Édition du 26 mars 2024

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Syndicalisme

La CAQ nous laisse sans défense devant Omicron, les travailleurs doivent prendre les choses en main

La CAQ a encore une fois laissé la COVID-19 se réinstaller confortablement au Québec sans rien faire. Prise de panique, elle impose maintenant des mesures tout aussi contradictoires les unes que les autres. Tout le monde peut voir que la CAQ a échoué à nous protéger.

Tiré de La riposte à la demande de l’auteur
Julien Arseneau | 4 janv 2022

Après 21 mois de pandémie, la majorité des écoles n’ont pas de lecteur de dioxyde de carbone pour mesurer la qualité de l’air, sans parler de ventilation adéquate. La CAQ a laissé 1,2 million de tests rapides ramasser la poussière pendant des mois pour soudainement réaliser leur importance alors qu’il était trop tard. Les travailleurs de la santé et autres travailleurs essentiels n’ont toujours pas suffisamment de masques N95 ! Près de deux années de pandémie auront été insuffisantes pour que la CAQ fasse ses devoirs et nous protège adéquatement contre le virus. Il n’y a aucune excuse possible.

On ne peut faire confiance au système capitaliste et ses défenseurs au gouvernement. Les travailleurs et travailleuses doivent prendre la situation en main directement !

Les profits avant tout

Cinquième vague de COVID-19, cinquième vague d’improvisation par François Legault et la CAQ. Un seul exemple : le lendemain de l’annonce d’un autre couvre-feu inutile et répressif, on apprenait que les éducatrices de garderie et enfants ayant été en contact avec une personne infectée pourraient demeurer dans leur milieu de garde ! Le gouvernement se donne une apparence d’agir avec le couvre-feu, mais prépare un feu de brousse dans les garderies.

Mais il y a, après tout, une logique aux zigzags de la CAQ, la même depuis le tout début : l’économie doit rouler et les profits rentrer. Il faut donc tout faire pour garder les enfants à l’école et à la garderie pour que les parents travaillent, et fermer le moins de milieux de travail possible.

Une éducatrice de CPE l’a récemment exprimé sur Facebook dans ces mots qui expriment très bien la logique froide du système capitaliste :

« Je me sens tellement non respectée par le gouvernement. Avec cette mesure [sur la COVID dans les garderies] il vient de nous démontrer encore une fois que pour lui nous ne sommes que des gardiennes qui s’occupent des petits pendant que les parents font rouler l’économie ! Peu importe si on attrape le virus et on l’amène dans nos foyers, il faut que l’économie avance au détriment de notre santé !  »

C’est ce même mantra du profit avant tout qui pousse les gouvernements partout à réduire la période d’isolement à de dix à cinq jours pour les travailleurs testés positifs qui sont asymptomatiques. Cette demande a été posée par le Conseil du patronat du Québec hier. Sans surprise, la CAQ a répondu « oui, boss ! », et a annoncé aujourd’hui l’implantation de cette mesure. Les travailleurs pourront continuer à faire rouler les entreprises pour leur patron étant malades, ce qui contribuera à perpétuer les éclosions… et les profits.

Système de santé en dérive

Le réseau de la santé est encore une fois au bord de l’effondrement. Là aussi, la CAQ prévoit faire travailler des employées atteintes du virus, et on rapporte déjà des cas d’infirmières positives à la COVID et symptomatiques forcées de travailler. Les dirigeants d’hôpitaux ont recommencé à forcer les employées à temps partiel à faire du temps plein, et à priver ces travailleuses de leurs vacances. Ce sont encore les travailleuses qui paient pour la négligence criminelle du gouvernement.

Tout le monde sait que le dépistage est entièrement insuffisant et que le nombre de cas quotidiens officiel n’est plus fiable. Mais au moment où le dépistage est plus que jamais nécessaire, les tests PCR seront maintenant limités à certains groupes prioritaires. Aucun plan pour augmenter la capacité de dépistage n’est annoncé. Mais si vous êtes riches, rassurez-vous : pour la somme de 175 dollars, il est possible d’aller engraisser le coffre des cliniques privées pour un test PCR.

