25 mai 2025 | tré d’Élucid
https://www.lechappee.org/actualites/les-guerres-de-metaux-risquent-de-devenir-la-tragedie-du-siecle
Laurent Ottavi (Élucid) : Votre livre bat en brèche l’idée que nous vivrions au temps de la « dématérialisation ». Avant d’en venir au cas du Congo, pouvez-vous expliquer en quoi il s’agit d’un « concept mensonger » ?
Fabien Lebrun : Le mot dématérialisation fait partie d’un ensemble de termes comme « cloud », « virtuel », et « cyberespace », qui véhiculent l’idée d’une moindre emprise physique sur le monde. Il promet moins, peu ou pas de matérialité. C’est pourtant l’exact opposé qui se produit dans le secteur électronique.
Dématérialiser signifie numériser et informatiser, car tous les services dits dématérialisés font appel à des équipements informatiques, donc à du matériel, autant pour les terminaux que pour les usines digitales nécessaires à leur fonctionnement. La dématérialisation invisibilise un nouveau stade de production capitaliste, sa transformation technologique qui repose notamment sur l’ensemble de cette infrastructure matérielle.
Élucid : Pouvez-vous donner quelques exemples de l’accroissement de matérialité qu’induit le numérique ?
Fabien Lebrun : Dans les années 1950-1960, la fabrication des premiers téléphones fixes requérait une dizaine de métaux. Dans les années 1990, l’avènement de la téléphonie mobile s’accompagne des téléphones à clapet ou à touche, dont la fabrication nécessitait une trentaine de métaux. Dans les années 2020, le smartphone exige une soixantaine de matières premières. Par exemple, le dernier iPhone 16 en engloutit 64 dont une cinquantaine de métaux.
Plus on avance dans le temps, plus la « dématérialisation » a tendance à recouvrir la table de Mendeleïev, qui recense tous les éléments naturels présents dans la croûte terrestre, et dont les éléments métalliques sont au nombre de 88. Nous sommes arrivés à exploiter les 2/3 de ce qui est disponible dans le sol et le sous-sol pour satisfaire la révolution numérique, sans compter la composition métallique des appareils connectés qui requièrent toujours plus de métaux en quantité, en qualité et en diversité.
Le smartphone et la voiture électrique, respectivement composés de 60 et 70 métaux, sont des symboles de la mondialisation. Rien que pour construire un smartphone, il faut environ 1 000 usines dans le monde.
« Les institutions financières internationales et le secteur extractif avaient identifié l’Afrique comme le continent pourvoyeur en ressources de l’informatisation du monde. »
En quoi le Congo parle-t-il de la matérialité du numérique ?
Le Congo-Kinshasa (ou République démocratique du Congo) est un territoire quatre fois plus grand que la France, l’un des seuls pays au monde – si ce n’est le seul – à avoir un sous-sol aussi varié et fourni en minerais et autres ressources naturelles (agricoles, forestières), qui font l’objet de convoitise.
Dans les années 1990, les institutions financières internationales et le secteur extractif mondial avaient identifié l’Afrique comme le continent pourvoyeur en ressources de cette nouvelle révolution industrielle que constitue l’informatisation du monde.
Sur l’aspect local, Mobutu, au pouvoir depuis 30 ans, a affaibli l’appareil de production congolais (baisse de la production de cuivre et de cobalt) de par sa kleptocratie. Cela était inacceptable pour les puissances mondiales, pour le capitalisme en général et pour sa transition technologique au cours des années 1990, un contexte favorable au déclenchement de la Première guerre du Congo.
Quels sont les principaux minerais de sang au Congo ?
Il y a quatre minerais de sang qu’on appelle aussi minerais de conflits, faisant l’objet de législations états-uniennes et européennes.
Le premier est le coltan qui, une fois transformé, devient le tantale. 80 % de sa production mondiale est dédiée au secteur électronique. Il permet notamment de fabriquer des condensateurs, ces petits composants au cœur de la miniaturisation de nos appareils connectés. C’est un métal stratégique de par sa résistance à la corrosion et à la chaleur. Sans lui, votre smartphone vous exploserait dans la main ou prendrait feu en quelques minutes ! Plus de la moitié des réserves mondiales se trouvent dans le Kivu, région orientale du Congo. La mine de Rubaya, contrôlée depuis avril 2024 par le M23, groupe armé anti-gouvernemental appuyé par le Rwanda, est la plus grande mine de coltan du monde.
