Édition du 26 mars 2024

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Québec

Centre Vidéotron : Labeaume persiste dans les manœuvres anti-démocratiques

Le maire de Québec Régis Labeaume et Quebecor, gestionnaire du Centre Vidéotron ont subi une rebuffade majeure dans leur projet de doter la ville de Québec d’une franchise de la ligue nationale de hockey. Dans une opération d’élargissement des cadres de la ligue, Quebecor avait soumis sa candidature tout comme la ville de Las Vegas. La Ligue nationale de hockey (LNH) a refusé la candidature de Québec accordant une équipe à la seule ville du jeu, préférant la poursuite de la colonisation de l’empire américain au retour d’une équipe à Québec.

Labeaume a mis 48 heures avant de réagir soulevant des doutes dans les médias. Il a choisi de poursuivre son discours schizophrénique sur les « chances » qu’une équipe débarque à Québec dans un avenir rapproché. Les dirigeants de Quebecor ont fait preuve de plus de prudence. Brian Mulroney président du conseil allant même jusqu’à affirmer que "ce ne sera pas pour demain".

En effet, tout observateur sérieux comprend que la LNH ne prévoit aucun processus d’expansion dans un avenir prévisible. Le maire et les promoteurs de la venue d’une équipe de hockey à Québec se rabattent sur l’achat d’une franchise déficitaire comme celles de la Caroline ou de la Floride. Pourtant, la LNH refuse d’entrevoir ne serait-ce que la possibilité d’un transfert ou rachat de franchise. Et comme la devise canadienne demeure sous les 0,80$ dollars américains, la LNH ne voit pas en quoi une nouvelle franchise canadienne peut lui rapporter davantage qu’un développement au sud de la frontière.

Dans la foulée, nous apprenions que la Ville de Québec devra verser une somme de 730 000$ à titre de compensation financière pour pertes de Quebecor en raison d’un important déficit dans les finances de l’édifice. Ce qui a soulevé une nouvelle controverse à propos des fantasmes du maire Labeaume. Car jusqu’à maintenant, le maire Labeaume n’avait pas dit un traite mot sur les difficultés qui attendaient le gestionnaire de l’édifice. Même qu’en septembre dernier, il affirmait que le Centre Vidéotron était « une réussite sur toute la ligne. » Puis voilà qu’il dit trouver normal qu’une entreprise qui débute soit « dans le rouge ». Selon l’entente qui lie Quebecor et la Ville, celle-ci doit absorber la moitié d’un éventuel déficit jusqu’à concurrence de 2,5M$, soit le montant du loyer annuel facturé à Quebecor. On se demande pourquoi M. Labeaume n’a pas prévenu ces concitoyenNEs de telles possibilités. Peut-être que l’opinion de la population aurait été différente.

Le maire de Québec a fait preuve de beaucoup de désinvolture en attribuant cette controverse à la compétition entre médias de la région de la Capitale nationale. Selon lui, la course aux cotes d’écoute serait à l’origine du brouhaha entourant la nouvelle selon laquelle le Centre Vidéotron est déficitaire et donc, selon l’entente signée entre Quebecor à titre de gestionnaire de l’édifice et la Ville, cette dernière doit combler cette perte.

Cette entente d’une durée de 25 ans a longtemps été décriée par les opposants à l’administration Labeaume. Elle assure à Québecor un contrôle total sur les activités du Centre Vidéotron, pourtant un édifice public. En 2011, une démarche du PQ pilotée par Agnès Maltais à l’Assemblée nationale avait mis la Ville de Québec à l’abri contre tout recours légal grâce à la loi 204. Cette démarche antidémocratique avait soulevé la controverse et provoqué le départ d’éluEs péquistes.

Plus récemment, l’entente entre la Ville et Québecor a reçu une nouvelle couche de blindage antidémocratique lorsque les deux parties ont signé en mars dernier une entente de confidentialité. Selon cette dernière, seul un représentantE désigné par la Ville pourra consulter sur place les états financiers du Centre Vidéotron, pourtant financé avec des fonds publics. De plus, il sera tenu au secret ne pouvant révéler la teneur de ce qu’il aura observé sauf au bureau du maire. Québec solidaire avait dénoncé cette façon de faire qui, sur fond de révélations sur la corruption dans le milieu politique municipal, venait ajouter de l’opacité sur les activités de l’amphithéâtre et empêche la population de juger de son utilité et de l’efficacité des gestionnaires. D’où une série de déclarations de l’opposition qui met en doute avec raison la validité des chiffres révélés par la Ville et les explications du maire Labeaume.

De fait, cette situation démontre l’ampleur de l’arnaque du maire Labeaume. Après avoir organisé le détournement d’argents publics afin de financer un équipement public donné sur un plateau d’argent à un géant des médias, Quebecor. Après s’être assuré de museler l’opposition sur le plan légal. Après avoir appâté le bon peuple avec l’idée d’une équipe de la LNH à Québec. Voilà que le bateau prend l’eau. Pas d’équipe en vue. Un aréna qui ne fait pas ses frais. Un gestionnaire qui doit éteindre des feux financiers : TVA Sports qui devait être le vaisseau amiral du contenu sportif diffusé par TVA a perdu 39 millions$ en 2015, après des pertes successives de 19 millions$ en 2014 et de pertes du même ordre les deux années précédentes.

Dans ce dossier majeur qui a occupé les esprits et les énergies de la région de Québec depuis des années, le maire Labeaume incarne le politicien typique du néolibéralisme. Il a géré le dossier comme un PDG d’entreprise privée l’aurait fait. Il a fait fi de l’opposition allant même jusqu’à réclamer la protection de l’État. Il a donnée sur un plateau d’argent un équipement d’une valeur de 370 millions$ à un géant des médias et de l’antisyndicalisme. Il a contracté les risques laissant les profits à l’entreprise privée. Il a couvert d’un maximum d’opacité la gestion de l’équipement de façon à garder les gens dans l’ignorance. Heureusement, nous commençons à voir les fissures dans l’édifice...

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