Édition du 26 mars 2024

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Le blogue de Louise Chabot

Ça ne passera pas comme une lettre à la poste

L’annonce faite hier par Postes Canada concernant l’arrêt de la livraison du courrier à domicile soulève un grand nombre de questions. En plus de coûter leur emploi à près de 8 000 personnes, c’est toute la logique de la privatisation des services publics qui se met en branle dans cette décision.

Une décision prise d’avance

Deepak Chopra, le président-directeur général de Postes Canada, siégeait au conseil d’administration du Conference Board du Canada, avec un salaire de 500 000 $ par année en janvier 2011, avant d’être nommé à la tête de Postes Canada. Ce think tank de droite, duquel se réclame toujours M. Chopra, fait depuis longtemps la promotion de la privatisation du service postal au Canada. L’organisme a même suggéré l’arrêt de la livraison du courrier à domicile pour diminuer les frais d’exploitation de la société de la couronne. Coïncidence, cette décision de M. Chopra et de Postes Canada ?

L’idéologie conservatrice à son meilleur

Il n’était donc pas étonnant d’apprendre que le gouvernement de Stephen Harper appuie sans réserve la direction de Postes Canada dans sa décision. Pour le Parti conservateur, affaiblir ainsi un service public est la meilleure façon d’assurer, à terme, sa privatisation.

La direction de Postes Canada a même refusé d’envisager les suggestions de diversifications des services mises de l’avant par le Syndicat des travailleuses et travailleurs des postes (STTP) pour tenter d’améliorer la productivité de l’organisation. Le STTP suggérait de lorgner du côté de la Nouvelle-Zélande qui a su augmenter l’offre de services en incluant des services bancaires dans ses succursales et en augmentant la livraison de colis. Les pressions que subit le gouvernement de la part des compagnies privées de livraison de colis auront-elles raison d’un service public de livraison du courrier ?
La suppression de milliers d’emplois est également un exemple éloquent du manque de cohérence du gouvernement Harper. En effet, ces employées et employés - considérés comme tellement essentiels par le gouvernement Harper qu’il les a empêchés, par une loi spéciale, de faire la grève - sont maintenant devenus accessoires et jetables !

Tout le monde n’est pas branché

Afin de prendre cette décision, Postes Canada s’est basée sur une consultation qu’elle a menée sur internet. Alors, il n’est pas surprenant qu’elle en ait conclu que ses usagères et usagers recevaient maintenant leurs factures et leur courrier... par internet !

Bien que nous soyons en 2013, de nombreuses personnes n’ont pas encore accès à internet. Donc, la plupart de celles qui n’ont pas participé à cette consultation de Postes Canada seront les plus touchées par ces nouvelles mesures. Pour la grande majorité d’entre elles, il s’agit de personnes âgées qui n’ont plus la même mobilité qu’avant. De plus, une connexion internet représente un coût important que ne peuvent se permettre les gens vivant dans la précarité.

Et maintenant ?

Laisserons-nous disparaître ce service essentiel sans rien faire ? Laisserons-nous tomber ces 8 000 employées et employés des postes qui voient leurs emplois menacés ? Certainement pas ! La mobilisation est déjà commencée et je fais appel à votre solidarité pour soutenir ces travailleuses et travailleurs qui en ont bien besoin et défendre l’intégrité de nos services publics. Vous pouvez signer une pétition en ligne (http://www.jappuie-boulerice.org/stoppons_les_coupures_de_services_postes_canada) ou, encore, contacter votre députée ou député fédéral afin qu’il demande à Postes Canada de surseoir à sa décision.

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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