Le second minerai de sang est la cassitérite qui, une fois transformée, donne l’étain, métal indispensable pour souder les circuits électroniques. Associé à l’indium, il rend les écrans tactiles. Courant mars, le M23 a également mis la main sur la troisième mine d’étain au monde qui se trouve à Bisie, au Nord-Kivu.
Le troisième minerai est le wolfram qui, une fois transformé, devient le tungstène logé au sein des vibreurs et des haut-parleurs.
Le quatrième et dernier minerai de sang est l’or. 10 % de la production aurifère mondiale est utilisée par l’industrie électronique, notamment pour fabriquer des cartes-mères et des circuits imprimés. On trouve beaucoup d’or dans la partie nord-est du pays, largement pillée par l’Ouganda.
Ces quatre minerais ont fait naître une économie de guerre. Leur exploitation et leur commercialisation financent des groupes armés congolais et étrangers, et alimentent les conflits depuis 30 ans dans la région des Grands Lacs. Ces minerais attirent au Congo de multiples acteurs africains et internationaux, des entités privées congolaises et des firmes européennes, états-uniennes, chinoises, etc.
On pourrait évoquer d’autres minerais. Au Katanga, province du Sud-est congolais, on trouve 80 % des réserves de cobalt qui sert à fabriquer les batteries des téléphones et ordinateurs portables, et des voitures électriques. 75 % de la production mondiale de cobalt est assurée par le Congo et contrôlée par la Chine. Il y a aussi le lithium, dont on a récemment découvert un immense gisement.
Le Congo est par ailleurs l’un des plus grands exportateurs mondiaux de germanium qui compose la technologie Wi-Fi et la fibre optique. Le cuivre, enfin, dont le Congo est le 1er producteur africain, sert à construire les câbles sous-marins et souterrains, et sert plus généralement à l’électrification du monde.
« 27 millions de Congolais sur une population d’environ 100 millions d’habitants sont en situation de malnutrition aiguë, pour ne pas dire de quasi-famine. »
Maintenant que vous avez présenté ces minerais de sang et quelques autres, pouvez-vous expliquer à quels drames ils ont donné lieu après 25 années de « révolution numérique » ? Pouvez-vous commencer par les conséquences sur l’écologie qui participent aux désastres humains ?
Le « coût » humain et écologique s’est amplifié depuis trois ans, davantage avec l’intensification de la guerre en janvier dernier.
Au Congo comme ailleurs, l’exploitation minière est intrinsèquement polluante, dévastatrice pour les écosystèmes : des cours d’eau sont pollués sur des dizaines de km², les nappes phréatiques sont contaminées aux métaux lourds (mercure et plomb) et par des produits chimiques comme l’arsenic.
Le désastre environnemental est aussi un désastre sanitaire. Selon des épidémiologistes de Lubumbashi (Katanga), la faune et la flore sont exterminées par cette pollution minière qui se retrouve dans la chaîne alimentaire. La population peut boire cette eau, se laver ou cuisiner avec, provoquant des cancers, de l’infertilité, voire des malformations congénitales.
D’autre part, les parcs et les réserves naturelles qui abritent une biodiversité exceptionnelle sont régulièrement envahis par des bandes armées et des creuseurs. Des espèces en voie d’extinction, comme le gorille des plaines et des montagnes, sont davantage fragilisées. La forêt congolaise, devenue le premier poumon mondial devant l’Amazonie, est ravagée : 500 000 hectares disparaissent chaque année. L’activité minière n’est pas la seule responsable, les hydrocarbures et les activités agricoles y participent aussi.
Il y a également la question foncière. Chaque parcelle, territoire ou site extrait, rend les terres non cultivables. Dans le Kivu, on observe des trous les uns à côté des autres sur des km2 alors que ce sont des terres nourricières, fertiles qui pourraient servir une production agricole conséquente. Rappelons que 27 millions de Congolais sur une population d’environ 100 millions d’habitants sont en situation de malnutrition aiguë, pour ne pas dire de quasi-famine.
