Édition du 26 mars 2024

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Financement du PLQ par le génie-conseil - Pour Québec solidaire, le gouvernement a remis les clés de la maison aux firmes

QUÉBEC, le 5 oct. 2011 /CNW Telbec/ - Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, remet en question l’indépendance du gouvernement face aux firmes de génie-conseil qui contribuent massivement à la caisse électorale du Parti libéral. « Comme l’a dit Jacques Duchesneau lors de son passage en commission, le gouvernement a remis les clés de la maison aux firmes de génie et le gouvernement n’est plus le seul maître des lieux », laisse tomber le député solidaire.

Lors de la période des questions, M. Khadir a rappelé les contributions politiques totalisant des millions de dollars en provenance des firmes de génie-conseil et l’admission de culpabilité d’Axor, qui avait mis en place un système de prêtes noms pour financer les partis.

« Moi, je ne peux m’empêcher de faire un lien entre ces contributions politiques massives et un certain nombre de décisions prises par le gouvernement. Il y a des retours d’ascenseur au plus haut niveau », juge le député de Mercier.

Très rapidement après leur arrivée au pouvoir, les Libéraux ont consenti des augmentations allant jusqu’à 30 % au taux horaire des honoraires versés aux firmes de génie. La politique de réingénierie de l’État menée par le gouvernement a eu comme résultat une augmentation drastique de la sous-traitance aux firmes privées. Le député solidaire rappelle également qu’Axor bénéficie énormément de la levée du moratoire sur les minicentrales décrété en 2006 par le gouvernement Charest. Quant à elles, SNC-Lavalin et CIMA+ se délectent des décisions prises par Hydro Québec de développer des projets non rentables comme La Romaine et Gentilly 2.

Les firmes de génie-conseil et la politique

La semaine dernière, Radio-Canada révélait que des donateurs liés à CIMA+ et SNC-Lavalin ont versé plus de 2,5 millions de dollars au Parti libéral du Québec (PLQ) et au Parti québécois (PQ) sur une période de 10 ans. Les données ont été compilées par l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec.

La firme CIMA+, dont le vice-président André Couturier a organisé les deux dernières campagnes électorales de Jean Charest dans Sherbrooke, a versé 918 210 $ au parti du premier ministre pendant cette période. Pour SNC-Lavalin, les dons totalisent 712 775 $. Ces deux firmes de génie réalisent de nombreux contrats financés par les deniers publics.

En août 2010, Axor reconnaissait avoir financé illégalement le PLQ, la PQ, et l’ADQ à hauteur de 150 000 $. Axor a décroché trois lucratifs partenariats avec Hydro-Québec pour des minicentrales sur les rivières Sheldrake, Franquelin et Sainte-Anne. Ces projets totalisent des achats de plus 32 millions de dollars d’électricité par année. De plus, la firme a bénéficié, en 2008, de 3,35 millions $ de contrats sans appel d’offres du ministère des Transports, seule ou en partenariat.

Les firmes de génie-conseil refusent de s’inscrire au registre des lobbyistes malgré les liens évidents qu’elles entretiennent avec les élus et les affaires importantes qu’elles font avec le gouvernement.

Lors de son passage en commission parlementaire, ainsi que dans son rapport, le chef de l’unité anticollusion, Jacques Duchesneau, s’inquiétait de la place prise par les firmes de génie : « Il n’est pas normal que les firmes de génie-conseil héritent d’autant de responsabilités et aient presque le monopole de la conception, de la surveillance des travaux du MTQ. C’est un système vicié. […] Cela m’amène à dire qu’à vouloir tout confier au privé, le MTQ a consenti à confier les clés de la maison à un nombre restreint de firmes, et il n’est plus le seul maître des lieux. »

Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Le mercredi 5 octobre 2011, 11 h 36

Salle Bernard-Lalonde (1.131), Hôtel du Parlement

(Onze heures trente-six minutes)

M. Khadir : Bonjour tout le monde. En Chambre, j’ai posé une question sur le financement sectoriel par des firmes d’ingénieurs deux partis au pouvoir. En bleu, vous voyez ici, le Parti québécois, en rouge, le Parti libéral. Ce qui est assez surprenant, c’est l’augmentation fulgurante des dons au Parti libéral, c’est une augmentation de 500 % sur moins de 10 ans. C’est beaucoup plus que tous les secteurs économiques du Québec, même des meilleurs.

