Édition du 16 avril 2024

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Libre-échange

Pas de développement humain durable sans paix et sécurité mondiales et sans refondation de l’ONU et de ses composantes.

Des suites du Forum Social Mondial de Tunis (mars 2013)

Deux ateliers de débats ont été animés durant le Forum Social Mondial (FSM) de Tunis par le binôme ATTAC-Groupe ONU et le Mouvement de la Paix sur les questions de gouvernance mondiale pour mettre fin à la situation de guerres permanentes qui prévaut et pour la construction concertée d’un autre monde démocratique, de paix, de sécurité et de progrès partagé.

Les conclusions des travaux de ces deux ateliers ont été présentés aux assemblées de convergence, lors d’une rencontre de restitution, intitulée : ’’Mondialiser la paix, faire face aux violences économiques, sociales et guerrières et construire des convergences pour un monde de justice et de paix’’.

Lors de ces deux ateliers, il a été rappelé que l’humanité vivait une situation de crises récurrentes, multiples et variées, se nourrissant les unes les autres jusqu’à constituer une crise systémique, une crise globale. La crise-mère de ces crises, c’est celle de la paix et de la sécurité qui rend compte d’un monde aujourd’hui en état de guerres permanentes. Or la Charte des Nations-Unies précise que le but premier de l’ONU c’est le maintien de la paix et de la sécurité internationales. En ce domaine essentiel pour le devenir de l’humanité, la faillite de l’ONU, de son Conseil de sécurité et de ses constituantes (Commissions, Agences, Fonds, organisations affiliées comme le FMI, la Banque Mondiale ou l’OMC), est totale. Certes, l’ONU, seul lieu de concertation multilatérale, aura été des plus utiles à ses débuts, accompagnant les mouvements de décolonisation et la propotion du respect des peuples à disposer d’eux-mêmes et de leurs ressources. Ses mandats ont été vite accaparés par le Conseil de sécurité qui les a répartis entre les Directoires auto-proclamés G20, G8, G7, OTAN, OCDE et les multinationales et leurs lobbys, progressivement érigés en maîtres du monde.

La Charte de l’ONU porte en préambule : ’’Nous les peuples du monde’’, il serait grand temps que les peuples du monde assument leurs responsabilités et se préparent au plus vite à peser dans les débats de la transformation inévitable de la direction du monde sur de nouveaux fondements capables d’en faire un instrument efficace d’anticipation plus que de résolution des crises, et de traitement anticipé des situations de conflits. Reformulé la Charte de la nouvelle institutions à mettre en place par un nouveau préambule : ’’Nous les peuples entendons construire un monde de paix et de sécurité dans lequel les guerres où que ce soit et pour quelque motif que ce soit seront considérées comme des crimes contre l’humanité et sanctionnées comme tel !’’ et toutes les constituantes de l’ONU seraient refondées dans cette nouvelle vision d’un monde de coopération et non de compétition.

Comme éléments versés aux débats :

Les Forums sociaux locaux, nationaux, continentaux et mondiaux, constituent des moments forts de mobilisation locale et globale, citoyenne, pour promouvoir des propositions pour la construction d’une autre ONU au service des peuples désireux de vivre dans un monde de paix, de sécurité, de justice et de progrès ;

Pour répondre aux impératifs de gouvernance démocratique de la direction du monde, le nouveau pouvoir mondial à construire devrait être le fait de trois forces d’égal pouvoir : i) les peuples : des citoyens du monde s’exprimant aux moyens notamment des Forums sociaux, ii) les parlements qui disposent déjà de pratiques d’expression collective ; et iii) les Etats qui dominent le monde, même s’ils ont délégué leurs pouvoirs aux Directoires et aux multinationales qu’ils contrôlent ;

Le pouvoir mondial centralisé en une place, aujourd’hui son siège principal à New York, accessoirement à Genève et marginalement en d’autres capitales, principalement occidentales, a montré ses limites. Il serait temps d’imaginer un système mondial à direction tripolaire, avec une coordination légère pour assurer la cohérence de l’ensemble, se déplaçant d’un pôle à l’autre, d’une ’’macro-région’’ à l’autre. Les macro-régions seraient constituées et fonctionneraient sur la base de critères objectifs respectant les indicateurs de proximité et de volume de populations, de la taille territoriale, de mélange de composantes équivalentes, riches (au Nord) et pauvres (au Sud), de puissances économiques, industrielles, financières, militaires, etc. D’autres critères de diversité de langues pratiquées, de cultures, de religions, etc, viendraient, le cas , échéantlégitimer la démarche.

Un premier schéma de faisabilité de ces hypothèses de travail a décrit les macro-régions possibles comme suit :

L’ensemble des Amériques du Nord, du Centre et du Sud ;

L’ensemble Europe, Afrique et Moyen-Orient ;

et l’ensemble Asie - Océanie.

Les participants ont convenu de poursuivre et d’approfondir ces réflexions et propositions.

La création d’un nouveau niveau de Forum sociaux pourrait s’avérer utile, en plus de l’existant : Ce serait l’expérimentation de Forums sociaux ’’macro-régionaux’’, pour tester la pertinence et la faisabilité de telles propositions.

Djilali Benamrane

Blogueur pour Mediapart (France).

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