Chaque fois que nous écoutons les candidat-e-s discuter de leurs priorités, deux éléments reviennent constamment - l’économie et les soins de santé. Ces deux priorités sont en rapport direct avec le gouvernement canadien l’exportation de l’amiante vers les pays du tiers monde ainsi que en rapport avec l’utilisation des produits de l’industrie de l’amiante au Canada. Mais nous n’avons pas encore entendu parler ceux qui cherchent à savoir ce qu’ils vont faire pour changer les politiques qui touchent directement la vie des Canadien-ne-s ici et à l’étranger.
Nos questions aux candidat-e-s sont les suivantes :
1. En termes de santé, la plupart des pays développés ont un registre national des maladies liées à l’amiante, mais le Canada n’en a pas. Compte tenu du nombre élevé de maladies liées à l’amiante au Canada, un tel registre ne devrait-il pas être une priorité pour le pays. Qu’allez-vous faire pour mettre sur pied un tel registre ?
2. Il y a entre 1 000 et 1 500 personnes actuellement employées par l’industrie de l’amiante au Canada. Qu’est-ce que votre parti va faire pour assurer une transition juste vers des industries qui ne présentent pas un risque pour la santé des travailleurs ? Le Québec a un des taux les plus élevés de mésothéliome du monde industrialisé. Qu’allez-vous faire pour remédier à cette situation ?
3. Récemment, le gouvernement a décidé de réduire le financement basé à Montréal de l’Institut du chrysolite (anciennement l’Institut de l’amiante), une organisation dont le seul but est de promouvoir l’utilisation de l’amiante dans le tiers-monde. Mais quelle est votre position comme candidat-e-s sur l’utilisation de l’argent des contribuables pour financer l’industrie de l’amiante ?
4. Étant donné que la communauté internationale a clairement fait savoir que la position canadienne sur « l’utilisation sécuritaire » de l’amiante est intenable (y compris l’Organisation mondiale du commerce, qui est pourtant aussi pro-industrie qu’il est possible de l’être), quels sont les efforts que vous allez faire pour mettre fin à la promotion de l’amiante à l’étranger, et mettre en œuvre une interdiction de son utilisation ?
5. Le Canada a pratiquement interdit l’utilisation de tous les types d’amiante au sein de ses propres frontières et le gouvernement s’est engagé à réaliser une réduction généralisée de tous les types « d’amiante sécuritaire » dans ses propres bâtiments, mais les maladies liées à l’amiante continuent à occuper le sommet des données provinciales dans la champ de la santé et la sécurité en termes de morbidité et de mortalité. Ceci provoque une forte pression sur notre système de soins de santé. Des rapports récents indiquent que des niveaux dangereux d’exposition secondaire à l’amiante existent dans les lieux de travail et l’environnement au Québec. Comment votre plate-forme concernant les soins de santé prévoit-elle résoudre ce problème ? Que comptez-vous faire pour aider ces victimes ?
Nos questions sont liées à une industrie que le citoyen canadien moyen pourrait ne pas connaître ou ne pas se soucier, mais il est très important pour notre famille de nous aider à faire notre choix dans cette élection.
Notre père, le docteur Ray Sentes, professeur à l’Université de Regina, est décédé d’amiantose, une maladie totalement évitable, en 2000 à l’âge de 56 ans. Il a passé sa vie à écrire sur l’industrie de l’amiante au Canada, et c’est pourquoi c’est si important pour nous.
Nous ne voulons pas entendre la même vieille réponse et la déclaration enregistrée la plus populaire de la journée. Nous sommes impatientes d’entendre de nouvelles idées, et non la vieille rhétorique. Il est maintenant temps pour les candidat-e-s de se démarquer sur cette question.
Rachel Sentes est un écrivain et chef de la direction de « gal-friday publicity », de Vancouver. Le docteure Kyla Sentes est une chercheure en santé publique et une écrivaine de Montréal.