Édition du 16 avril 2024

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Cols bleus de Toronto, des négociations sur un fond d’offensive antisyndicale

C’est dans un contexte d’offensive antisyndicale que les cols bleus de Toronto ont entrepris les négociations. Le maire Rob Ford conscient du rapport de force en sa faveur a menacé le syndicat d’imposer sa dernière offre s’il n’y avait pas de règlement avec le syndicat ou de décréter un lock-out.

À l’été 2009, les cols bleus de Toronto incluant les éboueurs déclenchent une grève pour protester contre les demandes de l’administration de David Miller qui réduisait la sécurité d’emploi et modifiait les critères d’ancienneté. Le président du local 416 du SCFP Mark Fergusson avait déclaré à ce moment : « L’acceptation des concessions signifierait que des employés plus anciens perdraient leur emploi alors que des plus jeunes pourraient continuer à travailler. » Les syndiqué-e-s ont dû faire la grève pendant cinq semaines pour arriver à un règlement, mais l’état nauséabond de la ville a permis d’alimenter une vague de mécontentement au sein de la population. Lors de l’élection de 2010, les Torontois élisent massivement Rob Ford, qui promet notamment de privatiser la collecte des ordures dès 2012.

Une grève similaire de deux semaines avait eu lieu en 2002 mais à ce moment le gouvernement provincial était intervenu au moyen d’une loi spéciale forçant le retour au travail.

C’est dans ce contexte que les cols bleus ont entrepris les négociations. Le maire Rob Ford conscient du rapport de forces en sa faveur a menacé le syndicat d’imposer sa dernière offre s’il n’y avait pas de règlement avec le syndicat ou de décréter un lock-out. Cette convention imposée incluait entre autres l’arrêt de la collecte des cotisations syndicales et la sécurité d’emploi après 22 ans d’ancienneté. Le syndicat a proposé un règlement qui faisait passer la permanence de 10 à 15 ans. Selon John John Cartwright, président du conseil du travail de Toronto, malgré cette concession le gel de l’embauche des dernières années fait en sorte que 80% des employé-e-s continueront d’être couverts par la sécurité d’emploi, ce qui représente encore un rempart contre les projets de privatisation du maire Ford.

L’administration du maire Ford menaçait également les 500 employé-e-s qui avaient reçu un avis de mise-à-pied d’être carrément mis à la porte sans bénéficier des droits de supplantation ou de redéploiement prévus normalement à la convention collective puisque celle-ci n’était plus en force.
Les cols bleus obtiennent en contrepartie des hausses salariales totales de 4,5 % et un bonus, le tout équivalant à 6 %, échelonnées sur quatre ans. Cependant les bonus ne sont pas comptabilisables dans le calcul des prestations de retraite. Ils préservent également les congés de maladie. Mais les modifications d’horaires qui conduiront au transfert de 20% des effectifs des ambulanciers à des emplois à temps partiel pèseront lourd dans la balance.

La bataille n’est cependant terminée, les employé-e-s de bibliothèque sont plus affectés par la baisse de sécurité d’emploi à 15 ans parce que généralement plus jeunes, comme pour la plupart des employé-e-s de bureau. La section locale 4948 du SCFP prendra d’ailleurs un vote de grève la semaine prochaine.

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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