Qu’en est-il des violations humaines ? Quelle est la situation des déplacés et des réfugiés ?
On compte 7 millions de déplacés internes suite aux différentes attaques de groupes armés (on peut en ajouter 500 000 rien que pour le mois de janvier dernier). Ils vivent au sein de camps dans des conditions d’hygiène déplorables, avec très peu de nourriture et d’eau potable. Depuis quelques mois, on observe la résurgence de maladies comme le choléra. Les réfugiés, ceux qui fuient la guerre, sont au nombre de 4 millions sur les 20 dernières années.
La comptabilisation des morts au Congo exige de prendre en compte toutes les morts indirectes. La situation de conflit au Congo empêche en effet tout développement d’infrastructure, y compris sanitaire, donc la moindre pathologie ou maladie devient mortelle. On ne parvient cependant pas à établir le nombre de morts de façon précise, car il n’y a pas eu de recensements depuis des années. Les études évoquent 4 à 6 millions de morts, ce qui fait de ce conflit le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale.
S’ajoute le travail forcé, pour ne pas dire l’esclavage moderne, d’enfants, mais pas uniquement. Le rapport d’Amnesty International de 2016, « Voilà pourquoi on meurt », citait le chiffre de 40 000 enfants pour la seule province minière du Katanga et convoquait la responsabilité de 16 multinationales des secteurs informatique et automobile.
La prostitution et l’esclavage sexuel se sont également imposés autour des sites miniers. Denis Mukwege, qui m’a fait l’honneur d’une préface, parle de centaines de milliers de femmes et de jeunes filles violées, jusqu’à des atrocités commises sur des bébés. Le viol est une arme de guerre afin de terroriser les populations, les humilier et les chasser de leurs territoires. Il s’agit d’une stratégie politique à des fins économiques visant à s’accaparer et à contrôler des terres riches en minerais.
« Le continuum historique entre le trafic d’êtres humains et le pillage du territoire congolais est intrinsèquement lié à l’histoire de la mondialisation, autrement dit du capitalisme. »
Toutes ces horreurs, et il y aurait malheureusement encore beaucoup d’autres choses à dire, ont des racines profondes. En quoi le Congo a-t-il occupé une place majeure dans le dispositif du capitalisme depuis ses débuts et en quoi les structures coloniales perdurent-elles aujourd’hui ?
Le continuum historique entre le trafic d’êtres humains et le pillage du territoire congolais est intrinsèquement lié à l’histoire de la mondialisation, autrement dit du capitalisme. Les guerres qui ont commencé dans les années 1990 sont liées à l’informatisation du monde et à l’évolution du mode de production capitaliste.
Les origines du capitalisme remontent, à mon sens, au XVIe siècle. Le commerce triangulaire relie alors l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. On assiste en même temps à la naissance de l’extractivisme avec les conquistadors espagnols et portugais qui pillent l’or et l’argent de ce qu’on appelle l’Amérique latine aujourd’hui. Tout cela se fait à partir d’une accumulation du travail, qui définit aussi le capital, effectué par des esclaves.
C’est là qu’interviennent les populations africaines, massivement déportées. Une grande partie des esclaves partent de l’embouchure du fleuve Congo, en Afrique centrale. Les Kongolais (du royaume Kongo) sont envoyés sur des bateaux négriers de l’autre côté de l’Atlantique, forment la main-d’œuvre de l’économie de plantations au cœur de l’enrichissement des États européens et participent ainsi au décollage du capitalisme. Ce territoire devient un lieu de prélèvement (d’êtres humains, puis de ressources naturelles) à partir de pratiques criminelles, avec l’aide des élites locales qui fournissent des esclaves aux négriers. Ces routes commerciales ont posé les bases d’interrelations, de complicités entre puissances mondiales et élites africaines, de structures de pouvoir et de formes d’organisations sociales, qui se sont reproduites et altérées jusqu’à aujourd’hui.
