Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Syndicalisme

Congrès de la FTQ : 15$ de l'heure, transition énergétique et action politique (entre autre)

Lire au bas d’article le document : "Déclaration de politique sur les changements climatiques"

Le congrès de la FTQ qui s’est déroulé du 28 novembre au 2 décembre dernier a réuni quelques 1000 déléguées et délégués au Palais des congrès à Montréal. Plusieurs questions ont retenu l’attention, en particulier les débats concernant les enjeux énergétiques et économiques ainsi que celui concernant le partenariat public privé dans les infrastructures publiques.

Action syndicale et populaire

Sur le terrain de la lutte syndicale, les déléguées et délégués ont adopté une résolution visant à organiser des États généraux sur le syndicalisme en 2017, soulignant qu’une telle décision avait déjà été prise au congrès de 2013. Considérant que l’application du 15 $ de l’heure est un moyen pour freiner la hausse des inégalités, pour favoriser la justice sociale et pour réduire la pauvreté au Québec, de façon unanime les membres réunis en congrès ont voté en faveur d’une résolution affirmant l’importance de poursuivre la campagne pour un salaire minimum horaire à 15$ en collaborant avec les autres campagnes sur le terrain. La FTQ poursuivra les pressions auprès des gouvernement fédéral et provincial afin que ces derniers haussent dès que possible le salaire minimum à 15 $ l’heure.

Transition énergétique [1]

Les congressistes ont également adopté la déclaration de politique sur les changements climatiques et les résolutions qui en découlent. À cet effet il a été résolu que la FTQ et ses affiliés encouragent dans le cadre des accords commerciaux internationaux la prise en compte des niveaux d’émission de GES dans l’établissement des tarifs douaniers, revendiquent des mesures pour soutenir la conversion des industries afin de réduire leurs émissions de GES, encouragent la mise en place de comités paritaires dédiés à l’environnement à un niveau local et incitent les entreprises à trouver des moyens de moderniser les équipements ainsi que les façons de faire pour réduire les émissions de GES.

La déclaration de politique prévoit que la FTQ exige du gouvernement québécois qu’il mette fin à ses politiques d’austérité, qu’il hausse ses revenus et qu’il adopte une approche plus interventionniste dans la lutte contre les changements climatiques en mettant sur pied un ambitieux plan de transition qui soit cohérent, structuré et adéquatement financé. La FTQ revendique aussi l’électrification et le développement du transport collectif ; la mise en place d’infrastructures vertes ; l’intensification de la construction en bois ; la rénovation écoénergétique ; la modernisation des entreprises ainsi que d’autres mesures d’efficacité énergétique, et ce, en concertation avec le mouvement syndical et la société civile. Elle encourage le gouvernement à utiliser non seulement la bourse du carbone, mais toute la panoplie d’instruments à sa disposition, ce qui peut inclure des lois, des règlements, des mesures fiscales et des investissements.

La FTQ demande par ailleurs des études d’impact sur l’emploi pour l’ensemble des régions du Québec : à cet effet elle exige entre autres la mise sur pied d’une politique industrielle résolument verte ayant pour objectifs, entre autres, la réduction des émissions de GES des entreprises, le développement de nouveaux secteurs verts, l’accroissement des activités de 2e et 3e transformations, le développement économique des régions et la relance du secteur manufacturier. Elle demande également au gouvernement fédéral que le régime d’assurance-emploi soit bonifié de manière à soutenir adéquatement les travailleurs et les travailleuses victimes de transformations structurelles liées à des mesures de lutte contre les changements climatiques. Elle revendique également des mesures d’adaptation telles que la formation et des services de reclassement et des mesures de soutien du revenu spécifiques afin que les travailleurs et les travailleuses puissent s’adapter aux nouveaux emplois découlant de la transition.

Les déléguées et délégués en congrès ont également décidé de maintenir la participation de la FTQ aux débats environnementaux afin de faire valoir les intérêts des travailleurs et des travailleuses et pour convaincre la population de la nécessité d’une transition juste. Finalement, la FTQ organisera un événement sur la crise climatique et l’emploi, de concert avec les organisations de la société civile, dans le but de faire pression sur le gouvernement québécois lors des prochaines élections.

Action sociale et politique

PPP sociaux

Le débat concernant les investissements PPP Fonds de solidarité FTQ a préoccupé les membres délégués qui craignaient une substitution aux nécessaires investissements gouvernementaux dans l’infrastructure.

