Les femmes sont en colère face à une posture partisane de la CAQ qui choisit sciemment de continuer d’ignorer les revendications féministes. Sur l’air du chant de révolte italien Bella ciao, elles ont chanté dans le hall de l’Assemblée, tel une sérénade sous les fenêtres closes de la ministre responsable de la Condition féminine Martine Biron, exigeant la fin de l’indifférence, même de l’arrogance : « La pression monte, l’orage arrive, féministes, nous combattons ». Les militantes ont voulu rappeler au gouvernement qu’elles ne resteront pas silencieuses.
« Les groupes de femmes sont outrés que leur expertise soit reconnue lorsque ça arrange les politiques en place, mais ignorée quand elles sont jugées trop exigeantes : l’analyse intersectionnelle démontre la nécessité de revoir nos manières de penser et d’adopter des mesures structurantes en fonction des groupes les plus affectés », explique Catherine Gauthier, co-coordonnatrice du Regroupement, encore choquée que la CAQ ait refusé d’appuyer la motion proposée par Québec Solidaire à l’approche de la Journée internationale des droits des femmes qui faisait autrement consensus. Si le gouvernement décide que son féminisme n’est pas « intersectionnel », les implications sont grandes.
Ce n’est pas surprenant qu’un gouvernement, dans un contexte capitaliste et patriarcal, perçoive les luttes féministes avec méfiance. De Henri Bourassa qui craignait le suffrage féminin parce que, selon lui, « la femme-électeur qui engendrera bientôt la femme-homme, le monstre hybride et répugnant qui tuera la femme-mère et la femme-femme », au gouvernement de Lucien Bouchard qui coupera dans l’aide sociale tout juste après la marche Du pain et des roses, au gouvernement de François Legault qui banalise les chiffres des listes d’attentes pour les CPE, refuse de nommer le racisme systémique, de voir l’apport social et économique des femmes notamment celles immigrantes racisées, surreprésentées chez les préposées aux bénéficiaires ; les luttes féministes n’ont pas de repos prévu avant encore longtemps.Le RGF-CN invite, comme chaque année, les femmes à marcher pour sensibiliser le public aux luttes qui demeurent ici et ailleurs dans le monde. « Alors que les crises se multiplient, les systèmes d’oppression en place sont de plus en plus évidents et le public les comprend. Comment le gouvernement persiste dans son mutisme, on ne peut se l’expliquer », dénonce Alice Marcoux, co-coordonnatrice au Centre Femmes d’Aujourd’hui.
Les violences sont multiples et les groupes de femmes ont bien l’intention de les visibiliser puisque le gouvernement semble vouloir maintenir le statu quo autant que possible : en refusant notamment d’appliquer l’analyse différenciée selon les sexes intersectionnelle, de reconnaître le racisme systémique, d’adopter le principe de Joyce, de s’attaquer à la crise du logement, de mettre en place de véritables mesures de lutte à la pauvreté. Il ne peut garder la tête dans le sable, le mépris, ça suffit. La résistance se pose alors en évidence, la sororité et l’égalité, comme un chant de ralliement !
Le RGF-CN regroupe des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale et travaille la défense des droits et des intérêts de toutes les femmes, l’égalité des femmes entre elles, l’amélioration des conditions de vie.
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