Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Politique québécoise

Pour mieux comprendre la logique de Monsieur Aussant

Où va donc Jean-Martin Aussant avec son Option nationale ? Lorsqu’on examine son programme, on croit que lui et son parti s’orientent nettement à gauche. Lorsqu’on lit différentes entrevues, il en ressort qu’une fusion avec le PQ serait possible si ce dernier plaçait la souveraineté au centre de son combat. Dans son entrevue au Devoir, si ses propos sont rapportés fidèlement, il ajoute même que le débat gauche-droite devrait être fait après l’indépendance.

Pourtant, on ne se trompe pas en affirmant que de nombreuses propositions d’Option nationale se rapprochent du programme de Québec solidaire. En économie, Option nationale prône la nationalisation des ressources naturelles et leur transformation locale ; l’électrification des transports collectifs ; la création de la Banque du Québec ; au niveau politique, il défend la réforme du mode de scrutin et la décentralisation régionale ; au niveau de l’Éducation, ce parti avance la gratuité scolaire de la maternelle au doctorat ; en santé, il souhaite le renforcement du caractère public et universel du système de santé et la création de Pharma Québec pour la gestion des produits pharmaceutiques… Il reste bien sûr nombre de divergences. Les énoncés sont rapides et les argumentations peu explicites. Mais tout de même !

Alors pourquoi, Jean-Martin Aussant soutient-il qu’une fusion est plus probable avec le PQ qu’avec Québec Solidaire ? Tout simplement parce que ce programme économique et social n’a rien d’essentiel pour lui. L’essentiel, c’est que la mission d’Option nationale est de faire prendre un cours nouveau au PQ particulièrement sur la question nationale en s’appuyant sur l’organisation des indépendantistes et des progressistes. L’essentiel, pour Jean-Marie Aussant est que la reconstruction du mouvement souverainiste agissant passe par le redressement du PQ. Il peut donc facilement vivre avec un écart profond entre le programme de son parti et celui du PQ.

Que conclure ?

Pour lui, toutes les positions programmatiquement progressistes ressemblant au programme de Québec solidaire ne sont pas essentielles. Elles s’inscrivent dans la tradition qui fait du programme non pas un aperçu des politiques gouvernementales qui seraient défendues par un tel parti s’il prenait le pouvoir, mais bien plutôt un discours visant à séduire divers secteurs de l’électorat, ici plus particulièrement les indépendantistes progressistes.

L’enjeu véritable est de faire d’Option nationale un groupe de pression indépendantiste sur le PQ, pour renforcer cette aile au sein de ce dernier. Comment comprendre autrement ses déclarations ?... à moins de se faire des illusions sur l’enracinement à gauche d’Option nationale, mais également sur sa volonté de construire un parti indépendantiste réellement autonome du PQ et sur sa gauche. Ce projet seul Québec solidaire le porte avec conséquence.


N.B. : L’article a été corrigé après que M. Aussant nous ai fait parvenir une remarque où il signalait que Le Devoir n’avait pas rapporté ses propos correctement. M.Aussant nous écrit : "Vous vous êtes sans doute simplement basé sur un "sous-titre" d’un article du Devoir de lundi dernier. Or, ce sous-titre était trompeur et Le Devoir l’a d’ailleurs reconnu en publiant mon commentaire à ce sujet dans son édition d’aujourd’hui." La correction est faite sur l’affirmation que le journal Le Devoir lui prêtait faussement à l’effet que la planification d’un référendum par le PQ dans un premier mandat justifierait son ralliement à ce parti , mais cette correction ne semble pas invalider l’essentiel de notre propos.

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