Édition du 1er octobre 2024

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Élections québécoises 2012

Campagne électorale de Québec solidaire dans Crémazie, un premier bilan

Après ma troisième campagne électorale dans Crémazie, voici un premier constat des faits marquants. Les associations locales tireront dans les prochaines semaines le bilan de leur campagne. Il en va de même dans Crémazie. Il est important de permettre aux militants et militantes de Québec solidaire de tirer leur propre bilan. Voici donc un premier état des lieux.

La campagne électorale nous a permis de récolter 4014 voix soit 2381 de plus qu’en 2008, faisant passer le pourcentage de 5,64 à 11,57. Le vote total de l’ADQ et des libéraux en 2008 et celui de la CAQ et des libéraux cette année n’a pas véritablement changé. Il est passé de 46,97% à 45,94%. En chiffres absolus il a même augmenté passant de 13 604 à 15 937 votes. La droite libérale et caquiste ne s’est pas véritablement affaiblie, elle a même gagné des points. Le PQ s’est maintenu en nombre de votes absolus avec 13 392 voix soit 445 de plus que Lisette Lapointe en 2008 mais a reculé en pourcentage passant de 44,7% à 38,61% et ce avec un taux de participation qui a augmenté, passant de 62,78% à 76,63% entre 2008 et 2012. Le PQ dans Crémazie n’a donc pas fait le plein de ce nouvel apport de votantEs, pas plus qu’il n’a récupéré le mécontentement face au gouvernement libéral.

La problématique ne se résume donc pas simplement à battre les libéraux. Malgré une non-campagne, la candidate Caquiste avec 5933 voix a pratiquement triplé le nombre de votes de l’ADQ en 2008 qui était alors de 1847. L’enjeu ne repose pas sur une quelconque stratégie électorale. Il est avant tout politique. La campagne de Québec solidaire dans Crémazie a donc lancé le débat avec l’allocution d’André Frappier sur la question du vote stratégique lors de son premier meeting en début de campagne :

« La réforme du mode du scrutin est certainement une partie importante de notre projet. Nous croyons qu’avec une représentation proportionnelle, les différents partis politiques représenteront plus justement l’appui que la population leur accorde ou ne leur accorde pas.

Le parti libéral est contre et le parti québécois ne l’a jamais mis en application durant toutes ses années au pouvoir parce que le système actuel le servait bien. Ils l’ont même retiré de leur programme lors du dernier congrès.

Le vote stratégique devient dans ces circonstances beaucoup plus un outil pour tuer le débat. Le PQ, malgré ses virages et ses politiques anti sociales, se met ainsi à l’abri de l’émergence d’une alternative puisqu’à chaque élection il n’appelle pas à voter fondamentalement en fonction ni du bilan ni du programme de son parti mais en fonction de la stratégie et des votes à aller chercher. »

« On ne peut faire fi des questions politiques. En marge du colloque du PQ en mars 2010, Marc Laviolette expliquait le tournant à droite du PQ, comme une opération pour récupérer le vote de l’ADQ, notamment les 700,000 qui ne se sont pas présenté aux urnes à la dernière élection. (Le SPQ libre venait d’être expulsé d’ailleurs)
Pauline Marois affirmait à cette occasion que « le Québec doit franchir une nouvelle étape, ce n’est plus l’État qui doit être au cœur de notre enrichissement national… la richesse personnelle est un moyen d’émancipation des personnes » l’État doit inciter les individus à adopter des comportements créateurs de richesse. » Créer la richesse appartiendrait à l’initiative individuelle. Parallèlement à ce désengagement le PQ se questionnait sur la façon d’augmenter les recettes de l’état, soit plus taxer ou augmenter les impôts.On est vraiment à deux doigts du programme libéral… et le PQ est seulement dans l’opposition. »

Nous avons poursuivi la réflexion lors de notre deuxième meeting sur la question de l’accession à la souveraineté et le Québec de projets. Notre position concernant cette question a été fort appréciée lors du débat des candidats et candidates au Cegep Ahuntsic. Cela répondait de façon concrète et militante aux préoccupations des étudiants et étudiantes. Celle du PQ contrastait : madame De Courcy parlait de souveraineté tranquille et de rapatriement des pouvoirs avec Ottawa par des négociations à la pièce.
Nous avons raffermi nos liens avec les groupes syndicaux du secteur de la santé dans Crémazie, soit l’APTS, le FIQ et la CSN en organisant une conférence de presse avec Angelo Soares professeur au Département d’Organisation et ressources humaines de l’École des Sciences de la Gestion à l’Université du Québec à Montréal – UQAM, afin de dénoncer les projets « lean » qui visent à augmenter la charge de travail et à couper les effectifs avec des investissements qui proviennent de la taxe santé. En tant que candidat j’ai également reçu l’appui du CRFTQ Montréal métropolitain. Le président du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (Montréal) avait également invité trois candidats syndicaux de QS à l’assemblée générale afin de les appuyer soit Alexandre Leduc, Édith Laperle et André Frappier.
André Frappier concluait la campagne en ces termes lors de son discours lors de la soirée électorale à l’Olympia :
« La campagne électorale de Québec solidaire n’a pas servi seulement à élever notre vote, et à faire élire nos candidats et nos candidates. Ce qui nous distingue fondamentalement, c’est que pour nous, une élection, c’est aussi une l’occasion de faire écho aux luttes des travailleurs et travailleuses, des étudiants et étudiantes, des mouvements sociaux et des femmes. Non pas les urnes pour étouffer la lutte, comme tente de le faire à chaque fois le PQ, mais les urnes pour donner un élan et une expression politique à la lutte.
Pour nous, une élection c’est un moment intense de réflexion politique, une occasion de rejoindre des centaines de milliers de personnes, pour leur parler du Québec de demain. Du Québec où nous prendrons, nous les 99%, le contrôle de notre destinée. 

Nous avons réussi dans cette campagne à populariser notre vision d’un pays plein de projets. La démarche pour une assemblée constituante du peuple québécois est maintenant une réalité incontournable. Même nos adversaires en ont parlé et doivent maintenant composer avec.

Avec cette campagne, notre pays de projet, est en marche. Il nous appartient maintenant de le faire grandir. »

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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