Depuis des années, il était politiquement impossible de parler des changements climatiques. À l’automne 2012, après des mois de sécheresse, une des autorités fédérale dans la recherche sur le climat me racontait qu’il parlait rarement directement de cet aspect lors de ses conférences publiques. Mais des fermiers, parfois lui demandait en privé, à la fin des conférences, quand leurs amis ne les entendaient pas, si les changements climatiques étaient réels. Il se peut bien que ce genre de réticences soient courantes parmi les diverses agences gouvernementales de tout niveau dans le pays, dans leurs rapports avec le public. Dans un article de fond, Mother Jones rapporte cette semaine, que même après que l’ouragan Sandy eut ravagé la côte est, il était difficile aux responsables des mesures d’urgence, à quelque niveau que ce soit, de parler directement des menaces liées aux changements climatiques.
Le sujet a été frappé d’un tel tabou que, même dans la gauche, selon le National Journal, les conseillers du Président lui ont demandé de s’abstenir d’aborder ce sujet jugé trop risqué politiquement. Les médias en ont constamment diminué la couverture entre 2009 et 2012. Cette pénurie d’information a créé une fluctuation de l’opinion publique au gré de la météo. Les recherches montrent que la conviction que les changements climatiques sont réels, diminue lors des années froides et remonte lors des vagues de chaleur. Cela montre une mécompréhension scientifique : les changements climatiques expliquent en partie les températures extrêmes et les vagues de chaleur ; ils ne signifient pas la fin des hivers rigoureux.
Peut-être avons-nous la chance que le deuxième mandat du Président Obama ait débuté après une énorme vague de chaleur et une méga tempête. Cela a provoqué une montée de l’intérêt public envers le climat et a permis, depuis quelques mois, de modifier la stratégie démocrate. Un sondage bipartisan rendu public il y a quelques jours révèle que la jeune base électorale du Président est particulièrement préoccupée par ces questions : 79% de l’électorat de moins de 35 ans voteraient pour des candidatEs qui supporteraient ses politiques en faveur du climat et 73% croient que les candidatEs qui nient les données scientifiques sur les changements climatiques sont hors jeu, des ignorantEs ou ont perdu la raison.
Le National Journal rapporte aussi que le camp d’Obama fait de ces politiques sa nouvelle campagne tactique. Son organisation de soutient sur le terrain, Organizing for Action, prévoit envoyer ses militantEs dans les assemblées publiques de l’été pour interpeller ceux et celles qui y nieraient les problèmes de climat dans les districts républicains.
CertainEs analystes ont vite soulevé le conflit entre les intérêts publics et les nouvelles positions du Président Obama. Ils ont souligné les déficiences de ses nouvelles propositions dont, un examen détaillé montre le manque d’ambition. Mais il existe peut-être un potentiel plus intéressant dans le rapport de cause à effet, à savoir l’influence du Président sur l’intérêt public. Tous les manuels sur les recherches en matière de sondages soutiennent que les leaders politiques pèsent lourdement sur les opinions publiques. Des chercheurs de l’université de l’État d’Ohio ont révélé que ces leaders ont plus d’influence sur les préoccupations des AméricainEs envers le climat que sur n’importe quelle autre question que ce soient l’économie ou les idées scientifiques.
Dans une vision optimiste ont peut penser que cela indique qu’il existe un lien réel entre l’opinion et les politiques en matières de climat. Plus les Démocrates parlent des changements climatiques plus la population comprend, s’en préoccupe et plus l’introduction des politiques est possible. Ils tiennent donc là une opportunité d’informer le public, comme l’a fait le Sénateur du Nevada, M. Harry Reid, récemment. Il n’y a que 6% des reportages de la presse écrite et électronique qui ait fait le lien entre les feux de forêts dans l’ouest du pays cette année et les changements climatiques. Le Sénateur Reid n’a pas hésité de le soulever lors d’une conférence de presse il y a quelques semaines : « Des millions d’acres (de forêt) brulent…Pourquoi ? Parce que le climat a changé ». Un journaliste a demandé ce que le Sénateur pouvait bien y faire. « Parler de ces changements comme de réalités existantes, pas se mettre la tête dans le sable ».
Bien sûr, les discours ne coutent pas cher et ne remplaceront jamais l’action. Selon les analyses du Sightline Institute, le nouveau plan de M. Obama n’est qu’une promesse de laisser l’EPA tranquillement introduire quelques modestes modifications aux règlements sur les centrales électriques.
Mais parler est encore un signe avant coureur de l’action. Les politologues disent que peu de débats tenus par une minorité de gens, (seulement 10%) peut-être suffisant pour faire basculer l’opinion publique. Même si les politiques du Président sont élémentaires et si les Démocrates manquent d’imagination, le discours peut avoir son importance. Et quand il devient suffisamment significatif pour que le peuple se lève, que les grands titres des médias changent qu’il soit enfin possible de parler directement du problème, des menaces qu’il comporte et du travail à faire pour éliminer les gaz à effet de serre, il en vaut la peine.