Édition du 26 mars 2024

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Luttes syndicales

Un amalgame douteux et trompeur qui fausse la réalité

Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) condamne vigoureusement les conclusions d’une « étude » de l’Institut Fraser. Celle-ci affirme que les employés du secteur public gagnent un salaire de 9,1 % supérieur en moyenne à celui des employés comparables du secteur privé.

Les années se suivent et se ressemblent ! Encore une fois, l’Institut Fraser induit dangereusement le public en erreur, car il ne fait aucune distinction entre les fonctionnaires provinciaux, municipaux et fédéraux. Pourtant, ces deux derniers ont une rémunération globale de 18,7 % à 41,5 % supérieure à celle des fonctionnaires provinciaux.

Plutôt que d’effectuer de simples amalgames qui faussent la réalité, l’Institut Fraser devrait se pencher avec rigueur sur les résultats des enquêtes de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Ce faisant, l’Institut Fraser constaterait que le salaire des employés de l’administration publique québécoise est inférieur de 9,3 % à celui de l’ensemble des autres salariés du Québec.

En retirant son voile de « think tank » de droite, l’Institut Fraser constaterait ainsi que les employés de l’administration québécoise sont les parents pauvres du secteur public. Si cette organisation se dit vraiment sérieuse, elle devrait revoir sa façon de réaliser ces fameuses études. Grassement pourvu par les mieux nantis de la société, cet organisme se drape d’apparence « d’Institut de recherche » pour servir de prétexte à la mise en place de politiques économiques qui favorisent ses pourvoyeurs.

En effet, l’étude de l’Institut Fraser se concentre sur la comparaison des salaires, mais elle ne calcule pas la rémunération globale par heure travaillée. Ces résultats ne couvrent donc qu’un nombre très restreint d’éléments faisant partie de l’enveloppe de rémunération. L’approche méthodologique retenue par l’Institut est basée sur l’enquête sur la population active de Statistique Canada. L’étude est donc complètement faussée, car on ne compare pas des situations comparables.

À l’approche des budgets fédéral et provincial, ces « think thanks » à la solde du 1 % des plus riches et des grandes entreprises qui les financent continuent d’utiliser de façon partiale les chiffres afin d’encourager le désinvestissement dans le secteur public. En tentant de faire croire aux contribuables qu’ils paient trop cher les employés de l’État, ces princes des vertus des banques et des grandes entreprises qui les financent continuent, à grand renfort de mensonges, d’inviter les gouvernements à détruire les services publics du Québec.

La recette est déconcertante de simplicité : d’abord endetter les gouvernements pour sauver les grandes banques et géants de l’automobile des conséquences de leur propre incurie. Ensuite, justifier de sabrer les services publics au nom du retour à l’équilibre budgétaire, devenu soudainement religieusement important – en fait au Québec ce sont des surplus avec le Fonds des générations. Puis, réinvestir ces surplus par des baisses d’impôts qui minent la capacité du gouvernement de réinvestir dans les services publics et qui profitent aux mieux nantis, leur permettant ainsi d’investir leurs surplus en spéculations bancaires et boursières. Avec en plus, la possibilité d’envoyer facilement les profits engrangés dans des paradis fiscaux !

Quand cesserons-nous d’être aussi facilement dupés ?

Richard Perron

Président

SPGQ

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