Fin XIXe siècle, en pleine révolution industrielle et expansion coloniale, pour ne pas dire impériale, les puissances occidentales lorgnent de plus en plus vers l’Afrique. Afin d’éviter une guerre, elles décident de se partager le continent (le « gâteau africain » comme disait Léopold II, roi des Belges). Lors de la Conférence de Berlin de 1885 qui scelle le sort de tout un continent, des lignes sont tracées sans aucun Africain autour de la table. L’enjeu principal est déjà le Congo. Il offre une position centrale à partir du fleuve Congo pensé comme moyen de transport des matières premières hors du continent, afin d’évacuer les marchandises qui vont alimenter l’Europe et plus largement l’Occident.
Pour le dire avec Alain Deneault, le Congo est en quelque sorte le fruit d’un traité commercial ou traité libéral avec pour objectif de faire produire le Congo et les Congolais et ainsi fournir différents marchés. Le Congo a notamment du caoutchouc dont dépend l’industrie du pneu, qui va faire émerger l’industrie du vélo et surtout celle de l’automobile – et par extension l’économie carbonée qui relève du pétrole. La plus grande partie de caoutchouc extraite pour l’automobile provient ainsi du Congo entre 1885 et 1908, période où Léopold II est le propriétaire personnel du Congo, sans jamais y avoir mis les pieds !
Toute une administration et une bureaucratie se mettent alors en place pour piller les forêts du Congo. Les populations autochtones jugées improductives se font couper les mains ou sont assassinées. Des terres sont accaparées, des villages incendiés, et les pratiques criminelles originelles du capitalisme refont surface.
Le Congo accompagne et génère les transformations de la mondialisation. Le colonialisme s’exerce ainsi à travers de nombreuses sociétés étrangères, non sans rappeler ou annoncer les actuelles multinationales. La force publique de Léopold II est, de son côté, composée de soldats de différentes nationalités, en écho à ce qu’on appelle aujourd’hui des mercenaires ou des sociétés de sécurité privée.
Le Congo est également un acteur incontournable des guerres mondiales du XXe siècle. Son sol fournit les métaux qui servent à produire la guerre. L’uranium du Congo participe à fabriquer les bombes atomiques déversées sur Hiroshima et Nagasaki. Autrement dit, le Congo, malgré lui, fait entrer l’humanité dans l’âge atomique !
Pendant la Guerre froide et la course à l’armement, l’uranium et le cobalt sont l’objet d’une rivalité entre les États-Unis et l’URSS. C’est la raison pour laquelle Patrice Lumumba, qui voulait socialiser les ressources naturelles afin qu’elles bénéficient aux Congolais, est assassiné.
« En décembre dernier, l’État congolais a également porté plainte contre Apple pour pratiques commerciales trompeuses, recel de biens volés, crimes de guerre et trafic de minerais de sang. »
Maintenant que vous avez resitué à grands traits à la fois la place du Congo dans l’histoire du capitalisme et la persistance des structures coloniales, pouvez-vous évoquer la convergence d’intérêts qui existe actuellement entre les groupes armés et les entreprises occidentales ?
Il existe plusieurs cas de figure. Il y a de nombreux acteurs, locaux, régionaux et internationaux, qui rendent opaque le tracé du minerai. La multitude de sous-traitants et d’intermédiaires dilue les responsabilités.
On trouve des groupes armés en augmentation (environ 250 actuellement) qui sont parfois des milices d’une cinquantaine de personnes. Dans la partie orientale du Congo, ces groupes armés se financent avec les minerais et plus généralement des ressources naturelles (agricoles, forestières). Ils laissent les populations locales extraire les minerais tout en administrant l’exploitation (contrôle des mines et taxation des produits miniers). Ils gèrent différentes étapes de la commercialisation (négociants, transports, etc.) et participent de la contrebande avec des complices congolais et étrangers en faisant passer les minerais de l’autre côté de la frontière, principalement au Rwanda.