La CAQ se lamente que personne n’aurait pu prévoir une telle vague avec Omicron. Cette excuse ne tient pas la route. D’abord, la vague Omicron déferlait sur l’Europe et ailleurs deux semaines avant son arrivée au Québec, ce qui aurait dû être le moment de préparer les écoles et le réseau de santé. Si la pandémie devrait nous avoir appris une chose, c’est la nécessité de robustes mesures préventives. Mais la CAQ en est incapable et n’a rien fait. Car ici aussi, c’est le mantra de l’austérité capitaliste qui prime.

Il serait entièrement possible de former dans de courts délais une armée de dépisteurs et traceurs de contacts à très bons salaires. Il serait entièrement possible de doubler le salaire de tout le personnel de la santé et de l’éducation pour mettre fin aux pénuries de personnel. Il aurait fallu depuis longtemps réorienter la production pour permettre de créer rapidement et massivement des tests rapides, de l’équipement de protection individuelle (dont des masques N95) et des ventilateurs et purificateurs d’air. Mais cela demanderait de creuser dans les poches des riches pour payer pour ces choses, ce qui bien entendu n’est pas une option pour la CAQ. La logique capitaliste empêche de mobiliser les ressources nécessaires pour freiner la pandémie. Il n’y a eu aucun investissement sérieux en santé et en éducation en deux ans !

Seule la classe ouvrière peut régler la crise

Avec les hôpitaux qui craquent et une série de mesures contradictoires, la colère contre la CAQ est palpable. Mais cette colère n’est pas reflétée dans une opposition de masse.

Les syndicats dénoncent certes les mesures du gouvernement. Mais les dénonciations ne suffiront pas. Cela fait deux ans qu’on dénonce – parlez-en aux infirmières. C’est le temps de l’action !

Déjà, la Direction régionale de santé publique de Montréal est allée à l’encontre des décisions de la CAQ et a suspendu les nouvelles règles insensées imposées dans les garderies sur son territoire. Cela devrait nous servir d’exemple. Mais maintenant, il faut que les syndicats prennent l’initiative.

Les directions syndicales doivent lancer un mouvement de refus du travail dangereux et l’appliquer par tous les moyens nécessaires – débrayages, manifestations, grève au foyer. Les milieux de travail non essentiels encore ouverts devraient être fermés, avec plein salaire versé aux travailleurs affectés.

Tout en appliquant ces moyens de pression urgents, nous devons revendiquer :

Une double paye comme prime de risque à tous les employés du réseau de santé et tout autre travailleur essentiel ;

La formation accélérée et payée et des salaires comparables au secteur public pour des vaccinateurs, dépisteurs et traceurs ;

L’expropriation des cliniques privées et la fin des agences de placement ;
Le contrôle ouvrier sur le réseau de la santé, pour mettre fin à la dictature des gestionnaires.

À ceux qui diraient que ces revendications ne peuvent être satisfaites ou sont utopiques, nous répondons : alors, on fait quoi ? Ce qui est utopique, c’est penser que le système capitaliste et ses laquais au gouvernement peuvent gérer la crise. Combien de morts, d’hospitalisations et de rondes de délestage allons-nous encore tolérer ? Plus que jamais auparavant, il devient clair que la classe capitaliste est incapable de diriger la société. Les travailleurs et les travailleuses doivent le faire à leur place. Seule une solution socialiste, où le profit ne passe plus avant la santé, peut mettre fin à ce cauchemar pandémique pour de bon.

*NDLR : Quelques instants après la mise en ligne de l’article, le gouvernement est revenu sur sa directive criminelle de maintenir les enfants et éducatrices en garderie s’ils ont eu un contact avec une personne positive. Le simple fait qu’il a essayé de l’imposer valide notre critique. De même, ce recul est certainement dû à la réaction de la santé publique de Montréal qui a simplement refusé d’appliquer la mesure. L’exemple n’en est que plus probant : par une action syndicale de masse, nous pouvons faire reculer la CAQ et véritablement combattre le virus.

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