La question qui a été posée au gouvernement, c’est : Est-ce que, oui ou non, ça peut avoir une influence sur les grandes décisions que prend l’État à différentes étapes ? J’ai souligné au ministre que, dès l’entrée au pouvoir du gouvernement Charest en septembre, le 14 septembre plus précisément, M. Charest annonce que la sous-traitance fait partie maintenant du mandat de tous les organismes de l’État. On va rentrer la sous-traitance dans l’État.
Un mois plus tard, Mme Jérôme-Forget, qui était à l’époque, je pense, présidente du Conseil du trésor, déclare qu’il fallait mieux rétribuer les firmes de génie-conseil privées, c’est-à-dire augmenter les taux horaires, les tarifs horaires. Des tarifs horaires qui ont grimpé jusqu’à 30 % pour certains de ces ingénieurs, entre 16 % et 30 % pour être plus exact.

Alors, j’ai demandé au ministre : Est-ce qu’il y a un lien entre le financement sectoriel et ce genre de décision ou encore est-ce qu’il y a un lien entre le financement sectoriel, firme de génie-conseil, constructeurs, qu’on sait maintenant avec nos nombreuses révélations, que dénonce d’ailleurs M. Duchesneau dans son rapport, et les décisions que prend le gouvernement de faire, par exemple, de la réfection de Gentilly-2, une vieille centrale nucléaire qui va être coûteux, qui va être ruineux, qui va produire une électricité qui n’est pas rentable, de la même manière dans La Romaine ? Gentilly-2, la soit dit en passant, c’est SNC-Lavalin essentiellement.

Est-ce que c’est la même raison qui a poussé le gouvernement à se lancer dans un méga projet de 8 milliards de dollars sur La Romaine qui détruit une de nos dernières rivières patrimoniale alors qu’on sait que ça va produire de - ça a été encore confirmé aujourd’hui par un économiste - qui va produire une électricité donc à perte pour le Québec ? Et on se rappelle, je l’ai répété à de nombreuses reprises depuis un an, j’en... La Romaine, c’est surtout des contrats aux entreprises de Tony Accurso aux entreprises liées à la famille de Franco Fava, un des financiers du Parti libéral.

Le ministre n’a pas dit mot, et le proverbe veut que « qui ne dit mot, consent ». Donc, j’en déduis que le ministre qui s’est levé, M. Vallières, à tout le moins, n’était pas en mesure de nier ces affirmations, que le financement sectoriel amène le gouvernement à prendre des décisions sur 10 ans, qui font en sorte qu’aujourd’hui, en quelque sorte, comme M. Duchesneau le déclarait, le gouvernement a remis les clés de la maison entre les firmes de génie-conseil. Il dit d’ailleurs dans son rapport : Il semble y avoir d’autres maîtres des lieux...

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M. Khadir : ...qui font en sorte qu’aujourd’hui en quelque sorte, comme M. Duchesneau le déclarait, le
gouvernement a remis les clés de la maison entre les firmes de génie-conseil. Il dit d’ailleurs dans son rapport : Il semble y avoir d’autres maîtres des lieux que le gouvernement lui-même. Merci pour votre attention.

M. Joannette (Daniel) : Mais est-ce que vous n’êtes pas en train de renverser le fardeau de la preuve ? Vous avez dit que le ministre n’a pas nié, mais il faut amener des preuves qu’il y a eu malversation.

M. Khadir : On aura les preuves.

M. Joannette (Daniel) : Vous dites : Il n’a pas nié, mais vous n’avez rien comme preuve à avancer.

M. Khadir : Bien, il y a au moins une des firmes... il y a au moins une des firmes qui l’a reconnu, Axor a reconnu cette... Vous savez qu’Axor, c’est l’un des plus petits joueurs, hein ?