Le rapport des commissions avançait que « les politiques d’austérité ont eu des impacts sur l’évolution des plans québécois des infrastructures qui présentent les intentions gouvernementales sur dix ans. Bien que le plan 2016-2026 indique une hausse minime du budget total (0,3 %), la part du lion des investissements a été allouée au réseau routier ainsi qu’à des projets en cours comme le CHUM. Par conséquent, des secteurs névralgiques comme le transport en commun, le logement social et l’éducation ont pâti du désinvestissement public, fragilisant d’autant l’économie du Québec. Faute de ressources financières suffisantes pour maintenir les actifs en bon état, plusieurs infrastructures se sont gravement dégradées. Par exemple, certaines écoles sont dans un tel état de décrépitude qu’elles mettent en péril la santé des enfants et du personnel. Certaines doivent même être démolies.

La FTQ s’est attachée à démontrer dans le passé les risques inhérents aux PPP et à les dénoncer : les coûts plus élevés et leur dépassement répété, le manque de transparence, l’hégémonie des grandes entreprises, la hausse des tarifications et la perte de contrôle gouvernemental sur l’ensemble du projet. Aussi, la FTQ s’était fortement inquiétée du démantèlement des services publics et de leur dégradation, de la perte d’emplois syndiqués ainsi que de la détérioration des conditions de travail des employées et des employés affectés à ces services. »

Cependant le rapport stipule que « le Fonds de solidarité FTQ peut devenir un acteur sérieux dans l’édification d’infrastructures à vocation socio-économique. Contrairement à un PPP, le Fonds de solidarité FTQ et ses partenaires- assumeront tous les risques liés au développement du projet, à la construction, à la date de livraison de l’immeuble et aux possibles dépassements de coûts. Avant toute décision d’investissement, le Fonds réalisera un bilan social auprès de la commission scolaire ou de la municipalité visée et consultera les syndicats présents. C’est uniquement à la suite d’un bilan positif que le Fonds donnera son aval à chacun des projets analysés. Cette stratégie globale du Fonds, contrairement à un PPP, aura pour effet d’affermir l’emprise syndicale sur les projets et de consolider des emplois syndiqués. »

Mais ce projet représente une abdication à la lutte contre les politiques d’austérité du gouvernement. Cela signifie qu’on ne s’attaque pas à la source du problème que représentent l’évasion fiscale et les tractations financières dont profitent les initiés qui prive le gouvernement des ressources financières essentielles. La proposition d’appuyer le Fonds de solidarité FTQ dans la construction d’infrastructures socio­ économiques à condition que les services soient dispensés par le secteur public et que les emplois soient préservés, tout en tenant compte des préoccupations des syndicats concernés lors du bilan social a finalement été renvoyée au Conseil général de la centrale pour y être traitée.

L’action politique

Les membres de la FTQ ont donné leur appui à une réforme d’un mode de scrutin proportionnel mixte et à cette fin la centrale travaillera de concert avec les groupes qui prônent ce changement.

Concernant le projet de loi 110, le SCFP 301 représentant les cols bleus de Montréal a présenté une résolution d’urgence qui stipulait que cette loi restreint totalement et abusivement la liberté de négociation et le droit de grève pour plus de 100 000 travailleurs et travailleuses et attendu que l’ensemble des 81 députés présents du Parti libéral et de la CAQ ont voté en faveur de ce recul historique éhonté, tandis que l’ensemble des 27 députés du PQ et de QS nous ont appuyés jusqu’au bout en votant contre cette loi, QU’IL SOIT RÉSOLU de mandater nos dirigeants syndicaux de la FTQ de rencontrer le chef du Parti québécois et les porte-paroles de Québec solidaire pour qu’ils s’engagent électoralement à faire abroger cette loi rétrograde, Loi concernant le régime de négociation des conventions collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal (PL 110), dès leur accession au pouvoir.

Une autre résolution d’urgence concernant le conflit Canado-Américain sur le bois d’œuvre. Cette résolution demandait de faire les pressions nécessaires sur les gouvernements fédéral et provincial afin d’obtenir la mise en place d’un programme spécial d’assurance-emploi, l’accès à des garanties de prêts pour les entreprises, une campagne de promotion du régime forestier québécois et un plan d’action pour contrer l’industrie américaine en faisant des démarches aux États-Unis.


[1Document de la FTQ sur la transition énergétique, "Déclaration de politique sur les changements climatiques"

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André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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