Tiré de Reporterre. Photo : La plate-forme de forage Transocean Barents, qui appartient à TotalEnergies, se trouve dans le golfe Persique où la multinationale française est très active, au détriment du climat. TotalEnergies/AFP
Des mines de charbon par dizaines dans le nord de la Chine, des nouveaux forages pétroliers soutenus par TotalEnergies dans le golfe Persique, l’argent des banques françaises irriguant l’industrie fossile aux quatre coins de la planète… Un consortium d’associations a listé et cartographié l’ensemble des projets d’extraction de combustibles fossiles actuellement dans les cartons.
Au total, ces associations recensent 601 « bombes carbones » qui, si elles ne sont pas stoppées à temps, provoqueront des émissions totales de gaz à effet de serre de 1 400 gigatonnes, soit 11 fois plus que le plafond à ne pas dépasser pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, comme le prévoit l’Accord de Paris.
« Poursuivre ces projets enfermerait l’humanité dans une dégradation irréversible du climat et menacerait les conditions de vie sur Terre », avertit le consortium, composé de Data4Good, Éclaircies, Reclaim Finance et Leave it in the ground (Laissez-les dans le sol, Lingo).
Des dizaines de mines de charbon
Depuis la parution d’une première version de ce recensement, il y a deux ans, 176 nouveaux « mégaprojets » d’extraction de charbon, pétrole ou gaz ont été identifiés. Les projets de taille plus modeste se multiplient également. Depuis 2021, 2 300 projets d’extractions ont été approuvés. Selon une alerte de l’Agence internationale de l’énergie, en 2021, un gel des investissements dans les énergies fossiles aurait été nécessaire pour rester dans les accords de Paris.
Contrairement aux idées reçues, le charbon est loin d’être une énergie déclinante. Elle enregistre la plus forte croissance et les « bombes charbon » représentent 80 % des « bombes carbone » en projet.
Les « bombes carbone » en projet sont principalement implantées en Chine, en Russie, aux États-Unis et en Arabie saoudite, mais c’est une entreprise française, TotalEnergies, qui totalise le plus grand nombre de projets, selon cette étude. Avec 154 projets, petits et gros, dont 30 « bombes carbone », le fleuron hexagonal du forage devance la compagnie nationale chinoise, l’italien Eni et les britanniques BP et Shell.
Quatre banques françaises épinglées
Cette carte compile des informations issues de cinq bases de données, permettant, pour chaque projet, de connaître les compagnies engagées et les flux financiers qui les irriguent. Les ONG rendent ainsi visible un tsunami de cash qui permet ces projets climaticides.
65 banques ont accordé 1 600 milliards de dollars aux entreprises impliquées dans des nouveaux projets extractivistes depuis 2021. 3 banques étasuniennes occupent les 3 premières places du palmarès (JPMorgan Chase, Citigroup, Bank of America), derrière lesquelles figurent notamment 4 établissements français : la BNP Paribas, la Société générale, le Crédit agricole et la Banque populaire et Caisse d’épargne.
« Pendant des années, les intérêts financiers de l’industrie fossile et ceux qui la financent ont primé sur la prévention d’un effondrement climatique irréversible. Ils sont en train de réduire en cendres l’Accord de Paris », dénonce Lou Welgryn, secrétaire générale de Data for Good, dans un communiqué du consortium.
Seulement 12 mégaprojets stoppés
En portant la focale sur les projets les plus gigantesques, depuis 2020, ces ONG espéraient enrayer la tendance à l’échelle internationale. « Jusqu’à présent, quelques acteurs, principalement issus de la société civile, s’efforcent de désamorcer les bombes carbone, mais ils se concentrent sur un nombre très limité d’entre elles », écrivaient en 2022 les co-auteurs de la première étude nommant les « bombes carbone ».
Ces projets gigantesques « constituent le test décisif de la volonté de la communauté internationale d’en sortir », ajoute aujourd’hui Kjell Kühne, directeur de Lingo. Or, entre 2021 et 2025, seulement 12 mégaprojets ont pu être stoppés alors que 30 nouvelles « bombes carbone » ont été amorcées.
En laissant ces projets voir le jour, les États engagent leur responsabilité, y compris juridique, soulignent également les auteurs de cette étude. La Cour internationale de justice a rendu, le 23 juillet, un avis « historique » estimant que tous les États avaient l’obligation de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et de « coopérer de bonne foi les uns avec les autres ». Un avertissement qui vaut aussi bien pour les États qui n’ont pas signé les traités internationaux ou qui en sont sortis.
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