Édition du 5 novembre 2024

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Planète

Changements climatiques : de l’anxiété à l’action

Les plus éminents climatologues du monde s’attendent maintenant presque tous à ce que le réchauffement climatique dépasse l’objectif mondial de 1,5 °C, dont il a souvent été fait mention dans ces pages, et une bonne majorité d’entre eux que les températures mondiales augmentent d’au moins 2,5 °C, ce qui aurait des conséquences catastrophiques pour l’humanité et la planète.

(Ce texte a d’abord été publié dans l’édition de juin du journal Ski-se-Dit.)

C’est ce que révélait le 8 mai dernier le quotidien britannique The Guardian, qui a eu l’heureuse idée – si l’on puis dire – de mener sa propre enquête auprès de 380 auteurs et collaborateurs du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) qui ont contribué aux derniers rapports produits par le groupe.

Le GIEC a été mis sur pied en 1988 par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Il est chargé d’évaluer de façon objective la recherche scientifique sur les changements climatiques. Il compile et synthétise les connaissances scientifiques les plus récentes sur le climat et ses rapports, qui font autorité, constituent l’assise scientifique des négociations climatiques mondiales.

Les résultats obtenus par le quotidien auprès de ces spécialistes du climat indiquent que 77 % d’entre eux croient que le réchauffement dépassera au cours du siècle les 2,5 °C d’augmentation par rapport aux températures de l’ère préindustrielle . À peine 6 % d’entre eux jugent qu’est encore atteignable l’objectif de ne pas dépasser le seuil de 1,5 °C, tel qu’il a été fixé lors de l’Accord de Paris conclu en 2015 par 174 États et l’Union européenne.

Des scientifiques consultés, les plus jeunes, ceux de moins de 50 ans, sont plus pessimistes que leurs aînés ; 52 % d’entre eux entrevoient en effet un réchauffement planétaire de plus de 3 °C…

Or, un réchauffement de 2,5 °C ou de 3 °C des températures du globe rendrait le monde tout simplement méconnaissable selon le GIEC. Pour citer celui-ci, l’humanité ferait face à «  un recul de l’espérance de vie et de la qualité de vie » dans plusieurs régions de la planète, « l’état de santé et de bien-être » de la population en serait aussi « substantiellement réduit », état qui « continuerait de se dégrader au cours des décennies suivantes  ».

De nombreux scientifiques envisagent, dans de tels scénarios, un avenir marqué par des famines, des conflits et des migrations massives, provoqués par des vagues de chaleur, des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes d’une intensité et d’une fréquence bien supérieures à celles qui ont déjà frappé.

Écoanxiété

S’il est important d’obtenir ainsi l’heure juste sur le réchauffement climatique et les prévisions des experts, il l’est également de considérer l’anxiété qu’elle peut générer au sein de la population et plus particulièrement chez les plus jeunes.

L’écoanxiété, comme on l’appelle, peut conduire à l’impuissance et à la perte d’espoir en l’avenir. À l’instar de toute autre émotion, elle peut aussi devenir un important moteur d’action.

Passer à l’action

Plus nous tardons à adopter les mesures nécessaires pour ralentir le réchauffement de la planète, plus ce sera difficile de le faire. Ces mesures impliquent, il faut avoir le courage de l’admettre, de grands changements au niveau industriel et dans nos modes de vie. Au Canada, par exemple, il faut mettre un terme le plus rapidement possible, sinon tout de suite, à l’extraction des combustibles fossiles et adapter nos vies en conséquence. Ce sera difficile en raison des lobbies de l’industrie, des grandes banques et du gouvernement même, et parce que nous sommes habitués à un grand confort, mais nous devons nous y mettre, si ce n’est déjà fait, en grand nombre.

Tout ce que nous pouvons faire en ce sens compte. S’intéresser à la question d’abord, s’informer, puis en parler, échanger avec d’autres, en personne, sur les réseaux sociaux. Avec le temps, et assez vite, on finira par s’impliquer davantage, à faire plus et mieux, en manifestant, en se regroupant, en agissant de toutes sortes de façons.

Me reviens en ces moments à l’esprit cette si belle citation tirée d’un roman de Michel Host : « Ma conviction est que chaque individu, là où il est, peut et doit opposer une résistance, si infime soit-elle. Cette résistance sans poids apparent, sans effet visible, est le gage qui préserve la petite flamme vive des regards du tyran. La multiplication de ces gestes isolés aboutit à des courants puissants. Ils heurtent l’obstacle sans arrêt, et l’obstacle à la fin doit sauter.  »

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Bruno Marquis

Bruno Marquis est un lecteur qui s’est impliqué dans plusieurs organismes voués à la protection de l’environnement, à la paix et à l’élimination de la pauvreté chez les enfants au cours des vingt dernières années. Il publie actuellement une chronique sur l’environnement dans le mensuel Ski-se-Dit. Il a aussi tenu régulièrement une chronique dans le webzine tolerance.ca.

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