Édition du 26 mars 2024

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Brésil. La gauche présente un manifeste d’unité pour rebâtir un État de droit

La gauche brésilienne a décidé de contre-attaquer. Face au vaste rouleau compresseur néolibéral du président putschiste Michel Temer, dont la dérive autoritaire pour pallier son impopularité est des plus inquiétantes, les cinq fondations des principales formations progressistes – le Parti des travailleurs (PT), le Parti communiste (PCdoB), le Parti démocratique travailliste (PDT), le Parti socialiste brésilien (PSB) et le Parti socialisme et liberté (PSOL) – ont lancé mardi un manifeste d’« unité pour reconstruire le Brésil ». Les présidents de ces institutions, en présence de dirigeants politiques, ont expliqué depuis la Chambre des députés la démarche retenue.

Tiré de Autres Brésil.

Michel Temer sous la coupe de la logique néocoloniale

« Indépendamment des stratégies et des tactiques électorales » des différents partis promoteurs du manifeste, ils entendent travailler à une base programmatique convergente qui « facilite le dialogue » afin de « construire une union d’amples forces politiques sociales, économiques et culturelles » à même de « constituer une nouvelle majorité sociale et politique capable de soustraire le pays de la crise et de l’acheminer vers un nouveau cycle politique de démocratie, de souveraineté nationale et de prospérité économique et de progrès social ».

Ce manifeste « pionnier », selon le PCdoB, cherche en premier lieu à freiner les reculs sociaux, politiques et démocratiques subis depuis le coup d’État institutionnel de 2016 qui a renversé la présidente du PT, Dilma Rousseff. « Le gouvernement politiquement illégitime de Michel Temer a agi, en essence, pour subordonner le pays intégralement à la logique néocoloniale des grandes puissances » qui absorbe « la richesse des nations » et les amarre à « des politiques qui leur nient le droit à un développement autonome », dénoncent les présidents des cinq fondations.

L’exécutif a lancé à l’été un vaste programme de privatisations, le plus important de ces vingt dernières années, au prétexte de réduire le déficit public, qui a atteint 8,9 % du PIB en 2016. Plus de cinquante entreprises sont concernées, dont des fleurons nationaux tels qu’Electrobras (la compagnie nationale d’électricité), les banques publiques du Brésil, la Caisse économique fédérale, la Maison de la monnaie. Les secteurs du gaz, les ports, les aéroports, les routes et le ferroviaire sont également visés. En bonne place de ce bradage figure le géant pétrolier Petrobras.

La nouvelle loi du travail a flexibilisé les droits sociaux et rallongé le temps de travail. La réforme des retraites que Michel Temer a dû suspendre en raison d’importants mouvements sociaux augmente la durée de cotisations. En matière de droits publics, l’exécutif vient d’ordonner la militarisation de Rio de Janeiro au motif de graves désordres publics, allant même jusqu’à créer un ministère extraordinaire de la Sécurité publique et à transférer le commandement des forces de sécurité de la ville à l’armée. Du jamais-vu depuis la fin de la dictature militaire.

« Cette crise intense encourage le fascisme »

« La crise du capitalisme international redessine la démocratie capitaliste. Il ne peut en être différemment au Brésil, où nous avons une élite si rétrograde. (…) Cette crise arrive avec plus d’intensité ici, en encourageant le fascisme », a dénoncé la présidente du PT et sénatrice, Gleisi Hoffmann, qui voit dans le manifeste le « début d’une proposition programmatique pour le Brésil (…) en dépit des divergences » des différentes formations politiques qui y souscrivent. Pour l’heure, elles avancent leurs propres pré-candidats à la présidentielle, laquelle aura lieu à l’automne.

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