Si le projet de règlement signé par la ministre Maltais devait entrer en vigueur le 1er juin, il y aurait bel et bien des coupures à l’aide financière de dernier recours, dont la définition est la suivante : aide financière octroyée […] aux personnes qui n’ont pas de ressources suffisantes pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille ; elle regroupe le Programme d’aide sociale et le Programme de solidarité sociale. Les programmes d’employabilité (parcours pour l’emploi, etc.) ne sont pas des programmes d’aide de dernier recours. Les différences entre ces deux types de programmes sont multiples (critères d’accès, durée, recours en cas de refus, etc.) et nous invitons la ministre à en prendre connaissance.
Le FCPASQ tient aussi à souligner que l’allocation de 195$ dont parle la ministre ne parait nulle part dans le projet de règlement, ni dans le document Tous pour l’emploi à laquelle elle s’est référée. Quant aux objectifs de ces changements, le FCPASQ se questionne quant au fait que la ministre ait affirmé que le but n’était pas de faire des économies, alors que le journal Le Soleil a appris qu’elle aurait mis l’accent sur l’état fragile des finances publiques pour justifier sa décision auprès de ses collègues et que son ministère aurait reçu du Conseil du trésor une « commande » de compressions de 19 millions de dollars.
De plus, le FCPASQ maintient que la ministre a agi en catimini, puisqu’elle a rencontré un groupe communautaire de défense des droits des personnes assistées sociales de sa circonscription le 25 février et qu’elle a choisi de ne pas les informer des changements substantiels qu’elle avait l’intention d’implanter et qui allaient être publiés deux jours plus tard dans la Gazette officielle.
La porte-parole du FCPASQ, Amélie Châteauneuf, explique comment se sont senties les personnes assistées sociales face à l’attitude de la ministre : « Le respect le plus élémentaire aurait été de nous informer des changements proposés, qui sont les plus importants des dix dernières années. Mais pour faire preuve de respect envers des personnes, encore faut-il avoir de la considération pour elles ; or, la ministre diffuse des préjugés sur les personnes assistées sociales. Par exemple, la ministre aurait affirmé au Soleil que ce n’est pas normal de donner 129 $ à quelqu’un pour qu’il reste à la maison. Nous tenons à informer la ministre que les personnes assistées sociales ne sont pas à la maison, mais bien dans les refuges et dans les banques alimentaires, d’autres sont des proches aidants ou gardent leur petits-enfants, d’autres se cherchent un emploi. Ces personnes aussi contribuent socialement, quand elles ne sont pas occupées à temps plein à essayer de survivre. La ministre est complètement déconnectée » ajoute Mme Châteauneuf.
Questionnée sur les personnes qui, à la fin de leur parcours pour l’emploi, n’arriveraient pas à se trouver un emploi, et devraient donc survivre avec 604$, la ministre a affirmé « qu’elle [prenait le] le pari qu’ils trouveront un emploi ». Que doit-on penser d’une ministre qui fait un tel pari sur la vie des gens les plus appauvris et leur capacité à subvenir à leurs besoins essentiels ? Nous sommes d’avis que la ministre doit modifier son projet de règlement, en excluant toute coupure dans le revenu des personnes et des familles, tout en maintenant le projet d’offrir aux personnes assistées sociales de participer à des programmes d’employabilité personnalisés et, surtout, des formations qualifiantes » conclut Mme Châteauneuf.
Des mobilisations contre le projet de règlement s’organisent, notamment aujourd’hui, à 11h00 devant le bureau de circonscription de la ministre à Québec et le 13 mars devant le bureau de la ministre à Montréal. La ministre a accepté de rencontrer le FCPASQ qui tentera de la convaincre de faire marche arrière.