Édition du 16 avril 2024

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États-Unis

Le Président Trump crée l’Office d’enregistrement des crimes commis par des immigrants-es ; une vieille méthode nazie

Introduction
Durant son discours devant le Congrès réuni, (le 28 février 2017), le Président Trump a annoncé la création d’un nouvel Office nommé Victims of Immigration Crime Engagement (VOICE). Il avait déjà demandé au Département de la sécurité intérieure, (Homeland Security) de publier une liste des crimes commis par des immigrants-es. Certains historiens-nes comparent cela à des politiques de l’Allemagne nazie qui publiait des listes de crimes commis par les Juifs-ves. Voici les commentaires de Mme Andrea Pitzer auteur d’un livre qui sera en vente bientôt : One Long Night : A Global History of Concentration Camps. (Et de J. Sachs).

Democracy Now, premier mars, 2017,
Traduction et organisation du texte, Alexandra Cyr,

(…)
Amy Goodman : Professeure Hernandez quel est votre commentaire ? Le Président Trump ne cesse de répéter que les immigrants-es commettent plus de crimes (que le reste de la population).

Kelly Lytle Hernandez : Eh ! bien, les faits le contredisent. Nous avons beaucoup de recherches à notre disposition venant, entre autre du Pew Center, des chercheurs-es du groupe TRAC à l’Université de Syracuse et beaucoup d’autres qui ont démontré à répétition que les immigrants-es commettent moins de crime que les citoyens-nes américains-es nés-es au pays. Le Président souligne cette idée pour diaboliser toute une population soit les Musulmans-es et les Latinos. Je soupçonne que c’est pour soutenir sa politique plus large de restriction de l’immigration.

Mais, c’est un fait historiquement familier. Ce genre de campagnes de criminalisation ont toujours précédé l’exclusion des immigrants-es. Nous pouvons remonter à la loi d’exclusion des Chinois-es (Chineese Exclusion Acts). La population, particulièrement dans l’ouest américain, a diabolisé les immigrants-es chinois-es les accusant de faire le trafic de l’opium et cela a mené à la loi d’exclusion des Chinois-es et leur déportation massive. Au début du 20ième siècle les Italiens-nes ont été diabolisés-es taxés-es d’être biologiquement criminels-les et inférieurs-es. Cela a mené à la loi de contrôle de l’immigration et à celle sur les origines nationales en 1924. Elles interdisaient aux Italiens-nes d’entrer aux États-Unis. Donc, il y a une continuité historique.

A.G. : Des universitaires expliquent aussi que la proposition du Président Trump rappelle la politique de l’Allemagne nazie où l’Institut de recherche nazie sur la question juive tenait des registres des crimes commis par les Juifs-ves. Récemment, nous avons discuté avec Andrea Pitzer dont le prochain livre est intitulé : One Long Night : A Global History of Concentration Camps.

Andrea Pitzer : Cette annonce nous rappelle un certain nombre de choses du passé, des choses que nous avons déjà vues. Il s’agit d’isoler, d’identifier et finalement de diffamer une minorité vulnérable pour la transformer en ennemie. Je viens de relire les discours du Président depuis l’annonce de sa candidature. Son commentaire qualifiant les Mexicains de violeurs était là dès le début. Donc, c’est devenu un de ses thèmes constants. Si nous nous intéressons à l’Allemagne nazie, nous pouvons voir qu’il y avait un journal nazi appelé Der Stürmer. Ce journal avait une section appelée « Boite aux lettres ». Le lectorat était invité à y acheminer les histoires de soit disant crimes juifs. Le journal les publiait ; elles comprenaient des illustrations horribles de ces crimes. Il existait aussi une sorte de version épurée de cette chronique, une sorte de racisme moins dur dans le magazine Neues Volk qui pouvait ressembler aux magazines Look ou Life et qui mettait l’accent sur de belles familles aryennes dans leurs belles maisons. Mais il publiait aussi des reportages intitulés « Le Juif criminel » et des photos de personnages « d’allure juive » comme il était stipulé. Donc, des gens représentant différentes sortes de crimes « juifs » auxquels la population devaient faire attention. C’est une préoccupation complètement centrée sur les crimes d’une partie de la population décrite comme dépravée et anormale comparativement à l’ensemble de la population. C’est quelque chose que nous avons beaucoup vu dans le passé.
(…)
Jeffrey Sachs : Ce qui était très intéressant pour moi, c’est que lorsque (le Président) a fait cette annonce, il y a eut comme un gémissement, un grognement à travers lasalle, pas d’applaudissement, rien. Parce que c’est tellement absurde, si évidemment faux que les Républicains-es qui sautaient littéralement à la moindre imbécilité, non pas bougé. Le non sens était poussé trop loin.

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