisser de 40% l’utilisation des produits pétroliers d’ici 2030. « La meilleure façon de livrer en pâture justement aux pétrolières tout le territoire du Québec, c’est de ne pas avoir de loi sur les hydrocarbures », dit-il.

Dehors, pendant ce temps, les dizaines de militants qui scandaient les slogans à répétition en brandissant des pancartes ne l’entendaient pas ainsi. « L’eau potable, c’est précieux. La loi 106, c’est vicieux », ont lancé des manifestants.

« Ce n’est pas vrai qu’on va laisser ces gens-là pourrir la terre des générations futures », a chahuté l’un d’eux, au micro. « Les politiciens ne sont pas élus pour représenter les intérêts des compagnies pétrolières mais pour défendre ceux des gens qu’ils représentent », a rappelé l’un des opposants.

Effets pervers du PL106

« Accepter l’exploitation des hydrocarbures, c’est accepter de faire usage de techniques non conventionnelles, comme la fracturation hydraulique, qui sont dramatiquement dangereuses pour nos sources d’eau et qui entrainent des conséquences sur la santé publique. C’est ça que les gens refusent. Les Québécois, on n’est pas contre les hydrocarbures mais quand on apprend comment ça se fait, là, ils disent non », a expliqué le juriste très impliqué Richard E. Langelier, en marge de la conférence de presse tenue par les organisateurs de la manifestation.

Celui-ci insiste sur la permissivité qu’entrainera le PL106. « Le projet de loi efface tous les droits acquis sur le sous-sol d’au moins 65 000 propriétaires québécois qui n’ont même pas été mis au courant de cette expropriation déguisée et sans compensation. »

Ce dernier reproche au ministre Arcand d’y aller avec des demi-vérités, surtout lorsqu’il affirme avoir entendu les municipalités et avoir proposé des amendements récemment au PL106. Les élus municipaux n’auront pas le choix de respecter les droits acquis de ceux qui détiennent une licence d’exploitation.

Or, les licences accordées en ce moment s’étendent sur 56 000 kilomètres carrés, selon le biophysicien Marc Brullemans.

Le maire de Lanoraie Gérard Jean, venu appuyer les manifestants, a abondé dans le sens du juriste Langelier. Pour celui-ci, les amendements du ministre Arcand ne sont que de la poudre aux yeux.

« Nos MRC ne seront qu’avisées plutôt que consultées et leurs capacités d’interdire des forages dans certaines zones ne sont que théoriques, puisque nous devons respecter les permis actuels qui couvrent la plus grande partie de nos territoires. »

Deux puits au Centre-du-Québec

M. Langelier affirme par ailleurs que les municipalités perdent aussi leurs compétences sur les puisements d’eau réalisés par les compagnies gazières.

Actuellement, 1000 puits sont exploités au Québec. De ce nombre, deux puits très profonds sont à Drummondville et à Notre-Dame-du-Bon-Conseil.

En début de semaine, un sondage réalisé par la firme Som dévoilait que le deux tiers des Québécois s’opposent au projet de loi 106. Pour Carole Dupuis, porte-parole du Regroupement vigilance hydrocarbures du Québec, une chose est claire. « Le gouvernement s’entête dans une démarche où il n’a aucune légitimité. »

« Pierre Arcand n’écoute encore une fois que les gens d’affaires et les lobbyistes des sociétés gazières et pétrolières. »

Hugues Bonenfant, du Comité de citoyens de Saint-Valérien-de-Milton, a laissé savoir que 5000 signatures avaient été inscrites à une pétition d’opposition lancée récemment. « C’est très significatif et cela illustre l’immense opposition des citoyens à l’orientation actuelle du gouvernement en faveur des hydrocarbures. »

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