Édition du 23 avril 2024

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Environnement

Broadback : la Première Nation Crie et une coalition pressent Québec de protéger l'une des dernières forêts vierges

QUÉBEC, le 22 févr. 2016 - Pendant que le Comité d’examen des répercussions sur l’environnement et le milieu social (COMEX) évalue un projet de l’industrie forestière visant à construire deux routes d’accès à travers la forêt Broadback, la Première Nation Crie, des groupes écologistes et des experts scientifiques joignent leurs forces pour sauver une des dernières forêts vierges du Québec et demandent au gouvernement de protéger intégralement la forêt Broadback.

Commentant les récents propos tenus par le premier ministre Couillard sur l’importance de protéger des ressources environnementales comme l’île d’Anticosti, le Chef de la Première Nation Crie de Waswanipi, Marcel Happyjack, fait un lien direct avec l’enjeu de la Broadback. « Je comprends sa position et son désir de protéger un milieu environnemental d’importance. La même logique doit être appliquée à la forêt Broadback, qui constitue les derniers 10 % de la forêt boréale intacte présente sur notre territoire ancestral, ainsi que l’un de nos meilleurs outils pour lutter contre le changement climatique », a déclaré le Chef Happyjack lors d’une conférence de presse à Québec.

Comme Anticosti, la vallée de la rivière Broadback constitue un milieu naturel magnifique et unique qui est actuellement menacé par des opérations forestières. C’est une zone vitale pour de vieux arbres rares et l’un des derniers refuges pour des espèces animales menacées, tel que le caribou forestier. C’est également une zone vitale pour le peuple Cri, son économie et son mode de vie qui demeurent tributaires de la présence et de la vitalité des animaux et des plantes qui y vivent. De manière néfaste, les activités forestières qui continuent de s’étendre davantage vers le nord, mettent en péril l’habitat naturel essentiel au soutien des populations de caribous. 

Pendant des années, Waswanipi a réclamé une protection complète de cette partie de la forêt. Encore récemment, lors d’une audience publique tenue à Waswanipi par le COMEX, le 19 janvier dernier, la communauté a exprimé à l’unanimité et de façon non-équivoque son opposition à de nouvelles activités forestières sur son territoire. En outre, plus de 9000 personnes ont écrit au COMEX pour demander le rejet du projet par l’intermédiaire du site www.sauvonslabroadback.ca. « Il est maintenant temps d’agir et nous exhortons le gouvernement du Québec de respecter la Nation Crie, notre mode de vie, et de protéger intégralement la Broadback », a déclaré le chef de Waswanipi.

« Notre terre a été fortement impactée par les activités forestières et autres activités de développement depuis des décennies. Il est maintenant temps de sauver ce qu’il reste avant qu’il ne soit trop tard. J’exhorte le premier ministre Couillard de respecter l’objectif de la Nation crie de Waswanipi et de protéger la forêt Broadback dès que possible », a ajouté Romeo Saganash, député d’Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou et membre de la Première Nation Crie de Waswanipi.

Des efforts récents insuffisants

Dans un récent accord pour régler le différend avec la Nation Crie concernant la mise en oeuvre de l’entente Baril-Moses de 2002, Québec a créé une aire protégée au nord de la rivière Broadback. Il s’agit d’un geste noble, mais insuffisant car il ne tient pas compte de la grande majorité des terres qui nécessitent de manière urgente un plan de protection pour assurer la survie d’espèces menacées.

Le Québec a accepté de mettre sur pied un Comité composé de Waswanipi et du Gouvernement de la Nation Crie visant à trouver des solutions communes, mais, à ce jour, le Comité n’a pas fait aucun progrès réel. C’est pourquoi Waswanipi exige maintenant du gouvernement du Québec qu’il réaffirme publiquement son engagement à protéger intégralement la Broadback et à entrer dans un processus de négociations significatif qui conduirait à l’annonce de la pleine protection de la Broadback en juillet 2016.

À cet égard, le gouvernement du Québec peut prendre exemple sur le gouvernement de la Colombie-Britannique, qui vient de signer un accord avec les Premières Nations et l’industrie pour la protection de la forêt pluviale Great Bear, une zone plus grande que l’île de Vancouver qui sera maintenant conservée et mise à l’abri des activités forestières. Ce récent accord conclu dans un contexte similaire, montre qu’il s’agit de quelque chose de réalisable. Il ne faut plus que la volonté politique nécessaire pour en arriver à un pareil accord pour le Québec.

Coalition #sauvonslabroadback

La conférence de presse d’aujourd’hui était aussi une démonstration de l’ampleur des appuis répandus à l’intérieur comme à l’extérieur de la Nation Crie. Ont assisté à l’événement : Romeo Saganash, député d’Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou, Melissa Filion de Canopée, Nicolas Mainville de Greenpeace, Pier-Olivier Boudreault de la SNAP, ainsi que le biologiste et expert du caribou, Serge Couturier.

« Notre message est clair : aucune autre activité de développement ne peut être autorisée dans la vallée de la rivière Broadback, pour le bien de notre planète, la survie du caribou et la protection de notre mode de vie crie », a résumé le Chef Happyjack.

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