La chaîne d’approvisionnement des matières premières expose le capitalisme mondialisé. Tout un tas de trafiquants qui viennent du monde entier. Il y a des entités issues des FARDC (forces armées de la République démocratique du Congo) – armée et police congolaises très impliquées au sein de cette criminalité minière. Elles s’octroient des territoires par elles-mêmes ou les obtiennent par la corruption, le détournement de fonds, ou par la violence, parfois avec l’appui des autorités locales et, souvent, de sociétés étrangères.
Le lien entre les groupes armés et les multinationales, européennes, sud-africaines, états-uniennes, ou encore australiennes, est facilité par l’État congolais et les voisins pillards que sont le Rwanda et l’Ouganda. Il l’est aussi par les pouvoirs provinciaux de façon illégale, c’est-à-dire sans rendre de compte à personne, par exemple dans le cas des firmes chinoises. L’argent que se font ces milices permet de financer leur armement, d’avoir un pouvoir économique qu’elles essaient ensuite de traduire en pouvoir politique.
Si l’on se base sur les sources publiques, tels que les rapports d’ONG et des Nations Unies, on tombe sur les mêmes noms d’entreprises. Ce sont, en bout de chaîne, les acteurs du secteur électronique et du secteur automobile qui dépendent des mêmes métaux : Apple, Microsoft, Samsung et Huawei ; Tesla, BMW, Renault et Volkswagen. En 2019, une organisation de juristes a porté plainte devant un tribunal de Washington contre certaines d’entre elles pour complicité de morts d’enfants dans des mines de cobalt congolaises. En décembre dernier, l’État congolais a également porté plainte contre Apple pour pratiques commerciales trompeuses, recel de biens volés, crimes de guerre et trafic de minerais de sang.
Leurs responsabilités doivent être établies. Des militants des droits de l’Homme au Congo et ailleurs plaident pour un tribunal pénal international afin de faire reconnaître des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, voire de crimes de génocide.
« Si nous continuons dans cette configuration technologique, il nous reste trois ou quatre décennies de numérique devant nous. »
Le Congo, écrivez-vous, permet d’étudier le début et la fin du capitalisme, il contribue à déceler l’un et l’autre. Vous avez parlé du début. Qu’en est-il de la fin du capitalisme ? Craignez-vous une explosion de l’autoritarisme, voire pire ?
L’objectif de ce livre est de remonter aux débuts du capitalisme pour montrer qu’il a émergé, comme l’écrit Marx, dans le sang et la boue, à partir de pratiques criminelles et meurtrières. Celles-ci perdurent et s’intensifient aujourd’hui également par des cols blancs. Ce système repose sur l’accumulation de production et de marchandises, et réciproquement sur une accumulation d’exactions et de destructions.
Les projets de numérisation et de transition actuels impliquent une production métallique démentielle. Si nous continuons dans cette direction, qui exige également une production d’énergie, donc une extraction conséquente d’hydrocarbures (charbon, gaz et pétrole) et toujours plus d’eau ponctionnée et souillée, il nous reste trois ou quatre décennies de numérique devant nous. L’avenir est donc, comme on le voit en Ukraine ou au Congo, aux guerres de ressources. Or, les guerres sont produites à partir… de ressources. Si l’on ne change pas de paradigme, les guerres de métaux pour des métaux de guerre et vice-versa seront la réalité du XXIe siècle.
La sécurisation de ces ressources risque d’être administrée par des gouvernements autoritaires, des systèmes fascistes ou totalitaires (qu’il reste à conceptualiser). La jonction entre un Donald Trump et un Elon Musk dit quelque chose de ce qui nous attend en termes de régime politique.
Les Big Tech ont besoin de territoires comme le Congo pour leurs projets d’extraction qui ne sont plus seulement terrestres mais aussi sous-marins, sous les pôles, et pourquoi pas sur les astéroïdes ou sur les autres planètes. Elles renouent ainsi avec l’imaginaire des découvertes et explorations des conquistadors et des colons. La numérisation tous azimuts et plus généralement le développement technologique intensifient le rythme de l’accumulation, de la croissance et de la production de marchandises, synonyme d’autodestruction de la planète, avec pour horizon l’auto-extermination de l’espèce humaine. Le Congo en constitue l’un de leurs champs d’expérimentation les plus cruels.
Propos recueillis par Laurent Ottavi.
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