M. Joannette (Daniel) : Mais dans toutes ces avancées...

M. Khadir : Dans le domaine des firmes de génie-conseil, c’est vraiment un junior par rapport à SNC-Lavalin et à Sigma Plus. Axor l’a reconnu, et d’après les propos qui ont été attribués à son président, c’était un peu à cause de son malaise. Axor au moins au eu l’honnêteté de reconnaître...

M. Joannette (Daniel) : Mais...

M. Khadir : ...qu’il y a un problème puis qu’il faut... Donc, il a reconnu le méfait qu’il avait utilisé un système frauduleux pour financer le Parti libéral, et on sait que toutes les décisions... la levée du moratoire sur les minicentrales profite à certaines entreprises comme Axor, comme BPR.

M. Séguin (Rhéal) : SNC-Lavalin s’est porté acquéreur d’Énergie atomique du Canada, du moins une partie importante. Est-ce que vous pensez que ses liens avec tant le gouvernement fédéral à Ottawa et ici, le Parti libéral au Québec, que c’est à raison de cela qu’ils font...

M. Khadir : Je ne connais pas ces liens avec les partis au pouvoir au niveau fédéral. J’imagine qu’une entreprise de la taille de SNC-Lavalin qui semble partager la même culture politique que toutes ces entreprises de sa dimension pratique actuellement au Québec, peut-être qu’au niveau fédéral ils ont les mêmes pratiques, mais en tout cas au Québec, c’est sûr que l’octroi d’un contrat de l’importance de Gentilly-2 par le gouvernement libéral donne des perspectives d’affaires suffisamment importantes pour que SNC ensuite, en tout cas ça a été un gros coup de pouce pour que SNC se porte acquéreur d’Énergie atomique du Canada qui quand même est un canard boiteux pour le gouvernement fédéral. Comprenez-vous ce que je veux dire ?
Autrement dit, l’acquisition d’Énergie atomique du Canada, c’est un risque financier majeur, même pour SNC-Lavalin. Or, il obtient du gouvernement québécois un beau contrat pour Gentilly-2. Moi, j’estime que c’est un gros coup de pouce. Ce n’est peut-être pas délibéré mais en tout cas, dans la mécanique des choses, ça semble une séquence qui est assez curieuse dans le temps.

M. Séguin (Rhéal) : Sigma Plus... vous avez... ils ont reçu quoi, selon vous ? Quel genre de grands contrats...

M. Khadir : Il y a plus qu’un an, on a démontré plusieurs contrats dont des contrats sans appel d’offres de Sigma Plus, surtout dans la construction routière et dans la construction d’infrastructures. Je n’ai pas les chiffres détaillés en main, mais si vous voulez, on vous l’offrira. Sigma Plus est très intimement associé aux entreprises de M. Accurso, par exemple dans toute l’infrastructure routière dans la région métropolitaine de Montréal, si vous prenez l’autoroute 15, là, ces deux-là sont souvent associés dans le même chantier.

M. Robitaille (Antoine) : Au-delà de la question des PPP, qu’avez-vous pensé des propos de Monique Jérôme-Forget qui disait que les firmes d’ingénieurs ne voulaient pas participer aux PPP ou voulaient tuer les PPP parce qu’elles voulaient frauder ? Est-ce que ce n’est pas...

M. Khadir : Bien, elle vient un peu confirmer...

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M. Robitaille (Antoine) : ...de la question des PPP, qu’avez-vous pensé des propos de Monique Jérome-Forget, qui disait que les firmes d’ingénieur ne voulaient pas participer aux PPP ou voulaient tuer les PPP, parce qu’elle voulait prôner...

M. Khadir : Elle vient un peu confirmer... je lui signale simplement qu’elle a été un peu l’artisan elle-même, elle était au coeur du projet de réingénierie de l’État qui a permis... comme M. Duchesneau l’a dit, les failles de la réingénierie ont permis cette prise de contrôle par les firmes privées. Alors, elle n’a elle-même qu’à blâmer. Mais je pense que son analyse est quand même juste parce que je l’ai vérifié auprès de certains ingénieurs. C’est sûr qu’après avoir investi tant d’argent dans les partis au pouvoir, les firmes d’ingénieurs, s’ils ont suffisamment d’entrée au pouvoir, le contrôle sur les orientations du gouvernement, pourquoi est-ce que ces ingénieurs accueilleraient une compétition avec d’autres firmes d’ingénierie internationaux ? Donc, ça peut se comprendre. Voilà les contradictions de ce système.

