Édition du 15 octobre 2024

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

La lutte anti-coloniale pour l’autodétermination du peuple haïtien atteint l’ONU

La lutte anti-(néo)coloniale à Haïti s’insère à plein titre dans les contingences géopolitiques actuelles. Pour faire face aux défis existentiels que lui incombent, le peuple haïtien mène une lutte de longue-haleine pour l’émancipation et l’autodétermination, qui nécessite d’un mouvement de solidarité internationaliste solide et mobilisé.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/15/declaration-de-solidarite-avec-le-peuple-haitien-communique-collectif/

En effet, les forces impérialistes dominantes continuent d’imposer leur mainmise sur la île caribéenne afin d’en tirer des clairs avantages stratégiques ; il s’agit d’éviter qu’Haïti puisse entreprendre la voie de la véritable indépendance, pour une souveraineté nationale et populaire.

La situation actuelle dans le pays est caractérisée par une violence inouïe et par des violations généralisés et systématiques des droits humains, et notamment des populations les plus vulnérables (personnes issues des classes populaires et des communautés rurales). La moitié du pays se trouve désormais aux mains de gangs criminelles, instrumentalisées par l’oligarchie nationale – assujettie aux intérêts impérialistes – afin de confiner et limiter la contestation sociale. Face à cela, le mouvement social haïtien (organisations paysannes, organisations politiques progressistes, syndicats, organisations féministes…) s’organise collectivement et revendique des espaces d’autonomie où bâtir ses propres voies de développement auto-centré. Ce sont précisément ces modèles alternatifs au système raciste et néocolonial dominant qui dérangent. Ainsi, le mouvement social est dans le viseur impérialiste et néocoloniale ; d’où l’instrumentalisation des gangs criminelles.

Dans le contexte haïtien, l’ONU a joué un rôle historiquement néfaste. Les interventions sous couvert de cette organisation se poursuivent depuis trois décennies. Ces « missions de paix », qui ont pour but déclaré d’ aider le pays à retrouver la stabilité politique et à lutter contre la corruption, n’ont en réalité que contribué à empirer la situation. Début octobre 2023, le Conseil de sécurité de l’ONU profile une nouvelle intervention militaire étrangère pour combattre les gangs qui secouent le pays.

Les mouvements sociaux haïtiens mettent en garde face à cette nouvelle tentative d’ingérence étrangère sous couvert de l’ONU, ou il vaudrait mieux dire, sous couvert du « Core-group de l’ONU sur Haïti ». Ce dernier est un groupe inter-gouvernemental auto-nommé de pays (entre autres, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, le Canada) qui de facto contrôle et administre la vie politique haïtienne depuis 2004 (année du coup d’état parainné par les Etats-Unis et la France contre le Président Aristide). Un groupe qui ne représente ni l’ONU ni la soi-disant « communauté internationale » mais plutôt les intérêts stratégiques du système impérialiste dominant à traction états-unienne.

Les principales organisations paysannes haïtiennes membres de La Via – Tet Kole Ty Peyizan Ayitien, Mouvement paysan papaye (MPP) et le Mouvement paysan national du congrès papaye (MPNKP), toutes membres de La Via Campesina – sont mobilisées à tous les niveaux pour s’opposer au plan d’intervention militaire, soutenues par les organisations de la solidarité internationaliste.

La Via Campesina a lancé, fin 2023, une campagne de solidarité avec la lutte du peuple haïtien. Dans ce cadre, des efforts de plaidoyer se sont également déployés au niveau du système international des droits humains, appuyés par le CETIM qui a accompagné les organisations paysannes haïtiennes au niveau des instances onusiennes. La lutte sociale à Haïti passe aussi par la création d’un rapport de force au niveau international, et l’ONU représente en ce sens un terrain de lutte de prédilection.

Dans le cadre de la 55ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le CETIM et les organisation paysannes haïtiennes ont déposé un rapport sur la situation des droits humains dans le pays pour faire lumière sur la situation de crise profonde dans laquelle verse le pays. Dans ce rapport, il a été question d’abotder les origines coloniales de la crise actuelle, l’historique des ingèrences étrangères, tout en émettant une série de revendications et demandes concrètes adressées au Conseil des droits de l’homme.

A_HRC_NGO_Haiti-FR : TÉLÉCHARGER

Ensuite, Micherline Islanda Aduel, en représentation des organisations paysannes haïtiennes, du CETIM et FIAN International, est intervenue en réunion plénière du Conseil des droits de l’homme lors d’un débat sur la situation à Haïti. Dans son intervention, elle a insisté sur le fait qu’il soit nécessaire de « laisser les institutions démocratiques légitimes, les mouvements sociaux ainsi que les organisations politiques prendre les mesures nécessaires pour remettre le pays sur le chemin de la paix et de la démocratie ».

https://player.vimeo.com/video/933779400?h=046219dc7f

Les principales revendications présentés à l’ONU s’articulent ainsi autour du rejet de l’intervention militaire impérialiste, le respect de l’indépendance et l’intégrité territoriale d’Haïti, ainsi que sur la nécessité d’assurer la participation des mouvements sociaux au futur processus de transition démocratique. Il a été également question de focaliser l’attention sur la situation dans les zones rurales qui est particulièrement affectée par la situation ; ainsi, le relance de de la production agricole, tout en protégeant les droits des populations paysannes et rurales, à la lumière des dispositions de la Déclaration de l’ONU sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales, est une priorité fondamentale. La Déclaration peut en ce sens servir de boussole, de levier politique et juridique au service des intérêts des classes populaires, en vue de la reconstruction du pays sur des bases de justice sociale et climatique.

VIVE HAÏTI SOUVERAIN !
VIVE LA LUTTE DU PEUPLE POUR UNE SOLUTION HAÏTIENNE POUR HAÏTI !
VIVE LA SOLIDARITÉ ENTRE TOUTES LES ORGANISATIONS PROGRESSISTES LUTTANT POUR LA JUSTICE SOCIALE !

Pour savoir plus :
Micherline est également intervenue lors d’une conférence publique à Genève, intitulée « Luttes anticoloniales dans le Sud Global : Une perspective paysanne », aux côtés de représentant-e-s paysan-ne-s du Niger, Colombie et Palestine. Cet événement visait à aborder les perspectives paysannes quant aux articulations entre luttes anticoloniales et luttes pour la souveraineté alimentaire.
Voir le webinaire sur la situation à Haïti, organisé par La Via Campesina :
https://vimeo.com/924141686?fbclid=IwAR0xmQW8UEmzPz_1RAnUoTTJQeeFw1Nm4j_5cGzNV33hDwdpDc_8XgQwdcY

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