Si les deux phases de la nouvelle usine de batteries Northvolt se réalisent, elles auraient une consommation annuelle de 2,68 TWh soit environ 30 % de la production de La Romaine, selon les calculs de l’analyste indépendant du secteur de l’énergie, Jean-François Blain. Si les 8 TWh produits annuellement par La Romaine devaient être vendus à rabais pour appâter toutes les grandes entreprises énergivores courtisées par le gouvernement Legault, il s’agirait d’une perte nette de 208 M$ par an.
« Le complexe La Romaine a été construit à une époque où les taux d’intérêt étaient autour de 1 %. Le même complexe aujourd’hui nous coûterait beaucoup plus cher. On détruit nos dernières rivières sauvages pour faire du Québec le Dollarama de l’énergie alors qu’il y a des alternatives moins chères et moins dommageables. C’est franchement inquiétant », déplore André Bélanger, directeur général.
Une énergie « propre » ?
La Fondation Rivières rappelle que l’hydroélectricité, bien qu’elle soit une énergie renouvelable, n’est pas sans conséquences pour les communautés locales et l’environnement. L’inondation de territoires pour créer les réservoirs perturbe les écosystèmes aquatiques et terrestres en plus de contribuer à l’émission de gaz à effet de serre (GES) pendant la construction et les premières 20 années d’exploitation.
Hydro-Québec mène présentement une étude sur le potentiel hydroélectrique de la rivière du Petit Mécatina, à laquelle s’est opposé le chef d’Unamen Shipu. Celle-ci pourrait subir le même sort que la rivière Romaine.
« Une centrale sur la rivière du Petit Mécatina reviendrait à inonder l’équivalent de la moitié de l’Île de Montréal, soit plus de 200 km2, et à artificialiser une des dernières grandes rivières sauvages du Québec alors qu’on n’a même pas entamé de démarches sérieuses en économies d’énergie. » - André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières
« S’il faut perdre notre patrimoine naturel pour quelques dollars, il est grand temps de redéfinir ce que ça veut dire que d’être riche. Après tout, c’est quoi la vraie richesse ? » - Roy Dupuis, cofondateur et porte-parole de la Fondation Rivières
Le président de la Fondation récompensé pour sa contribution à protection des rivières
Ironiquement, le cofondateur et président de la Fondation Rivières, Alain Saladzius, s’est vu décerner un doctorat honorifique par l’Assemblée des gouverneurs de l’Université du Québec au moment où a eu lieu l’inauguration de La Romaine ce matin. M. Saladzius est récompensé pour la mise en œuvre de l’organisme ainsi que pour sa contribution exceptionnelle à la protection et la mise en valeur des rivières québécoises.
M. Saladzius a cofondé la Fondation avec Roy Dupuis, qui a participé aux documentaires Chercher le Courant (2010) et Après la Romaine (2023). Ce dernier met en lumière l’importance de protéger les dernières rivières sauvages du Québec, spécialement la rivière Magpie, afin qu’elle ne subisse pas le même sort que la rivière Romaine.
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