Édition du 26 mars 2024

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Europe

Décès de Stéphane Hessel : Une inspiration pour des millions d’indignés-es

À l’heure où le sommet sur l’éducation a agi comme un éteignoir sur les aspirations de milliers de jeunes, il est rafraichissant de se remémorer l’œuvre de Stéphane Hessel et particulièrement son livre paru en 2010 qui a servi de déclencheur à une mobilisation planétaire.

Stéphane Hessel est décédé le 27 février. Diplomate, ambassadeur, résistant, écrivain et militant politique français, Hessel est né au sein d’une famille juive à Berlin et naturalisé français à 8 ans en 1925. Ayant combattu dans la résistance française, il fut capturé par les nazis, torturé puis déporté au camp de Buchenwald dont il est parvenu à s’évader. Hessel qui a participé à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée en 1948 par les Nations-Unies, a lancé en 2010 un petit livre de 30 pages, Indignez-vous, qui appelle la population à une « insurrection pacifique » pour mettre fin à la dictature des marchés financiers et pour renverser l’écart croissant entre les très riches et les très pauvres. Il était très préoccupé par le traitement inhumain fait aux sans-papiers et aux immigrés en Europe.

Indignez-vous s’est vendu à plus de 4 millions d’exemplaires dans plus de 90 pays. Stéphane Hessel a demandé que tous les droits d’auteur soient versés à diverses organisations qui œuvrent pour la paix au Proche-Orient et la justice pour le peuple palestinien.

En 2012, à 94 ans, avec une cinquantaine de personnalités françaises, il a lancé un mouvement citoyen appelé Roosevelt 2012 (www.roosevelt2012.fr), qui s’inspire de l’action énergique de Roosevelt, dont les prodigieuses réformes fiscales ont sauvé l’Amérique de la banqueroute et du chômage.

Dans le manifeste du mouvement, on peut lire en particulier : « Le but de Roosevelt n’est pas de "rassurer les marchés financiers" mais de les dompter. Les actionnaires sont fu­rieux et s’opposent de toutes leurs forces à la loi qui sépare les banques de dépôt et les banques d’affaires, comme ils s’opposent aux taxes sur les plus hauts revenus ou à la création d’un impôt fédéral sur les bénéfices mais Roose­velt tient bon et fait voter 15 réformes fondamentales en trois mois. Les catastrophes annoncées par les financiers ne se sont pas produites. Et l’économie américaine a très bien vécu avec ces règles pendant un demi-siècle. »

Il a particulièrement inspiré les milliers de manifestantEs en Espagne, en Grèce et au Portugal qui ont repris son idée d’Indigné, déclenchant ainsi la vague Occupy qui allait atteindre pas moins de 900 villes à travers le monde, notamment New-York sous le nom de Occupy Wall Street, aussi reprise par la phrase « nous sommes les 99% » lancée en août 2011 via les médias sociaux par deux jeunes militants (1). Il a réussi à toucher l’imaginaire de toute une génération, en représentant avec force l’injustice du capitalisme financier.

Au Québec, le mouvement d’occupation des indignés a mis la table à ce qui allait devenir la plus grande mobilisation de la jeunesse, l’inscrivant dans le cadre de la résistance massive au néolibéralisme qui s’est développé à l’échelle de la planète.

Note

(1) Andrea Levy, De la montée des Indignados à Occupons Wall Street, Nouveaux cahiers du socialisme no 8 p. 176

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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