« Ce qui importe également pour nous, c’est que ce plan doit faire l’objet d’une réflexion large où les multiples enjeux auront été considérés », affirme la présidente de la CSQ, Louise Chabot.

Des outils d’apprentissage parmi d’autres

Il faut comprendre que malgré ses immenses possibilités, le numérique représente une dépense colossale dans un contexte de compressions massives. Ce n’est certes pas la solution magique. Il demeure un simple outil pédagogique, et ce, même s’il est bien ancré dans la vie des élèves et dans celle de tous les citoyens.

La leader syndicale croit que l’on doit amener les jeunes à être critique relativement à l’usage du numérique. « Il faut les éveiller à une meilleure analyse face aux contenus, notamment les fausses nouvelles, les réalités alternatives, les formes de sociabilité dans l’univers des médias sociaux, les problèmes sociaux de la cyberdépendance, la cyberintimidation et toutes les autres formes de liens sociaux popularisés par le numérique. Bien sûr, dans cette démarche, le rôle du personnel scolaire est essentiel. »

L’importance des conditions gagnantes

Pour que les personnels enseignant, professionnel et de soutien puissent jouer leur rôle adéquatement, des conditions gagnantes sont requises, dont du temps pour maîtriser les outils et pour la formation. La CSQ tient à rappeler que de nombreuses études ont révélé que le personnel est ouvert à l’utilisation du numérique, mais ne dispose pas de conditions gagnantes pour arriver à en faire une utilisation optimale.

Louise Chabot en profite pour rappeler le fiasco des tableaux blancs qui, faute de ressources financières et de formation, n’ont pas su être l’outil merveilleux qu’on nous avait vendu, sauf pour le fournisseur ! De plus, ils n’ont pas fait leurs preuves pour augmenter la réussite scolaire.

« Pour toutes ces raisons, il est fondamental de faire un bilan des différents projets et initiatives liés au numérique dans les écoles, dont le projet École 2.0 sur les tableaux numériques, avant de développer un nouveau plan d’action. L’essentiel n’est pas tant l’introduction des outils numériques comme tels, c’est plutôt de s’assurer que leur utilisation pourra réellement contribuer à la réussite éducative. Par ailleurs, quand le ministre parle de codage et de programmation, est-ce qu’il envisage d’ajouter des contenus obligatoires dans le programme actuel ? Il devra alors réfléchir sur la question du curriculum global et consulter les acteurs pertinents à ce sujet », insiste la présidente.

Elle conclut en insistant sur « l’importance d’une consultation réelle et l’établissement de partenariats avec les syndicats dans l’élaboration du plan d’action. Il ne s’agit pas de faire appel à une centaine d’enseignants "audacieux" - ils le sont tous - il nous faut reconnaître l’audace et l’expertise professionnelle de l’ensemble des enseignantes et enseignants qui s’investissent quotidiennement dans la réussite des jeunes et sont prêts à utiliser tous les moyens pédagogiques dans l’atteinte de cet objectif. Pour ce faire, le gouvernement devra injecter les sommes nécessaires à la politique de réussite éducative ».