M. Moalla (Taïeb) : ...pouvez-vous parler un peu plus de ça ? Qu’est-ce que vous insinuez par là ?

M. Khadir : Écoutez, le gouvernement Charest arrive au pouvoir. Cinq mois plus tard, le 14 septembre, le premier ministre dit : On va sous-contracter, un peu ce que dénonce M. Duchesneau, il dit : C’est en sous-contractant à l’excès, en remettant la conception, la surveillance et la réalisation des projets entre les mains du privé qu’on est dans une situation... on a perdu la capacité de contrôle et l’expertise. Or, c’est des décisions qui ont été prises très tôt après la venue au pouvoir du Parti libéral. Mme Jérôme-Forget ensuite augmente leur taux horaire.

D’ailleurs, dans un reportage, c’est assez similaire comme situation, qu’un de vos collègues, ici présent, a fait sur Hydro-Québec, sur Gentilly-2. On voit exactement le topo, c’est un projet d’Hydro-Québec, Gentilly-2, sauf que toute la réalisation du projet est donnée à des firmes de génie-conseil privées, qui embauchent les mêmes ingénieurs d’Hydro-Québec, leur paient 80 $, plutôt que 50 $, qui est le tarif à l’interne d’Hydro-Québec, mais empochent 120 $ de l’heure. Est-ce que je me trompe, c’est 120 $ ou 140 $ ? C’est à peu près dans ces chiffres-là.

Mais, pour réaliser ce que l’ingénieur d’Hydro-Québec dénonce ? Il dit : C’est notre projet, c’est nous qui l’avons conçu. On l’a conçu. C’est nos propres ingénieurs qui ensuite sont recrutés, donc perte d’expertise, par les firmes de génie-conseil, puis ils nous facturent plus que le double pour sa réalisation.

M. Moalla (Taïeb) : Mais ça, ça montre que le gouvernement est main dans la main avec le génie-conseil ?

M. Khadir : La question qui se pose... Regardez, une commission d’enquête va nous donner une réponse précise là-dessus, c’est ce qu’on veut, mais la question que j’ai posée au ministre, j’ai dit : Est-ce que vous pouvez nier donc qu’il y a un lien ? Pourquoi les entreprises, juste deux d’entre elles, donnent 2,5 millions de dollars au parti au pouvoir sur 10 ans ? Si on fait le compte de toutes les entreprises, là, c’est des chiffres qui augmentent de manière importante, on n’a juste pas eu les ressources pour le faire. Alors, la question qui se pose : Pourquoi ces entreprises donnent autant ?

M. Moalla (Taïeb) : Ce n’est pas les entreprises qui donnent, c’est les gens qui sont dans les entreprises.

M. Khadir : Bien, écoutez, il y a un profil systématique aujourd’hui en cours. Axor l’a reconnu, d’autres ont exactement le profil. Ce que le Directeur général des élections a dit, c’est que « je suis dans l’incapacité avec les moyens que j’ai, de prouver », mais c’est le même profil.

M. Boivin (Simon) : M. Khadir, quand on regarde le décret de 1993, ensuite, le décret de 2003, il y a une période de 10 ans à l’intérieur de laquelle on comprend qu’il y a eu...

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M. Khadir : ...que le Directeur général des élections a dit, c’est que je suis dans l’incapacité avec les moyens que j’ai de prouver, mais c’est le même profil.

M. Boivin (Simon) : Mais, M.Khadir, quand on regarde le décret de 1993, ensuite le décret de 2003, il y a une période de 10 ans...

M. Khadir : Oui.

M. Boivin (Simon) : ...à l’intérieur de laquelle on comprend qu’il n’y a eu aucune augmentation, et là, on a une augmentation de 30 %. Ça équivaut à 3 % par année en somme.

