Édition du 23 avril 2024

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International

Benoit XVI en tournée américaine

Benoit XVI a été accueilli en grand par l’administration américaine. Bush a bien compris qu’il recevait un ami et un complice. Il n’a donc rien ménagé pour recevoir un tel allié républicain.

On se rappellera l’intervention de Benoît XVI contre le soutien au démocrate Kerry. Parce qu’il était favorable au droit à l’avortement, il avait eu droit à une condamnation virulente. Dans une lettre aux évêques américains, le cardinal Ratzinger avait affirmé que ceux qui voteraient pour Kerry "seraient coupables de coopération formelle avec le diable." Et cette lettre n’est pas sans avoir contribué à ce que nombre de catholiques votent pour le candidat républicain Georges W. Bush, apportant ainsi une contribution à sa victoire.

Benoit XVI loin à droite sur l’échiquier politique

Benoit XVI est un pape conservateur, un pape réactionnaire. En novembre dernier, il publiait sa deuxième encyclique Spe Salvi (sauvés par l’espérance), où il identifiait les grandes erreurs de l’humanité d’aujourd’hui : la fascination pour les sciences, la toute–puissance de la raison, et les théories révolutionnaires.

Il avait une longue expérience de combat contre les forces progressistes y compris au sein de l’Église catholique. Pas étonnant qu’il ait, comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, condamné à plusieurs reprises la théologie de la libération d’Amérique latine. Ce que le préfet reprochait à cette théologie c’est d’identifier l’exploité d’aujourd’hui au pauvre de la Bible et d’interpréter des événements comme l’Exode comme une libération politique… C’est sous son influence que les lieux de formation théologique et pastorale contrôlés par l’Église catholique se virent interdits d’enseigner la Théologie de la libération (Voir Les pontificats de Jean-Paul II et de Benoit XVI face à L’Amérique latine de François Houtart)

Dans les dernières élections en Italie, ce pape a soutenu Berlusconi, politicien milliardaire ayant des accointances mafieuses et des amis politiques parmi les racistes de la Ligue du nord d’Umberto Bossi (parti politique d’extrême-droite). Aux États-Unis, en venant faire la promotion contre le libre choix des femmes en matière d’avortement, Benoît XVI mise encore une fois sur le candidat républicain McCain qui est le seul candidat pro-vie dans la campagne présidentielle américaine.

À l’ONU, le pape défenseur de l’ingérence humanitaire des grandes puissances !

Le pape parle devant l’ONU. Il ne dénonce pas la logique capitaliste qui affame des peuples entiers. Non, il y défend le droit d’ingérence des puissances occidentales comme si l’Occident avait fait preuve d’un quelconque humanisme lors de ses interventions dans les pays du tiers-monde. "Si les États sont incapables de garantir une telle protection (soit préserver ses citoyens contre la violation des droits de la personne et les crises humanitaires) la communauté internationale doit intervenir avec les moyens juridiques fournis par la Charte des Nations Unies et les autres instruments internationaux." Mais rien sur les crises humanitaires provoquées par les grandes puissances et un capital laissant libre cours à la logique destructrice du profit.

Benoit XVI demande le pardon, pour sauver le pouvoir institutionnel de l’Église catholique américaine.

L’Église catholique américaine est en crise. Des milliers de prêtres ont été accusés d’agressions sexuelles sur des mineur-e-s aux États-Unis depuis des décennies. Elle a dû payer plus de 2 milliards de dollars d’indemnités jusqu’ici. Et elle n’en a pas fini avec "les affaires".

De nombreux fidèles, écœurés de cette situation ont quitté les rangs de l’Église catholique. Et si ce n’était de l’apport de nouveaux arrivants latino-américains à la faveur de l’immigration, l’Église catholique ne pourrait plus se réclamer du quart de la population religieuse des États-Unis.

Le pape Benoit XVI s’est dit trahi pas les prêtres agresseurs. Il veut tourner la page sur ces tristes histoires. Pourtant, en octobre 2006, la BBC dévoilait l’existence d’un document secret du Vatican écrit en 1962 appelant à étouffer de telles affaires.

Une fidélité sans faille aux puissants de cette terre, la mise en scène de remords tardifs pour sauver une institution qui prend l’eau, tels semblent être les seuls messages que nous a livré le voyage de Benoit XVI dans sa tournée américaine.


Source de l’image : http://passion.brassicanigra.org/pics/B16-ultra_reactionnaire.jpg

Mots-clés : États-Unis International
Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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