Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Mouvement contre le racisme

Manifestation contre le racisme

Québec, le 26 mars 2023 - Des centaines de personnes ont manifesté cet après-midi, à l’invitation de la Ligue des droits et libertés section Québec, du Collectif de lutte et d’action contre le racisme (CLAR), du Collectif 1629, du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI), du Réseau d’Aide aux Travailleuses et Travailleurs Migrants Agricoles du Québec (RATTMAQ) et du Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12) à l’occasion de la semaine d’actions contre le racisme. Trois revendications étaient mises de l’avant : que cessent les interpellations policières aléatoires, que les travailleurs-ses étrangers aient accès à des permis de travail ouverts et que le Canada accueille et assure la régularisation de toute personne au statut précaire habitant sur le territoire.

Pour la fin des interpellations policières aléatoires

Être chez soi, ça implique de pouvoir se déplacer librement. Or, chaque jour, des personnes racisées et/ou immigrantes sont interpellées et interceptées par les forces policières sans raison et sans motif. En découle un profilage racial qui expose les personnes racisées, notamment celles de la communauté afro-descendante, à un traitement différentiel et discriminatoire. En 2022, la Cour supérieure a interdit les interceptions aléatoires sur la route précisément parce qu’elles ouvraient la porte au profilage racial. Le gouvernement du Québec a décidé de contester le jugement et d’aller en appel. Dans la foulée des mobilisations internationales ayant suivi l’affaire George Floyd, un comité d’experts québécois a proposé de “modifier le cadre normatif en vigueur pour interdire explicitement les interpellations policières, des piétons et des passagers de véhicules, basées sur un motif discriminatoire partout au Québec”. Le gouvernement du Québec vient tout juste de prendre la balle au bond, mais a clairement décidé d’aller marquer dans le mauvais but puisque le nouveau projet assume la prétendue nécessité - jamais démontrée - des interpellations, cherche à tout prix une façon de maintenir la pratique et abandonne l’esprit de l’interdire. En ce sens, le gouvernement du Québec fait exactement le contraire de ce qu’a fait le gouvernement de la Nouvelle-Écosse en 2019. « On peut voir que le gouvernement Legault se préoccupe beaucoup des conditions dans lesquelles s’exerce le travail policier. Il serait intéressant de le voir se soucier autant des droits et libertés des citoyens et citoyennes », s’indigne Maxim Fortin de la Ligue des Droits et libertés section Québec.

Pour des permis de travail ouverts

Il est de plus en plus documenté que les permis de travail liés à un employeur donné (ou “fermés”) sont à la source de nombreux abus : violation des droits de la personne, violence psychologique ou sexuelle, mauvaises conditions de logement, frais de recrutement illégaux, traite de personnes à des fins d’exploitation, etc. Depuis quelques années, les scandales dans les journaux se multiplient : Tomates Demers, Villa mon Domaine, Havana Club, Club-Med de Charlevoix, etc. Au Centre des travailleurs & travailleuses immigrants (CTI) et au Réseau d’aide aux travailleurs & travailleuses migrants agricoles du Québec (RATTMAQ), nous constatons malheureusement que ces scandales ne sont que la pointe de l’iceberg. « Les permis de travail fermés constituent une forme d’immigration privée dans laquelle les employeurs paient pour faire venir des travailleurs et travailleuses. Une fois au pays, ces personnes ont une mobilité restreinte et dépendent de leur employeur pour leur possibilité d’immigrer au Canada et pour leur accès aux services. Lorsqu’ils et elles font face à des abus, les migrant·es se trouvent devant un choix déchirant. Est-ce que quitter l’employeur, aussi abusif soit-il, les met à risque de perdre leur statut et d’annuler les démarches d’immigration pour lesquelles ils et elles ont tant fait de sacrifices », dénonce Raphaël Laflamme du CTI. Les maigres mesures de protection et les recours mis en place par le gouvernement fédéral n’ont pas suffi à freiner les abus. « Ces personnes ne demandent pas tout l’or du monde : elles demandent de pouvoir changer de job ! Il ne devrait pas y avoir de controverse autour du fait que si on l’accueille au Canada, qu’elle travaille, qu’elle paye les mêmes taxes et impôts que tout le monde, que cette personne devrait avoir les mêmes droits que tout le monde ! il faut des permis de travail ouverts maintenant ! » s’exclame Véronique Tessier du RATTMAQ.

Pour un accueil et une régularisation rapide des demandeurs-ses d’asile

On n’apprenait pas plus tard que vendredi, que le gouvernement Trudeau fermait le chemin Roxham, un passage sécuritaire pour traverser la frontière Canada-États-Unis hors des postes frontaliers. Dans la même allocution, il annonçait aussi réduire le nombre de personnes demandeuses d’asile accueillies annuellement, passant de 90 000 à 15 000 faisant ainsi fi des conventions internationales que le Canada a signées protégeant le droit d’asile. Maintenant, ces personnes qui fuient vont devoir trouver d’autres points d’entrées, beaucoup moins sûrs, mettant en péril, une fois de plus, leur vie. “On parle d’hommes, de femmes, d’enfants qui, dans l’espoir de trouver une meilleure vie, exempte de violence et de précarité, tentent de traverser au Canada. Et, depuis samedi, qu’est-ce qui les attend ? Arrestation, détention et déportation ! Au-delà des chiffres, on parle de personnes ! C’est scandaleux !” s’indigne Mario Gil du CLAR. En plus, une fois arrivées au Canada, les personnes demandeuses d’asile font face à la précarité notamment par le long délai d’attente (environ 24 mois) pour l’obtention d’un permis de travail. Certaines se retrouvent à vivre sans travail, avec une aide sociale insuffisante pour se trouver un loyer. « En attente d’un permis de travail temporaire, certaines personnes sont poussées vers le travail au noir où elles sont payées sous le salaire minimum et ne sont pas encadrées par les lois du travail. Ces conditions entraînent bien trop souvent des abus de la part des employeurs » affirme Bianca Alexandra Chamberland du CLAR. Ces personnes préfèrent se taire plutôt que de dénoncer ces abus à la police de crainte d’être expulsées du pays. Accélérer le traitement de dossier pourrait réellement faire une différence dans la vie de ces personnes.

Pour un Québec et un Canada accueillant

Bien que les sujets des prises de parole diffèrent, ils pointent tous du doigt les discriminations que maintiennent les gouvernements canadien et québécois à l’égard d’une partie de la population et au non-respect de l’ensemble des droits humains inscrit dans les chartes. En plus de ces trois revendications phares, il faut dénoncer également l’entêtement du gouvernement caquiste à nier le racisme systémique et à ne pas adhérer au principe de Joyce ainsi que la lenteur du gouvernement Trudeau à doter les communautés autochtones d’accès à l’eau potable. Dénonçons aussi l’inaction de ces gouvernements à agir pour la protection de l’environnement qui touche plus durement les communautés autochtones et les populations des pays du Sud appauvries par les politiques colonialistes des pays occidentaux. C’est pourquoi, le 22 avril, Jour de la Terre, nous reprendrons la rue pour exiger une véritable justice climatique pour tous les peuples de notre planète.

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