M. Khadir : Je l’ai comparée, moi.

M. Boivin (Simon) : Est-ce que c’est exagéré une augmentation de 3 % par année ?

M. Khadir : Je l’ai comparée, voici ce qu’on a obtenu, même si vous reculez de 10 ans puis vous... disons qu’on donne le bénéfice du doute au gouvernement, Mme Jérôme-Forget, ça fait quand même 30 % alors que, sur une période de... en fait de 2002... je m’excuse, 2003, même en incluant la partie qui a été décidée par le Parti québécois avant puis que le gouvernement a entérinée, vous additionnez ça à toutes les augmentations qu’ont eues les autres employés de l’État québécois, ça fait 8 %. Il y a une marge.

M. Boivin (Simon) : De 1993 à 2003, les autres employés de l’État...

M. Khadir : Oui. Je comprends. C’est étalé sur 10 ans. Je vous dis qu’il y a un autre étalement qu’on peut faire. Entre 2003 et 2009, ça fait six ans. Sur six ans, c’est 8 %. Donc, faites les comparaisons, ça ne tient pas la route. Je veux dire, il y a une exagération et il y a un favoritisme assez évident dans ça. Alors même que le gouvernement à ses début, rappelez-vous, M. Charest parlait d’un trou dans le... dans la balance de l’État de plusieurs milliards de dollars puis de l’importance de se serrer la ceinture, puis les premières décisions annoncées, c’était des coupes, puis c’était le gel de salaire des employés de l’État en 2004 et en 2005. Alors, au moment où il tient ce discours-là, il augmente les ingénieurs. C’était quoi l’urgence d’augmenter les tarifs horaires des firmes d’ingénieurs privées ? C’était quoi... c’était quoi l’urgence ?

M. Boivin (Simon) : Vous avez posé la question. Mais est-ce que vous faites l’équation ? Donc, les firmes d’ingénieurs ont donné 2,5 millions donc le gouvernement est assujetti aux firmes d’ingénieurs.

M. Khadir : En fait, le silence du ministre en ne répondant pas, en ne niant l’affirmation que je faisais, je pense, viens corroborer ces doutes que tout le monde a aujourd’hui, que, comme M. Duchesneau le dit, le gouvernement a remis les clés de la maison entre les mains des firmes privées, des firmes d’ingénieurs ou des entreprises de construction. Donc, si le gouvernement n’est pas d’accord avec mon interprétation qu’il déclenche une enquête publique.

M. Laforest (Alain) : Qu’est-ce que vous pensez de la main tendue de M. Dutil ce matin ?

M. Khadir : Vous avez vu une main tendue ? Expliquez-moi.

M. Laforest (Alain) : Bien, il a demandé l’aide de l’opposition...

M. Khadir : Ah ! oui, pour reconnaître...

M. Laforest (Alain) : ...pour reconnaître...

M. Khadir : ...pour reconnaître qu’il y a des problèmes avec la commission d’enquête publique. Écoutez, je pense que c’est des... c’est des affirmations qui ne tiennent pas la route. La première de ces affirmations, c’est l’immunité ou l’impunité. Mais je signale quem dans toutes les commissions d’enquêtes que je connaisse, pour le peu que je connais, et les commission d’enquêtes que M. Duchesneau énumère à la fin de son rapport ailleurs : en Australie, en Allemagne, en Corée du Sud, partout, il y a, pour chercher les gros morceaux exactement comme dans les enquêtes criminelles, pour chercher les principaux responsables, pour atteindre les chefs de réseaux, pour atteindre les principaux coupables, on offre une immunité aux délateurs, à ceux qu viennent témoigner. Ça fait partie des mécaniques habituelles. Parfois même certaines commissions publiques quand il en va de l’intérêt national puis on veut absolument mettre fin au système...

22-Imprimé le 5 octobre 2011 à 14:39 Fin R-PP1005.066

M. Khadir : ...les chefs de réseau, pour atteindre les principaux coupables, on offre une immunité aux délateurs, à ceux qui viennent témoigner. Ça fait partie des mécaniques habituelles. Parfois même, certaines commissions publiques, quand il en va de l’intérêt national, puis on veut absolument mettre fin au système, qu’on ne veut plus qu’il continue, on offre la clémence à tout le monde. Mais on n’a même pas besoin de ça, il suffit d’avoir une commission d’enquête publique où plein d’intermédiaires actuellement, dans tous les cadres, qui ont agi à travers toutes ces années à la fois dans le financement du Parti libéral, mais aussi des firmes de construction, de génie-conseil ou ailleurs, bien, on pourrait leur donner un peu d’immunité pour épingler les Tony Accurso de ce monde, les Franco Fava de ce monde, les Marc Bibeau de ce monde.

M. Laforest (Alain) : Dans le fond, ma question, c’est : Qu’est-ce que ça signifie, ce changement d’attitude ? Parce que ça fait deux ans que l’opposition réclame une enquête publique, puis là le gouvernement...

M. Khadir : Bien, je pense que...

M. Laforest (Alain) : ...tend la main à l’opposition en disant : Trouvez-nous une façon, trouvez une façon de tenir...

M. Khadir : Je pense que la pression monte à l’intérieur même du Parti libéral. Il y a plusieurs indicateurs au cours des derniers jours qui nous le montrent : la démission du rédacteur des discours de M. Charest, les déclarations de M. Poupart, la volte-face du parti, qui ne voulait pas parler de la commission d’enquête lors de leur congrès, mais qui finalement vont en parler. Tout ceci montre que le Parti libéral commence à ressentir la pression que par ailleurs on observe nous-mêmes.

M. Journet (Paul) : Est-ce que vous pensez qu’ils essaient d’acheter du temps en agissant ainsi ?

M. Khadir : C’est ce que fait le Parti libéral depuis deux ans, mais je pense que le Parti libéral doit réaliser qu’il ne reste pas grand temps jusqu’aux prochaines élections. Et qu’il ne compte surtout pas sur nous pour lui laisser filer avec ça ! S’il pense que c’est fini avec le dépôt du rapport de M. Duchesneau, bien, je pense, il ne perd rien pour attendre.

M. Moalla (Taïeb) : Sur la question des cégeps, M. Khadir, la...

M. Khadir : Oui. Anything in English ?

M. Duboyce (Tim) : Yes. Actually, can I just bring you back to your theme ? I want to ask you very specifically... You probably saw this story this morning in Le Devoir. It says Genivar is predicting that within 10 years Government policy will change as far as development of oil rigs and that the Gulf of St. Lawrence will be full of oil rigs in 10 years. Is this an example of what you’re talking about ?

M. Khadir : Well, unfortunately, preparing my question, I didn’t even have time to see the first page of Le Devoir. It’s my error. But I’m... I want to...

Une voix : It’s terrible !

M. Khadir : But I realize that it might have helped a lot, because there seems to be, from what you say, that Genivar knows in advance the orientations of our Government. Genivar is one of those who’s financing the Liberal Party. Yes.

M. Séguin (Rhéal) : And is that an indication of how engineering firms dictate public policy ?

M. Khadir : Well, everything that we see is an indication. I have indicated that, for Québec, producing electricity by renovating the nuclear plant of Gentilly-2 is ruining. Not only it’s environmentally disastrous and dangerous because it’s an old technology, but it’s also not « rentable »...

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M. Khadir : ...electricity by renovating the nuclear plant of Gentilly-2 is ruining. Not only it’s environmentally disastrous and dangerous, because it’s an old technology, but it’s also not « rentable », not...

Une voix : Profitable.

M. Khadir : ...profitable. Same thing... This is 2 billion dollars. Add to that four dams over La Romaine, environmentally controversial, but also not profitable, 8 billion dollars projects. So over 10 billion... just two projects of 10 billion. We’re doing things that don’t... are not sound economically. No government would do that if there is not an orientation dictated which contrary to public interest. Because what we’re doing in Gentilly, what we’re doing in La Romaine with bid hydroelectric dams are not sound from then public interest point of view. So there must be the interest of somebody else. So, what... Where do we look ? We look to who are defining the interest of the Liberal Party. These are who are defining the interest of the Liberal Party. See how the financing of the Liberal Party has exploded over a period of six years, from about 50 000 $ - just for two firms. I’m not counting in that a lot of other firms that are involved - from 50 000 $ coming from them to more than 250 000 $. So, it’s a growth of 500 %. Do you know very much business in Quebec which have seen such a growth in the six last years ?

Mme Bryan-Baynes (Elysia) : Do you notice a difference in the tone of the government with regards to holding a public inquiry ?

M. Khadir : Yes. The government, by changing a bit it’s attitude, is showing that they are now cracking a little bit. There have been several indications in the last few days. The one who is writing the « discours »...

Une voix : The speech writer.

M. Khadir : Yes, the speech writer of the Prime Minister has mentioned conscience problems. A very prominent liberal organizer has said that we have to have a response to that. It’s not acceptable. And now, even the party has decided to change attitude and discuss it in a few weeks in their congress. And I think it’s because they’re realizing that denying the necessity of a public inquiry is doing more damage to them than opening up. Because they are going to ruin the Liberal Party if they continue to deny, and deny, and deny. It would be even more ruinous for the future of the Liberal Party of Quebec. And that’s my message. I mean, we need the leadership of the english community, which has historical links with the Liberal Party. We are looking for leaders in the english community to come up and to speak up and say we have to change attitude.

M. Duboyce (Tim) : Your messages is : Save the Liberal Party ?

M. Khadir : Well, it’s not mine, but it’s the party which is represented. I think I’m not erroneous in saying that, which has represented the interest of the english community, of a lot of allophones, you know, non francophones. So, it’s time that leaders from these communities rise up and speak out.

Mme Bryan-Baynes (Elysia) : Do you think the public wants the inquiry so much see a whole bunch of people get immunity ? You were mentioning that in french.

M. Khadir : That’s not a problem, you know. In every criminal inquiry...

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M. Khadir : ...non-francophones, so, it’s time that leader from this community rise up and speak out.

Mme Bryan-Baynes (Elysia) : Do you think the public wants the enquiry so much so that they’ll be willing to see a hole bunch of people get immunity ? You were mentioning that in French.

M. Khadir : That’s not a problem, you know, in every criminal inquiry their are a certain number of witness to which we give immunity in order to, you know, get the main criminals. So, that’s the same thing. What’s the difference ? The government is just... that’s a false problem.

M. Moalla (Taïeb) : ...cégep en français ?

Le Modérateur : Taïeb Moalla.

M. Khadir : Oui.

M. Moalla (Taïeb) : Oui. Donc, la déclaration de M. Legault sur le fait que lui, il verrait bien une possible abolition à long terme des cégeps et tout ça, vous comment vous voyez ça ?

M. Khadir : M. Legault fait parfois de ces déclarations malhabiles. Je m’étonne, je dirais, du caractère un peu improvisé de ce genre de déclaration. De toute évidence, il n’a pas beaucoup réfléchi avant de dire ces choses-là. D’ailleurs, je pense qu’il insiste lui-même pour ne pas trop réaborder la chose, puis il veut l’oublier, alors laissons-le tranquille. Ce qui est certain, c’est que moi, je suis fier d’avoir étudié dans le système public où il y avait des commissions scolaires. Je suis fier d’avoir étudié dans le cégep public qui fait que j’ai réussi à faire des études en physique, en médecine, et qu’aujourd’hui je représente un parti à l’Assemblée nationale, puis je pense que M. Legault devrait lui aussi être fier des cégeps, parce que je pense qu’il a étudié là lui aussi.

M. Moalla (Taïeb) : Et les premiers joints qu’on fume au cégep, ça, c’est... ça, c’est une bonne chose, ou...

M. Khadir : Je ne peux pas vous donner plus d’information que M. Legault sur les premiers joints de M. Legault ou de moi-même.

M. Robitaille (Antoine) : Avez-vous inhalé dans votre cas ? Est-ce que vous l’avez inhalé ?

M. Khadir : Je n’ai jamais, en tout cas, exhalé. Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 55)

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